L’Algérie se positionne de plus en plus comme une destination prisée pour les investissements étrangers, attirant l’attention de grandes entreprises chinoises lors d’une récente visite d’une délégation algérienne en Chine.
Cette mission, qui s’est déroulée sur 16 jours, a permis de consolider les liens économiques bilatéraux et de promouvoir les opportunités offertes par les réformes algériennes, notamment la nouvelle loi sur l’investissement et les amendements à la législation minière. Alors que l’Algérie ambitionne de devenir une plateforme régionale pour l’exportation vers l’Afrique et l’Europe, ce partenariat avec la Chine pourrait marquer un tournant décisif pour son économie.
Une délégation de haut niveau pour un partenariat stratégique
Composée de 16 députés, 16 sénateurs et de hauts cadres représentant divers ministères et institutions, la délégation algérienne, forte de 40 membres, a participé à une formation intensive en Chine axée sur le modèle économique chinois et l’initiative « la Ceinture et la Route ». L’objectif était clair : approfondir la compréhension du fonctionnement de la deuxième puissance économique mondiale et explorer des opportunités de coopération basées sur le transfert de technologies et l’investissement direct. Selon un membre de la délégation, interrogé par El-Chourouk, cette visite n’avait rien de protocolaire. Elle visait à établir une collaboration stratégique, loin des schémas traditionnels, en s’appuyant sur les atouts compétitifs de l’Algérie.
La Chine, avec son modèle économique alliant planification centralisée et dynamisme du secteur privé, a impressionné la délégation par sa discipline et son efficacité. Les conférences animées par des experts chinois ont mis en lumière une approche rigoureuse, combinant des objectifs clairs à une exécution méthodique, même dans un cadre socialiste. Ce modèle pourrait inspirer l’Algérie dans sa quête d’un développement économique autonome et diversifié, rompant avec sa dépendance historique aux hydrocarbures.
Un intérêt chinois marqué pour le marché algérien
Les entreprises chinoises, notamment dans les secteurs de la fabrication de bus, de l’industrie pharmaceutique et des équipements industriels, ont qualifié l’Algérie d’« opportunité stratégique rare » en raison de ses facilités commerciales, ses accords de partenariat et sa position géographique. La délégation a visité une usine de production de bus de la marque Bonluck, dont les dirigeants ont exprimé leur volonté d’implanter une unité de production en Algérie. Ils considèrent le pays comme un marché pivot en Afrique, capable de devenir un hub industriel grâce à sa main-d’œuvre jeune et qualifiée, ainsi qu’à sa position géographique stratégique, à la croisée des chemins entre l’Afrique et l’Europe.
Le secteur minier, en pleine transformation, a également suscité l’enthousiasme des investisseurs chinois. Une entreprise chinoise opérant en Algérie depuis plusieurs années a salué les récents amendements à la loi sur les mines, qui autorisent désormais les investisseurs étrangers à détenir jusqu’à 80 % des projets miniers, une mesure inédite. Cette réforme, perçue comme un signal fort de l’ouverture de l’Algérie au capital étranger, pourrait débloquer des investissements massifs dans un secteur clé pour la diversification économique. La délégation a pu constater sur place l’engagement de ces entreprises, qui bénéficient déjà des accords multilatéraux liant l’Algérie à l’Union européenne et à l’Union africaine.
Dans le domaine pharmaceutique, des discussions avec des entreprises chinoises spécialisées dans la production de médicaments et d’équipements médicaux ont révélé un vif intérêt pour des partenariats locaux. Ces entreprises ont été séduites par les dispositions de la nouvelle loi sur l’investissement, qui simplifie les procédures et offre des incitations fiscales, ainsi que par les réformes institutionnelles visant à améliorer le climat des affaires. Des projets de production locale, notamment dans l’électronique et les équipements industriels, ont également été évoqués, avec pour propose de réduire les importations et de renforcer l’industrie nationale.
Des défis à relever pour concrétiser les partenariats
Malgré cet enthousiasme, les investisseurs chinois ont pointé une contrainte majeure : la difficulté de transférer des devises à l’étranger. Ce problème, qui pousse certains opérateurs à se tourner vers le marché parallèle, constitue un frein à l’établissement de partenariats durables. Les entreprises chinoises ont appelé à une réforme des mécanismes de change pour fluidifier les transactions et encourager des investissements à long terme. Résoudre cette problématique pourrait, selon elles, ouvrir la voie à des collaborations ambitieuses, renforçant la position de l’Algérie comme hub économique régional.
