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Edition du 15 Septembre 2025



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IATF 2025
L’Algérie, fer de lance de l’intégration économique africaine
15 Septembre 2025

Du 4 au 10 septembre 2025, Alger est devenue le centre névralgique du commerce intra-africain en accueillant la 4e édition du Salon du Commerce Intra-Africain (IATF 2025). Organisé sous l’égide de la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank), de l’Union africaine (UA) et de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF), cet événement a marqué un tournant historique avec des transactions commerciales et d’investissements totalisant 48,3 milliards de dollars.

L’Algérie, hôte de cette édition, a capté 11,4 milliards de dollars, soit 23 % du total, et sécurisé des opportunités d’exportation d’une valeur de 11,6 milliards de dollars. Ces résultats record, surpassant l’édition 2023 (43,77 milliards), consacrent l’Algérie comme un acteur économique majeur en Afrique, capable de transformer un salon régional en une plateforme mondiale.

Une ambition africaine portée par l’Algérie
L’IATF 2025 a dépassé toutes les attentes, consolidant la vision de l’Agenda 2063 de l’UA, qui ambitionne une Afrique économiquement intégrée et prospère d’ici 2063. La présence de 70 pays, dont 49 africains et 21 non africains, contre 65 en 2023, témoigne de l’attrait croissant de l’événement.
Avec 2 148 exposants (1 923 physiquement et 225 virtuellement), contre 1 939 en 2023, le salon a attiré un nombre record de 112 476 participants, dont 60 650 sur place et 51 826 via la plateforme virtuelle IATF. Les 144 122 vues sur Afreximbank TV Virtual, soit quatre fois plus que les 28 282 participants de l’édition précédente, illustrent l’ampleur de cette réussite.
La participation de 20 personnalités de haut niveau, dont 14 chefs d’État et de gouvernement, contre seulement 8 en 2023, a rehaussé le prestige de l’événement.
Parmi eux, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, président consultatif du salon, a salué l’organisation impeccable de l’Algérie.
La cérémonie de clôture, tenue dans la majestueuse salle Saoura du Palais des Expositions, a réuni des figures clés comme Boualem Boualem, chef de cabinet de la présidence, et Kamel Sidi Saïd, conseiller du président Abdelmadjid Tebboune, aux côtés de ministres et de représentants de la ZLECAF et d’Afreximbank.

Des résultats
économiques sans
précédent
Jinmor Zanamwe, directeur de la facilitation du commerce chez Afreximbank, a qualifié l’édition 2025 de « jalon historique ». Les 48,3 milliards de dollars de contrats signés, dont 11,6 milliards d’opportunités d’exportation pour l’Algérie, reflètent la capacité du pays à attirer des investisseurs.
Les secteurs phares incluent l’agroalimentaire, avec des exportations de dattes et de produits transformés, les produits pharmaceutiques, où l’Algérie ambitionne de devenir un hub régional, et l’industrie, notamment via des partenariats avec Fiat Stellantis pour l’automobile. Le nombre d’acheteurs a grimpé à 958, contre 698 en 2023, signe de l’intérêt croissant pour les produits africains, notamment algériens. L’Algérie a également innové en important depuis des pays africains, renforçant l’idée d’un commerce intra-africain équilibré. Des accords avec le Nigeria, l’Afrique du Sud et le Kenya ont ouvert des perspectives dans l’énergie renouvelable, les technologies de l’information et l’agro-industrie.
Par exemple, un contrat de 2 milliards de dollars avec le Nigeria pour l’exportation de produits pétrochimiques illustre le potentiel de ces partenariats. De même, des discussions avec la Côte d’Ivoire et la Tunisie ont porté sur le développement de corridors logistiques, notamment via la route transsaharienne, pour fluidifier les échanges.

Une organisation
exemplaire
Le gouverneur de l’IATF 2025, Arabi Latreche, a souligné l’engagement total de l’Algérie dans la réussite de l’événement. Avec plus de 25 000 m² de pavillons, des services logistiques de pointe (navettes, sécurité, connectivité) et une organisation irréprochable, Alger a offert une expérience fluide aux exposants et visiteurs.
Neuf journées thématiques, dont le « Jour de l’Algérie » et le « Jour de l’industrie algérienne », ont mis en lumière les atouts du pays, tandis que des journées dédiées à des nations comme la Zambie ou le Zimbabwe ont renforcé la coopération bilatérale. Latreche a déclaré : « Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’Algérie a transformé l’IATF en une plateforme mondiale, prouvant que l’Afrique peut rivaliser sur la scène internationale. »
Il a salué l’engagement du président Tebboune, qui a suivi les préparatifs dès leur lancement, garantissant un soutien politique et logistique sans faille.

