En mai dernier, un projet d’une start-up nommée «Nroho», développé par des étudiants algériens de l’École nationale supérieure d’intelligence artificielle, a décroché la deuxième place dans un concours organisé par le groupe saoudien «Banque islamique de développement», lors de ses réunions annuelles accueillies par l’Algérie.

Cette semaine, «Nroho», qui affirme sur ses pages sociales viser à «rendre le transport collectif plus sûr, plus convivial et moins coûteux pour tous», a annoncé l’ouverture des inscriptions pour ses premiers utilisateurs, en vue du lancement officiel de son application numérique innovante.
Tous les membres de l’équipe sont des étudiants de l’école, bien que le projet nécessite des compétences variées. Ou plutôt, précisément parce qu’il en a besoin. La formation qu’ils reçoivent leur permet d’explorer les domaines essentiels pour les entrepreneurs, de l’entrepreneuriat et la gestion de projets au marketing et à la communication.
De plus, tous les membres font partie d’un club scientifique de l’école, qui forme les étudiants à des compétences cruciales, comme la communication professionnelle avec les investisseurs – indispensable pour tout jeune entrepreneur cherchant un financement suffisant pour un projet ambitieux comme «Nroho».

Younes Ahmane, fondateur du projet «Nroho».
À la tête de cette équipe se trouve Younes Ahmane, un jeune de 22 ans. Originaire de Béjaïa où il a grandi et étudié, en plus d’être un élève studieux obtenant de bonnes notes à tous les niveaux – comme attendu d’un admis dans cette école –, il a toujours rêvé, dès l’école primaire, d’accomplir de grandes choses.
Ce qu’il appelle un «mindset d’accomplissement et de réalisation d’objectifs majeurs» le caractérisait, en plus de l’excellence académique, et c’est ce qui l’a mené là, semble-t-il.
Younes n’avait pas réfléchi au domaine à choisir après le baccalauréat autant qu’à réussir avec la meilleure moyenne possible, pour avoir le choix sans pression.
Il a réussi l’examen avec une moyenne pondérée légèrement supérieure à 17. Aimant les mathématiques et la résolution de problèmes, l’intelligence artificielle fut son premier choix, malgré les attentes générales vers la médecine.
«Je n’aimais pas la mémorisation autant que les solutions technologiques aux problèmes de la vie», dit Younes. Mais il y a une autre raison à ce choix : sa conviction que l’IA ouvrirait les portes à des réalisations grandioses dans n’importe quel domaine.
«L’intelligence artificielle, pour moi, c’est l’avenir pour faire n’importe quoi, dans n’importe quel secteur, y compris la médecine ou même l’agriculture, pour ceux qui aiment innover là-dedans», ajoute Younes. Il confirme n’avoir rencontré aucune opposition de ses parents, confiants en sa capacité à réfléchir et décider correctement, surtout avec une haute moyenne nécessitant une préparation mentale et psychologique.
Dès sa deuxième année à l’école, Younes et cinq autres camarades ont commencé à travailler sur «Nroho», une application permettant aux utilisateurs de s’associer avec d’autres partageant les mêmes intérêts pour commander des véhicules privés les transportant vers leurs destinations.
Grâce à l’IA, l’application identifie les préférences des utilisateurs pour les orienter vers la meilleure expérience de voyage en transport collectif, en termes de confort et de sécurité.
Par exemple, si vous préférez écouter de la musique chaâbi dans le bus, ou des chansons occidentales, ou même pas de musique du tout, vous vous retrouverez avec des compagnons de voyage aux mêmes goûts.Tous les utilisateurs, y compris les chauffeurs, doivent scanner leur carte d’identité lors de l’inscription, ce qui, selon Younes, vérifie les identités et crée un environnement sécurisé pour les passagers, le chauffeur et entre passagers.
Un système de suivi des véhicules en temps réel est inclus. Si l’application détecte un arrêt prolongé inhabituel sans raison comme un embouteillage, elle envoie des notifications immédiates aux passagers pour identifier le problème rapidement.
Un label et un projet innovant
Obtenir le label «projet innovant» n’a pas été difficile pour l’équipe de «Nroho», et l’école leur a fourni un bureau dédié avec tous les moyens nécessaires.
«J’ai ressenti le problème à cause de la difficulté d’utiliser les applications de transport actuelles, chères comparées au collectif», dit Younes. La solution proposée est «la collaboration communautaire pour des voyages sûrs, confortables et abordables».
L’équipe de «Nroho» a déjà mené une étude de marché, présentant l’idée à des centaines de potentiels utilisateurs. Parmi les réactions amusantes en face-à-face : c’est une «idée typiquement algérienne».
«Par exemple, un chauffeur pourrait demander à un passager d’acheter un café en route s’il conduit longtemps et ne peut s’arrêter pour sa dose de caféine», explique Younes.