Un membre de la délégation a reconnu que ces obstacles, bien que significatifs, ne doivent pas éclipser les progrès réalisés. Les réformes récentes, notamment la règle 51/49, qui encadre la participation étrangère dans les entreprises algériennes, ont été assouplies pour offrir plus de flexibilité aux investisseurs. Cette évolution, combinée à des accords commerciaux avantageux, positionne l’Algérie comme une destination attrayante pour les capitaux étrangers. Toutefois, il insiste sur la nécessité d’accélérer les réformes pour aligner les pratiques algéri Cumberlandian sur les standards internationaux, tout en préservant la souveraineté économique du pays.
Une inspiration pour l’Algérie : le modèle chinois
La visite a permis à la délégation de s’imprégner du modèle économique chinois, caractérisé par une planification rigoureuse et une capacité d’innovation portée par le secteur privé. Ce modèle offre des leçons précieuses pour l’Algérie, qui cherche à construire une économie diversifiée et compétitive. L’organisation méthodique des entreprises chinoises, leur transparence dans la gestion et leur engagement envers l’excellence opérationnelle ont impressionné les membres de la délégation. Ces pratiques pourraient servir de catalyseur pour accélérer les réformes internes, notamment en matière de gouvernance économique et de modernisation des institutions.
L’initiative chinoise « la Ceinture et la Route », qui vise à connecter les économies à travers des infrastructures et des partenariats, a également été au cœur des discussions. L’Algérie, avec son positionnement géographique unique, pourrait jouer un rôle clé dans ce projet, en devenant une plaque tournante pour les exportations chinoises vers l’Afrique et l’Europe. Cette ambition nécessite, toutefois, des investissements massifs dans les infrastructures, notamment portuaires et logistiques, pour maximiser les retombées économiques.
Une classe politique en quête de maturité
Au-delà des opportunités économiques, cette visite a renforcé la maturité de la classe politique algérienne. En s’ouvrant aux expériences internationales réussies, les responsables algériens acquièrent une meilleure compréhension des dynamiques économiques globales. Cette connaissance pourrait se traduire par une législation plus adaptée et un suivi plus efficace des politiques publiques, au service de l’intérêt national. L’objectif ultime est de consolider la souveraineté économique de l’Algérie, un chantier que le pays poursuit avec détermination depuis plusieurs années.
La délégation a également pris conscience de l’importance de la discipline et de l’efficacité dans la gestion des projets. Les entreprises chinoises visitées, qu’il s’agisse de l’usine Bonluck ou des complexes pharmaceutiques, ont démontré une capacité à aligner les objectifs stratégiques sur des résultats concrets. Cette approche, combinée à une vision à long terme, pourrait inspirer l’Algérie à repenser ses propres mécanismes de gouvernance économique, en mettant l’accent sur la transparence, la responsabilité et l’innovation.
Perspectives pour
un partenariat sino-
algérien renforcé
Cette visite marque une étape importante dans le renforcement des relations économiques entre l’Algérie et la Chine. Les engagements pris par les entreprises chinoises, qu’il s’agisse de l’implantation d’unités de production ou de l’exploration de nouveaux partenariats, témoignent de la confiance croissante dans le potentiel économique de l’Algérie. Les secteurs ciblés – transports, mines, pharmacie et électronique – sont stratégiques pour la diversification de l’économie nationale et la réduction de la dépendance aux exportations pétrolières.
Cependant, pour concrétiser ces ambitions, l’Algérie devra poursuivre ses efforts de réforme. La simplification des procédures administratives, l’amélioration de l’accès aux devises et la modernisation des infrastructures logistiques sont autant de chantiers prioritaires. En parallèle, la formation de la main-d’œuvre et le développement des compétences techniques seront cruciaux pour accompagner l’installation d’industries à haute valeur ajoutée.
Un tournant pour
la souveraineté
économique
En s’inspirant du modèle chinois, l’Algérie pourrait accélérer sa transition vers une économie plus diversifiée et compétitive. Les investissements chinois, s’ils sont bien encadrés, pourraient stimuler la création d’emplois, le transfert de technologies et l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales. La position géographique de l’Algérie, à la croisée des continents, lui offre une opportunité unique de devenir un hub économique régional, reliant les marchés africains et européens.
Cette visite, loin d’être un simple échange diplomatique, a jeté les bases d’une coopération économique ambitieuse. En tirant parti des réformes récentes, notamment la nouvelle loi sur l’investissement et les amendements à la législation minière, l’Algérie peut attirer des investissements étrangers tout en préservant ses intérêts stratégiques. Le défi, désormais, est de transformer ces promesses en réalités concrètes, pour faire de l’Algérie un acteur économique incontournable sur la scène internationale.