Dans un élan qui propulse l’Algérie vers les sommets de l’industrialisation automobile, l’usine Fiat de Tafraoui vient de franchir une étape emblématique. Le 9 octobre dernier, ce site industriel, joyau de la wilaya d’Oran, a vu sortir de ses chaînes de montage la première Fiat Grande Panda entièrement fabriquée sur le sol algérien.
Cette réalisation, saluée par Samir Cherfan, directeur des opérations de Stellantis pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, n’est pas seulement un exploit technique : elle symbolise un renouveau profond pour l’économie nationale, ancrée dans l’innovation locale et l’expertise humaine. À travers ce modèle CKD (Complete Knock-Down), Fiat Algérie pose les bases d’une souveraineté industrielle tant attendue, tout en accélérant sa cadence productive vers des horizons ambitieux. Cette nouvelle, relayée par Cherfan sur son profil LinkedIn, a rapidement enflammé les réseaux professionnels et les médias spécialisés. « Aujourd’hui, l’usine Fiat à Tafraoui en Algérie a produit la première voiture entièrement fabriquée localement – un véhicule qui représente un nouveau chapitre dans l’histoire de Fiat en Algérie. Ce qui rend ce moment vraiment exceptionnel, c’est que cette voiture a été fabriquée en utilisant les nouveaux processus de soudure et de peinture qui ont été récemment installés – c’est la première fois dans l’histoire de la fabrication de voitures particulières en Algérie », a-t-il écrit, capturant l’essence d’une prouesse qui transcende les frontières techniques pour toucher à l’orgueil national. Cette Panda, avec son design compact et son ingénierie hybride, n’est pas qu’un produit : elle incarne la convergence entre héritage italien et dynamisme algérien, un mariage scellé par des investissements massifs et une vision stratégique.
Un jalon historique dans la saga industrielle algérienne
L’inauguration de l’usine de Tafraoui, en décembre 2023, n’était déjà qu’un prélude à cette gloire. Fruit d’un partenariat entre Stellantis et les autorités algériennes, ce complexe a été érigé sur un investissement initial de 200 millions d’euros, transformant un terrain vague en hub automobile ultramoderne. Dès ses premiers balbutiements, l’usine a assemblé des modèles emblématiques comme la Fiat 500 Hybrid, première voiture hybride à fouler les routes algériennes, et le Fiat Doblò, utilitaire polyvalent qui a conquis le marché local avec plus de 65% de parts dès le premier semestre 2024. Mais la production de la Grande Panda marque un saut qualitatif : pour la première fois, l’ensemble des composants – de la carrosserie au moteur – est sourcé et assemblé localement, éliminant la dépendance aux importations partielles et boostant le taux d’intégration nationale à 100% pour ce modèle.
Cette avancée technique repose sur l’installation récente de lignes de soudure robotisée et de cabines de peinture écologiques, importées d’Italie mais adaptées aux normes locales. Ces équipements, opérationnels depuis l’été 2025, permettent non seulement une précision millimétrique mais aussi une réduction des émissions de CO2, alignant Fiat Algérie sur les objectifs de durabilité de Stellantis. « C’est un pas géant vers l’autonomie industrielle », commente un expert en automotive interrogé par Algerie-Eco, soulignant comment cette localisation complète répond aux incitations fiscales du gouvernement algérien, qui exonère les projets CKD de droits de douane pour favoriser l’emploi et la valeur ajoutée locale. En effet, depuis son lancement, l’usine a déjà généré des milliers d’emplois directs et indirects, injectant une vitalité économique dans la région d’Oran, traditionnellement axée sur l’agroalimentaire et les hydrocarbures.
La transition vers la Grande Panda n’est pas anodine : elle succède à l’arrêt de la production de la Fiat 500, décidé début octobre 2025 pour optimiser les lignes et se concentrer sur des modèles plus adaptés au marché algérien, comme ce SUV urbain spacieux et économique. Avec une consommation mixte de 4,5 litres aux cent kilomètres et des options hybrides légères, la Panda s’annonce comme un best-seller potentiel, répondant aux besoins d’une classe moyenne en pleine expansion. Des posts sur X, comme celui d’@algerie_eco, célèbrent déjà cet événement : « L’usine de Tafraoui, à Oran, a produit sa première Fiat Grande Panda, marquant le lancement du premier véhicule CKD de l’histoire de l’Algérie », illustrant l’enthousiasme palpable sur les réseaux sociaux.
