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Représentation de «La Colonne de feu» au TNA
Une prestation riche en promesses
1 Octobre 2007

Programmée durant les soirées de mercredi, jeudi et vendredi au TNA, cette adaptation de la pièce «Pillar of fire» écrite en 1975 par l’auteur et dramaturge américain Ray Douglas Bradbury a eu à relever un triple défi. Sur le plan des dialogues, de la mise en scène et de la musique.

Lorsqu’on apprend que la pièce de théâtre Amoud Ennar (La Colonne de feu) a été montée en 6 semaines, on prend la mesure du pari gagné par l’association Akoun-Être de Béchar.
Rencontrés dans les coulisses à l’issue de leur troisième et dernière représentation, les éléments de la troupe et ceux de l’association Etre observent une position mitigée. Nous avons relevé à chaud les impressions des neuf comédiens, du metteur en scène, Belkaïssaria Mohamed, du scénographe-infographe, Fawzi Benhimi, de l’ingénieur de son et concepteur de la bande sonore, Hamdi Sélim et du président et des membres de l’association Akoun-Etre.
Originaires de Béchar et Tindouf, mais également de Sétif, Béni-Saf, Mostaganem et Alger, les artistes sont tout à la fois soulagés et déçus. Heureux de s’être produits au TNA dans le cadre de la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe 2007 » et d’avoir mené à son terme la difficile gestation du spectacle. Ils relèvent amèrement le peu d’affluence du public et le peu de temps et de moyens dont ils ont disposé. Programmée durant les soirées de mercredi, jeudi et vendredi au TNA, cette adaptation de la pièce «Pillar of fire» écrite en 1975 par l’écrivain et dramaturge américain Ray Douglas Bradbury a eu à relever un triple défi. Sur le plan des dialogues, de la mise en scène et de la musique. Traduire le langage à la fois poétique, châtié et humoristique du célèbre auteur américain universellement connu pour ses récits fantastiques et de sciences fiction, c’est ce dont s’est acquitté le poète de Tindouf, Abdallah El-Hamel. Son choix, difficile, pour l’arabe littéraire, rehausse l’originalité de cette œuvre qui se démarque par sa forme et sa thématique.
«Cela prouve encore une fois que le théâtre est un langage universel», souligne le metteur en scène, Belkaïssaria, qui ajoute que le genre choisi pour ce spectacle en a constitué la difficulté majeure sur le plan scénographie et mise en scène.
Le scénographe et infographe, Fawzi Benhimi, ne cache pas son désenchantement : «Il fallait traduire une vision purement science fiction, c’est-à-dire passer d’un monde commandé par le virtuel à celui très concret de la scène. Simuler une interactivité et faire exister un monde où tout arrive sur un simple claquement de doigts. Nos projets de départ étaient grandioses, mais il a fallu les rétrécir et les abandonner au fur et à mesure de leur concrétisation. L’une des comédiennes portant le hidjab, il a fallu créer des costumes de scènes qui répondent à la fois aux exigences du hidjab et du futurisme.
Nos commandes de costume n’ont pas été bien réalisées, d’ailleurs…Tout a été très difficile faute de temps et de moyens et c’est ainsi que nous avons monté un décor minimal. J’ai opté pour l’utilisation d’un écran et de projections d’images, mais je suis mécontent des éclairages… »
Concernant la bande-son, Hamdi Sélim, musicien formé à l’INSM d’Alger et à l’étranger a conçu un produit original alternant sons et mélodies avec les rythmes du terroir.
Pour faire revivre l’étrange aventure de William Lantry qui décède en 2003 pour sortir de sa tombe en l’an 2274, les comédiens se dépensent sans compter. Venus de différentes villes d’Algérie, ils se sont rencontrés à Beni-Saf et ont vécu ensemble un mois et demi durant, pour réaliser cette pièce captivante d’un peu plus d’une heure. Pour la plupart formés à l’Ismas de Bordj-El-Kiffan, leur niveau de prestation reste inégal.
Il faut dire que dans la troupe, certains en sont à leur toute première expérience alors que d’autres sont déjà des acteurs confirmés, ayant une expérience consistante et un riche palmarès. C’est le cas de Benouari Slimane, originaire de Sétif, qui assure avec brio le rôle du héros déboussolé de Bradbury. L’Agent Mac Lure qui lui donne la réplique, est le comédien originaire de Tindouf, Boumédiène Bela, lauréat du prix d’interprétation masculine du festival de théâtre de Sidi Bel-Abbes. C’est dire que Jilali Herouini, président de l’association Akoun a utilisé son flair et son téléphone à bon escient.
Entre une colonne de feu érigée à la droite de la scène, un écran où sont projetées les images d’un décor fantastique et deux panneaux géants qui se referment sur la scène à la fin du spectacle, les comédiens se déplacent avec souplesse et vivacité occupant la scène parfois comme des ombres.
L’aspect étrangeté et mystère corrélatif à la science fiction est bien présent. Le jeu remarquable de Slimane Benouari captive le spectateur jusqu’au bout, malgré les difficultés de compréhension de la langue poétique et sophistiquée utilisée. Le jeune comédien campe un être perdu dans un monde où la mort naturelle a été éradiquée. Les citoyens s’immolent tous joyeusement et volontairement par le feu. Ils rejoignent ainsi l’univers de la félicité éternelle. Le mot mort n’existe plus.
Les êtres humains ne savent plus ce qu’est le mensonge, ni le crime, ni la peur du crime. William Lantry essaye de récréer son monde à lui, en tuant tous ceux qu’il rencontre. Dès qu’il arrive à ses fins, il est victime de ses propres choix. Cette pièce qui révèle la créativité et la capacité de travailler en synergie des jeunes artistes de différentes régions, doit se produire encore 12 fois à travers le territoire national.

Par : Joumana Yassine

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