Un élan pour
les start-ups africaines
Un des moments forts de l’IATF 2025 a été l’annonce d’un fonds dédié au financement de 30 start-ups africaines, sur instruction directe du président Tebboune.
Ce fonds, destiné à soutenir l’innovation dans des secteurs comme la fintech, l’agritech et la santé, vise à autonomiser les jeunes entrepreneurs.
« Ces start-ups sont l’avenir de l’Afrique », a affirmé Latreche, soulignant l’engagement de l’Algérie pour le développement durable. Les entreprises sélectionnées, issues de pays comme le Ghana, le Kenya et l’Algérie, bénéficieront d’un accompagnement technique et financier, avec des prix de 4 000 à 10 000 dollars décernés aux trois meilleurs projets par catégorie.
Ce focus sur l’innovation s’inscrit dans une stratégie plus large.
L’Algérie, qui a vu ses exportations non pétrolières bondir de 42,5 % au deuxième trimestre 2025, mise sur les start-ups pour diversifier son économie.
Des projets comme des applications de traçabilité agricole ou des solutions de paiement numérique ont attiré l’attention des investisseurs, renforçant l’image d’une Afrique jeune et dynamique.

Une vitrine culturelle et créative
La cérémonie de clôture a été un moment de célébration, avec une remise de prix distinguant les meilleurs pavillons. La Zambie a remporté le prix du meilleur pavillon d’État, le Zimbabwe celui de l’interaction avec les visiteurs, et le Nigeria celui du réseautage.
L’État nigérian d’Ogun a été récompensé pour ses initiatives en matière de durabilité, tandis que le ministère algérien de la Culture a brillé avec son pavillon « Kanex », mettant en avant l’artisanat et les arts traditionnels. Fiat Stellantis, partenaire industriel clé de l’Algérie, a décroché le prix du meilleur pavillon automobile, soulignant le rôle croissant du pays dans ce secteur. Un spectacle de ballets traditionnels, réunissant des artistes de diverses régions algériennes, a captivé plus de 1 200 spectateurs dans la salle Saoura. Cette performance, mêlant danses du Hoggar, rythmes chaouis et mélodies sahariennes, a illustré la richesse culturelle de l’Algérie, renforçant son soft power auprès des délégations internationales.

Défis et opportunités pour l’avenir
Malgré ce succès, l’IATF 2025 met en lumière des défis structurels. La ZLECAF, bien qu’en progrès, souffre de barrières douanières et logistiques dans plusieurs pays. L’Algérie, avec ses ports modernes comme celui d’Alger, qui a vu son trafic augmenter de 20 % en 2025, peut jouer un rôle pivot. Des investissements dans les infrastructures, comme la route transsaharienne reliant Alger à Lagos, sont cruciaux pour réduire les coûts de transport, estimés à 30 % plus élevés en Afrique qu’en Asie.
Le soutien aux start-ups doit également s’accompagner de formations et d’un accès facilité au crédit, car seulement 15 % des PME africaines accèdent actuellement à des financements.
L’Algérie, qui ambitionne de devenir un hub régional pour l’innovation, pourrait exporter son modèle de pépinières d’entreprises à d’autres pays.
Sur le plan économique, la dépendance aux hydrocarbures reste un défi. Bien que les exportations non pétrolières progressent, elles ne représentent que 10 % des revenus d’exportation.
L’IATF a montré que des secteurs comme l’agroalimentaire (dattes, huiles) et les produits pharmaceutiques peuvent compenser cette dépendance, à condition d’investir dans la transformation et la logistique.

L’Algérie, leader
d’une Afrique intégrée
L’IATF 2025 a repositionné l’Algérie comme un leader économique et diplomatique en Afrique. En alignant ses ambitions avec l’Agenda 2063, le pays s’engage à construire des ponts commerciaux et culturels.
Le discours de Latreche, évoquant un « avenir africain commun », résonne avec les aspirations des 1,4 milliard d’Africains, dont 60 % ont moins de 25 ans.
En soutenant les jeunes entrepreneurs et en facilitant les échanges, l’Algérie pave la voie pour une Afrique économiquement souveraine.
Cette édition restera dans les annales comme un tournant. Elle a non seulement renforcé la stature internationale de l’Algérie, mais aussi prouvé que l’Afrique peut rivaliser avec les grands blocs commerciaux.
Avec des projets comme le fonds pour les start-ups et des partenariats renforcés, l’Algérie s’affirme comme un moteur de l’intégration continentale, prête à façonner l’avenir économique de l’Afrique.


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