Production en accélération : de 50.000 à 90.000 unités annuelles
Au-delà de cette première, Fiat Algérie affiche des chiffres qui impressionnent. Depuis fin 2023, l’usine a franchi le cap symbolique des 50.000 véhicules produits, un milestone atteint en septembre 2025 après seulement 21 mois d’activité. En 2024, la cadence s’établissait à 17.000 unités, un démarrage solide malgré les défis logistiques inhérents à un lancement vert. Mais l’ambition ne s’arrête pas là : pour 2025, l’objectif est fixé à 60.000 véhicules, avec une accélération vers 90.000 en 2026. Ces projections, détaillées dans un communiqué officiel de Fiat Algérie, positionnent Tafraoui comme un pivot régional pour Stellantis, capable de rayonner vers l’Afrique du Nord et le Sahel.
Actuellement, la production quotidienne oscille autour de 46 véhicules, avec un objectif intermédiaire de 250 par jour d’ici fin juillet 2025 – un rythme qui sera doublé grâce à l’extension en cours de l’usine, annoncée en mars 2024. Cette expansion, incluant de nouvelles chaînes pour le Doblò et potentiellement l’Alfa Romeo Tonale, portera la capacité totale à 350 unités journalières. « Nous visons non seulement la quantité, mais la qualité et l’innovation », affirmait Samir Cherfan dans un post LinkedIn de septembre 2025, où il évoquait la présentation médiatique de la Grande Panda lors d’un événement exclusif. Ces avancées s’inscrivent dans le plan « Dare Forward 2030 » de Stellantis, qui alloue 30 milliards d’euros à l’électrification et à la localisation dans les marchés émergents, l’Algérie en tête pour la MEA.
Pour y parvenir, l’usine opère en mode 24/7, avec des shifts optimisés et une supply chain intégrée qui source 70 % de ses pièces auprès de fournisseurs algériens – des vis aux batteries. Cette intégration réduit les coûts de 20 % et renforce la résilience face aux fluctuations géopolitiques, comme les tensions en mer Rouge qui ont perturbé les importations en 2024. Des analystes, cités par APS, estiment que cette escalade productive pourrait générer 500 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel d’ici 2026, tout en contribuant à 1 % du PIB industriel algérien. Un succès qui n’est pas fortuit : il découle d’une stratégie rodée, inspirée des usines Fiat en Turquie et au Maroc, mais adaptée au contexte local avec une emphase sur la formation.
Le capital humain : 432.000 heures de formation pour 1.784 experts
Au cœur de cette réussite bat le pouls d’une main-d’œuvre qualifiée. L’usine emploie aujourd’hui 1.784 Algériens, dont 60% issus de la région d’Oran, sélectionnés pour leur motivation et leur potentiel. Mais les chiffres les plus éloquents concernent la formation : plus de 432.000 heures dispensées depuis 2023, une grande partie en partenariat avec l’Institut national spécialisé en formation professionnelle de Belkacem. Ces sessions, couvrant la robotique, la peinture automobile et la maintenance prédictive, ont transformé des apprentis en techniciens certifiés, capables de piloter des lignes automatisées.
L’usine accueille par ailleurs des stagiaires de six centres de formation oranais, qui alternent théorie et pratique sur des simulateurs Fiat. « Chaque employé est un ambassadeur de l’excellence italienne, enrichi par l’ingéniosité algérienne », soulignait Cherfan dans un post de juin 2024, célébrant le lancement de la ligne Doblò avec 850 employés déjà formés. Cette approche inclusive, qui intègre 30% de femmes dans les postes techniques, favorise non seulement l’employabilité mais aussi l’innovation bottom-up.
Dans un pays où le chômage des jeunes avoisine les 30%, cette initiative Fiat-Stellantis agit comme un levier social. Elle s’aligne sur la stratégie nationale « Algérie 2030 », qui vise à créer 2 millions d’emplois industriels d’ici la fin de la décennie. Des témoignages d’employés, relayés sur LinkedIn, évoquent un sentiment d’accomplissement : « Passer de soudeur débutant à responsable de ligne en deux ans, c’est le rêve algérien réalisé grâce à Fiat. » Ces histoires humaines, amplifiées par des campagnes de communication, renforcent l’image de Stellantis comme partenaire fiable, loin des critiques passées sur la sous-localisation en Afrique.
