Dans l’air chargé d’euphorie et d’électricité d’Oran, l’équipe nationale algérienne de football s’apprête à franchir le Rubicon. Aujourd’hui jeudi, sous les projecteurs du stade Miloud Hadefi (17h00), les Fennecs défieront la Somalie dans un match qui sent la poudre : une victoire, et c’est la billetterie assurée pour la Coupe du Monde 2026.
À la neuvième et avant-dernière journée du Groupe G des qualifications, les hommes de Vladimir Petkovic, perchés au sommet avec 19 points, n’ont besoin que de trois petits points pour signer une cinquième participation historique, 12 ans après le Brésil 2014 et son exploit en huitièmes.
Petkovic en mode stratège : "La Somalie mord, on ne lâchera rien"
Le sélectionneur serbe, maître d’un orchestre vert rodé comme jamais, sait que rien n’est joué d’avance. Lors de sa dernière conférence de presse, jeudi dernier à la salle Mohamed-Sellah du stade Nelson-Mandela à Baraki, Petkovic a tempéré l’enthousiasme : "Nos adversaires donneront le maximum et se battront à fond contre nous. La Somalie peut sembler faible, mais regardez leurs derniers matchs : cette équipe a montré qu’elle pouvait grappiller des points contre vents et marées." Une mise en garde lucide pour une Algérie qui n’a plié qu’une fois depuis le coup d’envoi des qualifs – un revers domestique 2-1 face à la Guinée –, et qui doit muscler son réalisme offensif pour conjurer tout sort funeste.
Face à la lanterne rouge du groupe (1 petit point au compteur), les Verts partent ultra-favorites. Mais dans le foot, le respect de l’adversaire est la première loi. La Somalie, avec son bilan en clair-obscur (3 buts pour, 16 contre), arrive sans pression, l’œil rivé sur l’exploit. Elle voudra laver l’affront d’un parcours chaotique et répondre au nul concédé par l’Algérie en Guinée (0-0) en septembre. Pour les Somaliens, ce sera une question d’honneur ; pour les Algériens, une formalité à transformer en triomphe.
Mahrez, le capitaine charismatique : "On a raté 2018 et 2022, 2026 sera notre revanche"
Riyad Mahrez, l’icône de Manchester City et capitaine des Verts, porte l’ambition collective comme un étendard. Absent des deux derniers Mondiaux (Russie 2018 et Qatar 2022), malgré une génération dorée qui avait tout pour briller, le meneur de jeu est bouillant : "On a trois points à prendre. Contre la Somalie, nous sommes déterminés à sceller notre qualification. Nous avons raté deux Coupes du monde malgré une très belle génération. Aujourd’hui, l’objectif est de se qualifier et de représenter dignement notre pays au prochain Mondial." Des mots qui résonnent comme un serment, hantés par le fantôme de 2014 : cette qualif’ historique au Brésil, couronnée d’un huitième inoubliable face à l’Allemagne. Mahrez et ses coéquipiers, affamés de revanche, visent à chasser la malédiction et à ramener l’Algérie sur la grande scène, 12 ans plus tard.
Blessures et sang neuf : Cinq absents, quatre recrues prêtes à mordre
Le vestiaire algérien n’est pas au complet, mais Petkovic compense avec du flair. Cinq piliers manquent à l’appel, terrassés par les pépins physiques : les latéraux Mohamed Farsi (Columbus Crew, USA), Rayan Aït-Nouri (Manchester City, Angleterre), Youcef Atal (Al-Sadd, Qatar) et Mohamed Amine Tougaï (ES Tunis), plus le maestro offensif Houssem Aouar (Al-Ittihad, Arabie Saoudite). Des coups durs qui testent la profondeur d’effectif, mais les Verts regorgent de talents.
C’est l’heure des premières pour quatre novices, impatients de goûter à l’ambiance internationale : le gardien Luca Zidane (Grenade, Espagne), fils de la légende, et les défenseurs Rafik Belghali (Hellas Vérone, Italie), Samir Chergui (FC Paris, France) et Mehdi Dorval (SSC Bari, Italie). Ces jeunes loups, issus des championnats européens, apportent fraîcheur et faim de victoire. Zidane sous les bois ? Ça promet des arrêts spectaculaires ; les recrues en défense ? Une muraille inédite pour verrouiller les cages somaliennes.
Classement et épilogue : Oran d’abord, Tizi-Ouzou ensuite
Au soir de la huitième journée, l’Algérie règne en maître sur le Groupe G : 19 points, à quatre longueurs du duo Mozambique-Ouganda (15 pts chacun). La Guinée suit à 11, le Botswana à 9, et la Somalie ferme la marche avec son unique unité.
Les règles sont claires : les neuf premiers de groupe filent droit au Mondial 2026 ; les quatre meilleurs deuxièmes s’offriront un barrage CAF, dont le lauréat ira défier le monde en intercontinental FIFA.
Le "Club Algérie" ne s’arrêtera pas là : mardi prochain, au stade Hocine Aït-Ahmed de Tizi-Ouzou (17h00), ce sera l’Ouganda pour boucler en beauté la dixième et dernière journée. Mais d’abord, Oran. La ville aux mille et un charmes, berceau de révoltes et de rêves, vibre déjà au rythme des tambours verts. Les supporters, en liesse, envahiront les tribunes pour pousser leurs héros vers l’immortalité. Une victoire demain, et c’est le feu d’artifice national : l’Algérie de retour au sommet, prête à rugir en 2026.
Allez les Verts ! L’histoire attend.