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Cheikh El Hadj Larbi Ben Sari
Mémoire de la musique Andalouse
17 Septembre 2007

Depuis la disparition de Cheikh Larbi Ben Sari, plusieurs associations musicales (une quinzaine au moins) ont vu le jour à Tlemcen et sa région. Gardiennes du temple «Cheikh Larbi», ces associations continuent, par l’enseignement dispensé à la nouvelle génération ou par sa diffusion grâce à l’enregistrement et à l’archivage, à assurer la sauvegarde du patrimoine andalou.

Celui qui furète dans le patrimoine culturel y trouvera une tradition, dont la genèse remonte loin dans le temps, confluence des nombreux événements qu’ont vécus l’Algérie et son peuple. Une tradition qui tire sa source d’une grande variété de cultures et civilisations. Une tradition qui traduit un ensemble de symboles et de mouvements nés de l’Histoire. Ensemble qui se morcelle en une multitude de traditions populaires où se côtoient vérité et légende, réalité et imaginaire. Tirant sa sève des habitudes et traditions les plus diverses, différentes selon chaque région, passant par la cuisine, le costume, les us et coutumes, jusqu’à la poésie et l’art de la parole qui sont considérés tous deux comme la chronique relatant la vie du peuple. La boîte à Pandore de tout cet ensemble s’appelle le melhoun. Celui-ci, faut-il le préciser, ne se résume pas à de la poésie exprimant des sentiments, il est la mémoire qui a construit l’histoire de ce peuple et l’a appelé à s’attacher à tout ce qui est beau. Il est aussi la seule forme d’art qui a joué à la perfection le rôle de trait d’union entre le passé et le présent. Cette richesse revient essentiellement à la diversité des traditions d’une région à l’autre et sur leurs influences mutuelles. C’est ce qui donne aux arts de ce pays une dimension esthétique spécifique, qui caractérise ces hommes qui se sont abreuvés à la source d’une civilisation millénaire.
Nous allons ici œuvrer à mettre à la portée du lecteur certains genres musicaux du pays, en donnant un aperçu sur la vie et le parcours de ceux qui ont su, si bien, non seulement, interpréter mais aussi perpétuer les principaux genres musicaux traditionnels, tous riches de leurs rythmes et de leurs thèmes. Ces genres qui ont marqué de leur sceau authentique la scène et l’histoire de la culture en Algérie, pays qui est également riche de son folklore, source à laquelle se sont abreuvées nombre de musiques populaires et modernes. Aujourd’hui, nous entamons notre série d’écrits par une des grandes figures de cet art en général et de la musique andalouse en particulier et plus précisément l’école de Tlemcen appelée aussi El-Gharnati à savoir le Cheikh El Hadj Larbi Ben Sari dont l’Algérie a vécu la disparition le 24 décembre de l’année 1964.
Cheikh El Hadj Larbi Ben Sari un centenaire connu comme étant le père spirituel de la musique andalouse à Tlemcen. Issu d’une famille d’agriculteurs, cheikh El Hadj Larbi Ben Sari a vu le jour dans une des régions situées sur les hauteurs de Tlemcen. Sa date de naissance diffère selon les références existantes, mais les témoignages soutiennent qu’il est décédé centenaire (103 ans). Comme la majorité des maîtres de l’époque, cheikh El Hadj Larbi Ben Sari a eu droit à l’école coranique. Après ce passage nécessaire pour l’instruction et l’initiation aux valeurs religieuses- jeune adolescent, il fut placé par sa famille chez un coiffeur en plein centre ville, ce qui basculera sa vie et illuminera son chemin vers une longue et riche aventure car, le hasard lui fait côtoyer en cet endroit des noms ayant marqué l’histoire musicale de l’époque, tels Cheikh Ménouar Benattou, (à qui on doit une grande partie du répertoire gharbi) - Les frères Ghouti et Med Dib (grand père de l’écrivain Mohamed Dib)- Ichoua Médioni, dit Maqchiche