L’héritage Fiat : de Turin à Oran, un siècle d’innovation
Pour appréhender l’ampleur de cet exploit, un détour par l’histoire de Fiat s’impose. Née en 1899 à Turin sous l’égide de Giovanni Agnelli, la Fabbrica Italiana Automobili Torino (FIAT) a révolutionné la mobilité de masse. Dès ses débuts, elle misait sur des voitures accessibles : la Tipo 4 en 1905, produite à 1.000 exemplaires, préfigurait la Panda d’aujourd’hui. Les années 1960-70 ont vu l’introduction pionnière de la traction avant avec la 128 en 1969, et du turbo diesel en 1986 sur la Uno, technologies qui équipent encore les usines modernes comme Tafraoui.
Aujourd’hui, Fiat est le fer de lance de Stellantis, fusion de PSA et FCA en 2021, regroupant Alfa Romeo, Maserati, Lancia et une participation majoritaire dans Chrysler. Avec un chiffre d’affaires de 180 milliards d’euros en 2024, le groupe domine l’Europe (25% de parts) et l’Amérique latine, tout en s’implantant en MENA via des hubs comme Tafraoui. La marque italienne, synonyme d’élégance fonctionnelle – pensez à la 500, icône pop vendue à 7 millions d’unités –, concurrence Volkswagen et Peugeot sur le segment économique, avec des modèles hybrides alignés sur les normes Euro 6D.
En Algérie, Fiat n’est pas novice : des partenariats sporadiques dans les années 1970 ont pavé la voie à ce retour en force en 2023. La Grande Panda, avec ses 4,14 mètres de long et son coffre de 361 litres, s’adapte parfaitement aux rues algéroises encombrées, tout en offrant une connectivité avancée via Uconnect. Son lancement, teasé par Cherfan en septembre 2025 lors d’un événement VIP, a suscité 500 précommandes en 48 heures, selon des sources internes.
Engagements stratégiques : Stellantis parie sur l’Algérie comme hub régional
Samir Cherfan ne se contente pas de célébrer : il réaffirme l’engagement de Stellantis. « Nous nous engageons à faire de l’Algérie un acteur majeur dans le paysage de l’industrie automobile régionale, en nous appuyant sur les talents et l’innovation locaux », écrivait-il, vision partagée par le CEO Carlos Tavares lors d’une visite en 2024. Cette stratégie inclut l’export vers la Tunisie et le Maroc d’ici 2027, et l’introduction de l’électrique avec la 500e en 2028.
Pour l’Algérie, cela signifie une diversification économique cruciale : l’automobile, embryonnaire à 1% du PIB, pourrait atteindre 5% d’ici 2030, créant 50.000 emplois. Des posts sur X, comme celui d’@ecotimes_dz, soulignent cette transition : « Fiat El Djazaïr tourne une page : la production de la Fiat 500 s’arrête à Tafraoui pour laisser place à la nouvelle Grande Panda. » Les défis persistent – chaîne d’approvisionnement volatile, formation continue –, mais les succès comme cette Panda 100% locale inspirent confiance.
Vers un avenir motorisé :
impacts et perspectives
Cette production milestone n’est que le début. Elle stimule les sous-traitants locaux, comme les fonderies d’Oran pour les châssis, et attire des investisseurs étrangers : des négociations avec des fournisseurs Bosch sont en cours pour des modules électroniques. Sur le plan environnemental, les nouvelles lignes réduisent les déchets de 40%, alignant Tafraoui sur les objectifs COP29.
Pour les consommateurs algériens, cela se traduit par des prix compétitifs : la Panda CKD avoisinera les 2,5 millions de dinars, 20% moins cher qu’importée. Et pour l’industrie nationale, c’est un modèle replicable, encourageant des acteurs comme Hyundai ou Renault à localiser davantage.
En conclusion, la Fiat Grande Panda de Tafraoui n’est pas qu’une voiture : c’est un manifeste pour l’indépendance technologique, forgé par 1.784 mains algériennes et un héritage centenaire. Comme le tweete @algerie_eco, c’est « le premier véhicule CKD de l’histoire de l’Algérie ». À l’horizon 2026, avec 90 000 unités, Fiat Algérie pourrait bien redessiner la carte automobile africaine, prouvant que l’innovation locale triomphe des vents contraires. Un chapitre exaltant s’ouvre, où l’Algérie accélère vers un futur sur roues.