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Mohamed Lamari, chanteur «Asri»
Le retour de l’artiste aux 2.000 spectacles
10 Octobre 2007

Mohamed Lamari est remonté, ces derniers mois, sur scène pour le plus grand plaisir de ses fans, nostalgiques des sixties et seventies, et de la jeune génération qui ne regrette pas de découvrir un artiste plein de talent

A soixante-sept ans et après une éclipse qui a duré plusieurs années, «une absence due à la situation qu’a connue le pays durant la décennie noire», a-t-il reconnu dans des entretiens qu’il a accordés à des confrères, le chanteur Mohamed Lamari est remonté, ces derniers mois, sur scène pour le plus grand plaisir de ses fans, nostalgiques des sixties et seventies, et de la jeune génération qui ne regrette pas de découvrir un artiste plein de talent dont l’énergie et la fougue déployées sur scène sont restées intactes.
Ce qui fait de Mohamed Lamari le porte-flambeau du âsri algérien, disent ses fans, c’est cette façon de chanter et de se mouvoir sur scène jusqu’à se confondre avec les paroles de ses textes, leur donnant vie par l’expression du visage et la gestuelle qui leur sied.
Expression et gestuelle qui sont transmises au public avec qui il entre en complète symbiose jusqu’à l’envoûtement. En véritable bête de scene, Mohamed Lamari a, reconnaissent tous ceux qui ont assisté à ses concerts, cette spécificité de transmettre ses ondes de choc à son public jusqu’à y mettre le feu comme il le met à la scène. Trois dates ont marqué le retour de celui qui a rendu hommage à l’Algérienne jusqu’à la sublimer à travers « Djazairia », chanson qu’il a enregistrée à Paris au lendemain de l’indépendance du pays.
La dernière sortie de Lamari, pour ce retour sur scène, remonte à moins d’un mois au théâtre de Verdure à Alger où, témoignent-on, l’artiste, comme à son habitude, a subjugué l’assistance. Les deux précédentes, quant à elles, furent un concert que l’artiste a animé dans le cadre du festival de Timgad 2007 et le second, le 26 juin dernier, à la salle Lucet Langenier dans la ville de Saint Pierre de la Réunion à l’occasion de la semaine de l’Algérie dans cette île où a vécu jusqu’à la fin de ses jours le non moins célèbre cheikh El Hasnaoui.
Manifestation qui a été organisée, du 21 au 30 juin 2007, à l’initiative de l’Association réunionnaise des enfants. A cet effet d’ailleurs, l’artiste a révélé, dans un entretien qu’il a accordé à l’APS, que son retour sur la scène artistique «constitue un nouveau départ», promettant pour l’occasion un nouvel album. œuvre qui est actuellement en pleine maturation dans les studios de la maison de disque «Universal» avec promesse d’être dans les bacs des disquaires en 2008. Ce nouvel album contient une dizaine de chansons conçues dans le même esprit et genre musical que les précédents, a indiqué Lamari dans une interview qu’il a accordée à un confrère, avant d’affirmer qu’il projette de «remixer 152 chansons».
L’artiste aux yeux verts pétillants et la voix puissante, natif de la Casbah d’Alger en 1940, est originaire de Makouda, petit village situé à 18 km au nord de Tizi-Ouzou.
Très jeune, déjà, comme tous les enfants de son quartier, Mohamed, en plus de l’école, fréquente les rangs du groupe Echihab des Scouts musulmans algériens. «C’était mon conservatoire, où je m’initiais aux chants patriotiques», se plaît à dire l’artiste.
A cette époque, le jeune Mohamed Lamari n’avait que 8 ans et sa voix subjuguait, déjà. A cet âge, d’ailleurs, il gagnera le premier prix d’un concours de chant organisé au Champ-de-manœuvres, actuel quartier du 1er Mai à Alger.
Ce premier prix était un gigot de mouton qui fera énormément plaisir à la famille Lamari. Depuis, Mohamed ne cessera pas de participer, chaque semaine, aux concours qui étaient, à l’époque, organisés au cinéma El Djamel à Alger. L’artiste en herbe chantait les succès de Ali Riahi et Abderrahmane Aziz. A neuf ans, alors qu’il avait intégré la troupe dirigée par Abderrahmane Aziz, Mohamed s’initie au genre classique avant de participer en 1954 à un programme hebdomadaire que dirigeait Mustapha Skandrani à Radio Alger.
Ce qui lui permettra de décrocher de nombreux prix et d’enregistrer des disques sous la houlette de Haddad Djillali, grand artiste et compositeur de musique de l’époque.
Sa curiosité et sa volonté de vouloir toujours donner le meilleur de lui-même ont toujours poussé Lamari à se perfectionner et c’est aux côtés de Bachtarzi qu’il le fera. A 15 ans, il produit son premier disque chez Teppaz.
Première œuvre qui sera suivie de trois autres. En 1957, alors que la bataille d’Alger bat son plein atteignant le summum de l’horreur, Mohamed est arrêté au début du moi d’août, alors qu’il n’était qu’un adolescent de 17 ans.
Celui qui deviendra le chanteur invétéré de l’anti-impérialisme, du tiers-mondisme et de l’appel à l’union des peuples opprimés passera un an et demi dans les camps de détention.
Durant son séjour qui aura duré douze jours dans la villa du boulevard Gallieni à El Biar, lieu de sinistre réputation, aujourd’hui rasé, le jeune Mohamed connaîtra l’horreur, l’insupportable avant d’être transféré aux camps de détention de Ben Aknoun et de Beni Messous. De cette époque, Lamari parle peu, estimant avoir fait modestement son devoir comme tous les autres jeunes de son âge.
A l’Indépendance, l’artiste reprend avec le monde de la chanson et du spectacle. Son premier concert officiel l’animera au lendemain de l’Indépendance face aux Présidents Chou En Lai et Ben Bella.
Ce fut, ensuite, Paris, où il ira enregistrer plusieurs disques, entre autre «Djazaïria» une chanson écrite par Mohamed Lahbib Hachelaf et composée par Hadad Djillali avec laquelle il connaîtra le firmament.
Depuis, l’artiste ne cessera de se produire jusqu’à ce que la période qu’a connue l’Algérie durant la décennie noire vienne mettre un frein à la fougue de l’interprète de «Rana H’na». Mohamed Lamari s’est produit devant 22 chefs d’Etat dont le dernier fut Mandela à la Coupole et participé à presque toutes les manifestations officielles algériennes qui ont été organisées en Algérie et à l’étranger.
Celui dont le parcours artistique a été intense a animé environ 2.000 spectacles et interprété près de 150 chansons dont certaines sont ses œuvres partant du texte jusqu’à l’interprétation sur scène en passant par la composition musicale. Il collaborera, aussi, longtemps et intensément avec deux maîtres du verbe Mohamed Bouzidi avant sa désparition et Mustapha Toumi. Aujourd’hui et après prés de 60 ans de carrière, l’interprète de «Samoura», «Africa», «Viet-Nam» et «Che Guevara», aujourd’hui grand-père de petits enfants que lui ont donné six enfants issus d’un mariage qu’il a contracté en 1957 avec une Tlemcénienne qu’il avait connue durant cette même année à Oran, chante la concorde, la réconciliation et la paix. «C’est le plus beau qui reste à faire» soutient-il. L’artiste promet, aussi, pour cette année la parution de ses mémoires. Bon retour sur scène et bienvenu l’artiste.

Par : Mohamed TAHAR

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