Au premier semestre 2025, l’Algérie a marqué un tournant significatif dans sa quête de diversification économique, avec une performance remarquable de ses exportations hors hydrocarbures. Selon un rapport récent de l’Office National des Statistiques (ONS), consulté par le journal MIDI LIBRE, ces exportations ont progressé de 11,8 % en valeur, portées par une hausse de 8,6 % en volume et une amélioration des prix de 3 %.
Ces chiffres témoignent d’une dynamique positive, malgré un contexte international défavorable marqué par la volatilité des prix de l’énergie. Alors que le déficit commercial temporaire atteint 711,5 milliards de dinars, les avancées dans le secteur non pétrolier offrent des perspectives prometteuses pour une économie algérienne en pleine mutation.
Une croissance soutenue
des exportations
hors hydrocarbures
Le premier semestre 2025 a vu les exportations hors hydrocarbures s’imposer comme un moteur clé de l’économie algérienne. La hausse de 11,8 % de leur valeur reflète une double dynamique : une augmentation significative des volumes exportés (+8,6 %) et une amélioration des prix à l’exportation (+3 %). Cette performance, qualifiée de « cohérente et robuste » par l’ONS, s’appuie sur une stratégie nationale visant à réduire la dépendance aux hydrocarbures, qui ont longtemps dominé les revenus du pays.
Plusieurs secteurs ont brillé par leur compétitivité accrue sur les marchés internationaux. Les machines et matériels de transport ont enregistré une hausse spectaculaire des prix de 27,6 %, signe d’une demande croissante pour les équipements industriels algériens. Les matières premières, ainsi que les huiles animales et végétales, ont progressé de 5,4 %, tandis que les produits manufacturés et divers ont gagné 4,4 %. Les produits chimiques, avec une augmentation de 3,5 %, et les boissons et le tabac (+0,2 %) ont également contribué à cette embellie. Ces résultats traduisent une meilleure capacité des produits algériens à rivaliser à l’échelle mondiale, portée par des efforts soutenus pour améliorer la qualité et la visibilité des exportations nationales.
Les importations tirées
par les besoins industriels
Côté importations, la facture s’est alourdie, atteignant 3 767 milliards de dinars, soit une hausse de 24,8 % par rapport au premier semestre 2024. Cette augmentation s’explique principalement par la demande accrue en carburants et lubrifiants (+28,1 %) et en huiles et graisses animales et végétales (+16,3 %), des intrants essentiels pour soutenir la production industrielle et garantir la stabilité du marché intérieur. Ces importations, bien que coûteuses, reflètent l’ambition de l’Algérie de renforcer son appareil productif, notamment dans les secteurs agroalimentaire et manufacturier.
Cependant, la baisse des prix mondiaux de certaines marchandises importées a permis d’atténuer l’impact sur la balance commerciale. La valeur unitaire des importations a diminué de 2,8 %, avec des replis significatifs pour les produits manufacturés divers (-14,6 %), les produits chimiques (-10,7 %) et les machines et matériels de transport (-6,4 %). Cette conjoncture favorable a encouragé l’Algérie à augmenter les volumes importés, profitant de coûts plus bas pour répondre aux besoins croissants de son économie.
Un déficit commercial
conjoncturel lié à la chute
des prix de l’énergie
Malgré les avancées des exportations hors hydrocarbures, la valeur totale des exportations algériennes a reculé de 8,5 %, une baisse attribuée à la conjoncture internationale. La chute des prix mondiaux de l’énergie a impacté les hydrocarbures algériens, dont les prix ont diminué de 8,2 %, accompagnée d’une légère réduction des volumes exportés (-2,1 %). Cette situation a creusé un déficit commercial temporaire de 711,5 milliards de dinars (soit 71 000 milliards de centimes, comme mentionné dans le texte original), avec un taux de couverture des importations par les exportations tombant à 81,1 %, contre un niveau plus élevé l’année précédente.
L’indice des termes de l’échange, qui mesure la compétitivité des exportations par rapport aux importations, a également reculé, passant de 131,4 % au premier semestre 2024 à 125,3 % en 2025. Cette dégradation s’explique par la pression exercée par la baisse des prix de l’énergie, un facteur exogène qui continue de peser sur l’économie algérienne, fortement dépendante des revenus pétroliers et gaziers.
Une résilience face
aux défis mondiaux
Malgré ces contraintes, le rapport de l’ONS met en lumière la résilience de l’économie algérienne, portée par la vitalité des secteurs hors hydrocarbures. Les efforts de diversification, soutenus par des politiques publiques visant à encourager les exportations non pétrolières, commencent à porter leurs fruits. Des initiatives comme la promotion des produits agricoles transformés, l’investissement dans l’industrie manufacturière et l’amélioration des infrastructures logistiques ont permis de renforcer la présence des produits algériens sur les marchés régionaux et internationaux.
Le succès des exportations hors hydrocarbures s’accompagne d’une meilleure compétitivité prix, comme en témoignent les hausses enregistrées dans des secteurs stratégiques. Par exemple, les machines et équipements de transport, qui incluent des produits à forte valeur ajoutée, ont bénéficié d’une demande croissante, notamment dans les pays voisins et sur les marchés européens. De même, les produits agricoles transformés, tels que les huiles végétales, gagnent en attractivité grâce à une meilleure qualité et à des prix compétitifs.
Perspectives et défis
pour l’avenir
Les données préliminaires de 2025, qui seront régulièrement mises à jour par l’ONS, contrastent avec les chiffres définitifs de 2024, qui confirment la tendance haussière des exportations hors hydrocarbures. Toutefois, pour consolider ces acquis, l’Algérie devra relever plusieurs défis. La volatilité des prix de l’énergie reste une menace majeure, nécessitant une accélération des efforts de diversification pour réduire la dépendance aux hydrocarbures.
Par ailleurs, le renforcement des capacités logistiques et l’accès à de nouveaux marchés, notamment en Afrique et en Asie, seront cruciaux pour maintenir cette dynamique. Sur le plan des importations, une gestion rigoureuse des dépenses sera essentielle pour limiter l’impact sur la balance commerciale. L’optimisation des achats internationaux, en profitant des baisses de prix mondiaux, pourrait permettre à l’Algérie de renforcer ses réserves de change tout en répondant aux besoins de son industrie.
Une étape clé vers
une économie diversifiée
Le premier semestre 2025 marque une étape importante dans la transformation de l’économie algérienne. En misant sur les exportations hors hydrocarbures, le pays pose les jalons d’une économie plus résiliente et moins vulnérable aux chocs externes.
Les progrès réalisés dans des secteurs comme l’industrie, l’agroalimentaire et les produits chimiques témoignent d’un potentiel encore sous-exploité, qui pourrait redéfinir le positionnement de l’Algérie sur la scène économique régionale et mondiale.
Alors que le gouvernement intensifie ses efforts pour encourager l’investissement privé et soutenir les exportateurs, ces résultats offrent un motif d’optimisme. Avec une stratégie bien calibrée et une mobilisation continue des acteurs économiques, l’Algérie peut transformer ce succès conjoncturel en une croissance durable, ouvrant la voie à une ère de prospérité et de diversification.