qui n’est d’autre que le grand père de Saoud l’Oranais (connu comme le principal maître de Reinette Daoud plus connue sous le nom de Reinette l’Oranaise)- et enfin, Cheikh Mohamed Benchaâbane, dit «Boudhelfa», à qui Cheikh El Hadj Larbi Ben Sari doit principalement sa formation musicale. Le Cheikh qui est jeune accompagnait déjà ses aînés lors de soirées familiales, jusqu’à ce qu’il forme son propre orchestre, avec lequel il fera connaître une brillante gloire au patrimoine musical tlemcenien, et à l’Algérie d’une manière générale. Grâce à la radio, Cheikh Larbi a pu continuer sa longue série d’enregistrements, déjà entamée depuis la fin des années 20’ sur disques 78 tours. Qu’il soit au rbeb, qanoun, ou à l’alto, sa rigueur fut instaurée au groupe pour faire la différence, à chaque fois avec autant de grâce, ne laissant à l’auditoire d’autre choix que de se laisser emporter par la musicalité d’une touchia Sabaâ El Aârous, une Snisla Mizène, une nouba zidane, ou n’importe quelle autre pièce classique ou populaire. En 1948, Cheikh Larbi fut désigné directeur artistique de radio Tlemcen, qui venait d’être créée. C’est, alors, quoique n’ayant prêté que rarement sa voix pour les solos (il n’existe, d’ailleurs, pratiquement qu’un seul enregistrement où l’on peut écouter clairement sa voix, il s’agit d’une qacida dans le genre Madih (Ya Madinat Errassoul Mahlaki», qu’il a lui-même composé après son pèlerinage aux lieux saints),Cheikh Larbi Ben Sari a, grâce aux programmes musicaux de son orchestre, récupéré une grande partie du patrimoine andalou. Tant de pièces furent ainsi enregistrées, dans la sanaâ (noubate), hawzi, aâroubi, gharbi ou Madih. Ainsi, le style musical connu par «l’Ecole de Tlemcen» restera protégé par ce qu’a laissé Cheikh Larbi Ben Sari comme enregistrements sonores et pièces manuscrites. L’aspect humain du Cheikh fait de lui un être exceptionnel. A toutes ses autres qualités artistiques, était associée sa générosité. Cheikh Larbi était de ceux qui «donnaient», sans jamais refuser de transmettre l’enseignement de ce qu’il savait. A cet effet, le grand artiste Samy El Maghribi, actuellement installé à Montréal et à près de 90 ans, témoigne à chaque occasion son admiration pour ce grand maître et sa gratitude, et évoque son passage à Tlemcen comme étant l’un des moments glorieux ayant marqué sa vie artistique. Cheikh El Hadj Larbi Ben Sari a représenté l’Algérie à maintes occasions, dont l’Exposition universelle, organisée en France au début du siècle dernier, où lui fut attribué le grand prix du rbeb. Aussi, son orchestre fut choisi pour participer au 1er congrès de la musique arabe, qui s’est déroulé au Caire en 1932. L’orchestre était constitué de Omar Bakhchi et Kaïd Slimane qui s’accompagnaient à la Kouitra, M’hammed Bensari à l’alto, Mohamed Sari au luth, Abdellah Benmasour à la derbouka, et enfin son jeune fils Ahmed Bensari, devenu plus tard «Cheikh Rédouane», à la mandoline; Cheikh Larbi qui dirigeait l’orchestre, jouait, comme de coutume, majestueusement le rbeb. Depuis la disparition de Cheikh Larbi Ben Sari, plusieurs associations musicales (une quinzaine au moins) ont vu le jour à Tlemcen et sa région. Gardiennes du temple «Cheikh Larbi», ces associations continuent, par l’enseignement dispensé à la nouvelle génération ou par sa diffusion grâce à l’enregistrement et à l’archivage, à assurer la sauvegarde du patrimoine andalou.
L’association Ahbab Cheikh Larbi Bensari (Les Amis du Maître Larbi Bensari), se sont, quant à eux, donné pour mission de perpétuer et de valoriser la démarche esthétique et académique de Cheikh Larbi Bensari. Cette association créée en 1987 a fait du grand maître tlemcenien mort à cent trois ans, sa référence principale.

Par : Samy djaafar

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