«Tous les problèmes de transport... disparaissent !»
Younes et ses coéquipiers sont armés d’une ambition suffisante pour aller loin, travaillant de longues heures quotidiennement vers une vision claire : lancer avec succès en Algérie, puis s’étendre à l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient en cinq ans.
L’intelligence artificielle révolutionne le quotidien en Algérie, et «Nroho» en est un exemple éclatant. Développé par de jeunes talents de l’ENSIA, ce projet illustre comment la technologie peut résoudre des problèmes concrets comme le transport collectif, souvent source de frustrations pour les Algériens. En mai 2024, lors des réunions annuelles de la Banque islamique de développement à Alger, «Nroho» a brillé en remportant la deuxième place d’un concours prestigieux, confirmant son potentiel.Fondée par Younes Ahmane, «Nroho» vise à transformer les trajets partagés en expériences personnalisées, sécurisées et économiques. L’application, bientôt lancée, permet aux utilisateurs de former des groupes basés sur des intérêts communs détectés par l’IA. Imaginez un bus où tous les passagers partagent vos goûts musicaux, qu’il s’agisse de chaâbi, de pop ou du silence. Ce matching intelligent renforce le confort et la convivialité.
La sécurité est centrale. Chaque inscrit, chauffeur inclus, fournit une pièce d’identité vérifiée. Un suivi GPS alerte en cas d’arrêt suspect, évitant les risques. Younes, passionné par les solutions tech, explique que son aversion pour la mémorisation l’a poussé vers l’IA plutôt que la médecine. «L’IA est l’outil ultime pour innover», dit-il.
L’équipe, formée à l’ENSIA, bénéficie d’un enseignement multidisciplinaire et d’un club scientifique affinant des compétences comme la négociation avec investisseurs. Soutenus par l’école avec un espace dédié, ils ont testé l’idée auprès de centaines de personnes. Les retours ? Enthousiastes, avec des anecdotes comme un chauffeur demandant un café via l’app.
«Nroho» répond aux défis du transport : coûts élevés des services privés versus inconfort du collectif. En favorisant la collaboration, elle promet des trajets abordables et écologiques. Younes vise un lancement réussi en Algérie, puis une expansion régionale d’ici 2030.
Ce projet incarne l’essor de l’entrepreneuriat tech en Algérie. Dans un pays où le transport public est souvent chaotique, «Nroho» pourrait redéfinir la mobilité. En intégrant l’IA pour personnaliser et sécuriser, il pave la voie à une ère où voyager ensemble rime avec plaisir. Les premiers utilisateurs sont invités à s’inscrire, marquant le début d’une révolution. Le slogan ? «Tous les problèmes de transport... n’roho !»
«Nroho» souligne l’importance de l’éducation en IA. L’ENSIA positionne l’Algérie sur la carte mondiale de la tech. Younes incarne cette génération ambitieuse qui agit pour réaliser ses rêves. De Béjaïa à Alger, des bancs d’école aux podiums internationaux, il prouve que persévérance et technologie peuvent transformer la société.
En conclusion, «Nroho» est un symbole d’espoir pour une mobilité inclusive et durable. Avec son approche centrée sur l’utilisateur, elle pourrait redéfinir les normes du transport en région MENA, inspirant d’autres jeunes à innover. Le futur du voyage collectif est algérien, intelligent et accessible.