Profitant du jour férié du 1er novembre, de nombreuses familles ont afflué vers le Mémorial du Martyr, dans la capitale, pour une immersion émouvante dans l’histoire de la Révolution algérienne. 
								
Ce lieu chargé de mémoire permet de revivre les événements clés de la lutte pour l’indépendance, de se rapprocher des portraits des martyrs et des chefs historiques des wilayas, et de ressentir l’atmosphère intense de la réunion fondatrice du Groupe des 22 à la maison d’Elias Drish, en Médéa. 
Les visiteurs, souvent accompagnés d’enfants, découvrent avec un frisson la barbarie du colonisateur français à travers des reconstitutions saisissantes : salles de torture équipées d’instruments d’époque, cellules sombres et humides des prisons coloniales, où tant d’Algériens ont péri sous les coups. 
Ces espaces, fidèlement recréés, évoquent l’horreur quotidienne subie par les résistants. Le Midi Libre, samedi soir, a capturé une ambiance familiale chaleureuse, imprégnée de l’odeur enivrante de l’histoire algérienne – un récit de bravoure, de sacrifices et de triomphe sur l’oppression.
Quelle meilleure façon d’honorer la plus grande révolution du monde moderne que de plonger dans ses archives vivantes ? 
Le site excelle en cela, avec ses multiples ailes thématiques qui recréent les exploits de la guerre de Libération. Expositions immersives, photographies authentiques, maquettes grandeur nature, vidéos d’archives et technologies modernes – réalité virtuelle pour revivre les embuscades, hologrammes des discours de leaders – transportent le visiteur au cœur de la résistance. 
On y sent la ferveur populaire, la détermination farouche des femmes, enfants et hommes algériens, qui, par leur foi inébranlable et leur patience légendaire, ont terrassé la plus redoutable machine de guerre de l’époque. 
Des dioramas montrent les premiers assauts dans les Aurès, les embuscades nocturnes en Kabylie, ou les opérations urbaines à Alger. 
Ces dispositifs pédagogiques transforment la visite en une leçon vivante, loin des discours abstraits, pour que la mémoire ne soit pas un fardeau, mais une source d’inspiration.
C’est ainsi qu’il faut perpétuer la Glorieuse Révolution : par l’éducation immersive, pas par des spectacles éphémères. 
Le Midi Libre  a recueilli les témoignages de plusieurs familles. Un père originaire de Djelfa, venu avec sa femme et ses trois enfants, résume l’essentiel : «Commémorer le 1er novembre, c’est initier la jeune génération aux héros et aux sacrifices, en les confrontant à l’histoire brute. » Grâce aux portraits émouvants des martyrs, aux maquettes des batailles décisives – comme celle de Philippeville ou les maquis de l’Atlas – ses enfants absorbent les vertus de courage, d’audace et d’amour du martyre qui ont maté le colonialisme français. « J’ai parcouru 250 km pour ça. 
Le site m’a bluffé : des ailes dédiées à l’ère ottomane, aux résistances pré-1954, jusqu’à l’étincelle de Toussaint Rouge. Mes petits ont vibré devant les mannequins de moudjahidines dans les Aurès, tirant les premiers coups de feu. C’est concret, ça marque ! »
L’entrée dans les salles de torture et cellules coloniales est un choc pédagogique : instruments de supplice suspendus, murs tachés simulant le sang, enregistrements audio de cris étouffés. Ces reconstitutions, basées sur des témoignages d’anciens détenus, rappellent les méthodes sadiques de l’occupant – électrocutions, simulations de noyade – qui ont brisé des corps mais pas des âmes. Notre interlocuteur fustige les « fêtes vides » : « Feux d’artifice, musique et danses populaires ? Ça divertit, mais ça éloigne la jeunesse des valeurs de sacrifice des chefs comme Amirouche ou Si El Haouès. On a besoin de profondeur, pas de superficialité. »
Le parcours débute par l’aile préhistorique : armes en silex pour la chasse et la défense, fresques sur la communication primitive, évolution vers l’écriture et les premières agglomérations. Puis, l’histoire s’accélère : résistances antiques contre Rome, ère ottomane avec ses flottes invincibles et alliances diplomatiques, jusqu’aux soulèvements du XIXe siècle. 
Des expositions photos montrent les beys de Constantine, les cheiks du Sud, forgeant un respect international par leurs victoires et traités. Maquettes de forteresses algéroises, uniformes ottomans reconstitués, cartes des conquêtes barbaresques : tout illustre comment l’Algérie s’est taillé une stature de puissance méditerranéenne.
Aujourd’hui, plus de 5 000 visiteurs par jour pour ces commémorations, selon la direction du site. Des guides formés animent les tours, répondant aux questions des enfants curieux. 
Cette affluence familiale – pique-niques au pied du mémorial, selfies devant les statues – transforme le lieu en un vecteur de transmission intergénérationnelle. Pour les familles modestes, l’entrée gratuite ce week-end rend accessible cette cathédrale laïque de la mémoire.
En somme, ce bastion historique n’est pas un mausolée poussiéreux, mais un portail temporel vibrant. 
Il enseigne que la liberté s’arrache, et que la commémorer, c’est la revivre pour la défendre. À l’heure où l’Algérie regarde vers l’avenir, ce retour aux sources renforce l’identité nationale.