Lors de l’ouverture d’une réunion bilatérale avec son homologue espagnol Fernando Grande Marlaska, le ministre algérien de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Saïd Sayoud, a réaffirmé l’engagement ferme de l’Algérie à approfondir les liens avec Madrid. Cette coordination, qualifiée de « socle solide », vise à relever les défis communs, notamment la migration irrégulière, dans un esprit d’intérêt mutuel et de respect réciproque.

«Je vous réaffirme notre ferme engagement à renforcer les liens de coopération et de partenariat avec l’Espagne, à même de concrétiser nos aspirations communes », a déclaré M. Sayoud, soulignant que « l’interaction continue et la coordination efficace entre nos deux pays constituent un socle solide pour faire face aux défis et accomplir les réalisations ».
Ces nouvelles propositions, a-t-il ajouté, offrent « une opportunité précieuse de définir les contours d’une coopération étroite », en unifiant les efforts face aux menaces majeures, conformément aux orientations des autorités des deux nations.
Le ministre a hautement salué les avancées de la commission mixte algéro-espagnole sur la coopération sécuritaire, réunie à Madrid le 13 octobre.

Bilan positif de la commission mixte sécuritaire
Il s’est dit « grandement satisfait » du volume des échanges et de la régularité accrue des activités entre les polices des deux pays. Un programme de formation pour 2025-2026 a été élaboré, axé sur le renforcement des capacités des unités d’opérations spéciales de la police, la lutte contre la migration maritime et des formations de haut niveau. La coopération « fructueuse » entre les corps de Protection civile a également été mise en exergue.

La migration clandestine :
Un défi majeur à maîtriser
Abordant la question brûlante de la migration irrégulière, M. Sayoud l’a désignée comme « l’un des défis majeurs » pour les deux pays, avec des répercussions sécuritaires, sociales et économiques. « Elle peut porter atteinte à la sécurité et à la stabilité si elle n’est pas traitée et maîtrisée de manière appropriée », a-t-il averti, appelant à renforcer la coordination, les échanges d’informations et les mécanismes de collaboration pour un contrôle optimal. L’Espagne affronte des arrivées massives sur ses côtes, tandis que l’Algérie gère des menaces plus complexes et subtiles. Dans une approche équilibrée – tenant compte des impératifs sécuritaires, humanitaires et des engagements internationaux –, les services algériens œuvrent avec « fermeté et rigueur » pour endiguer ces flux. Grâce à la mobilisation de tous les acteurs, dont l’Armée nationale populaire (ANP), une gestion optimale a été assurée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, plus de 100 000 migrants irréguliers ont été empêchés de gagner l’Afrique du Nord et l’Europe ; en 2025, plus de 82 000 ont été reconduits vers leurs pays d’origine dans des conditions dignes, respectant leurs droits fondamentaux. Par ailleurs, un nombre important de réseaux criminels transnationaux – impliqués dans la migration, la contrebande, la traite humaine, le trafic de drogue et d’armes – ont été démantelés.
M. Sayoud a salué la « coopération exceptionnelle » avec le Bureau de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Algérie, facilitant en 2024 le retour volontaire de 8 500 migrants et en 2025 de plus de 7 000 autres, dans le respect des droits de l’homme. « Malgré les pressions, l’Algérie ne recourt jamais à la question migratoire comme moyen de chantage, contrairement à certaines parties », a-t-il martelé. Il s’agit d’une « question humanitaire », où prime la souffrance de personnes fuyant misère économique et crises.
Ces efforts s’inscrivent dans les intérêts nationaux et les engagements internationaux, en partenariat avec les alliés. Le ministre a noté que ce phénomène, orchestré par des réseaux criminels méditerranéens (trafic de migrants, traite humaine, drogue, blanchiment), dépasse les frontières et exige une « approche commune » : enrichir les accords existants par de nouveaux mécanismes, intensifier les échanges d’informations et la coopération opérationnelle entre services de sécurité.

Sécurité routière :
Une priorité partagée
Enfin, M. Sayoud a élevé la sécurité routière au rang de « priorité absolue », face à l’inquiétant bilan des accidents. Le programme conjoint des deux ministères offre « une occasion précieuse » pour partager expériences et méthodes d’intervention, dans une problématique en constante hausse.
Cette réunion bilatérale marque un nouveau jalon dans les relations algéro-espagnoles, promettant des solutions durables aux défis transfrontaliers. Avec une coopération renforcée, les deux pays visent une stabilité partagée en Méditerranée.