Le Midi Libre - Culture - Créativité, ambition et engagement au rendez-vous
Logo midi libre
Edition du 10 Juillet 2025



Le Mi-Dit

Caricature Sidou


Archives Archives

Contactez-nous Contacts




Festival Jeunesse Alger
Créativité, ambition et engagement au rendez-vous
10 Juillet 2025

L’esplanade emblématique de Maqam Echahid, haut lieu de mémoire collective et de fierté nationale, a vibré au rythme d’une jeunesse enthousiaste, entreprenante et visionnaire.

Jeudi dernier au soir, Alger a accueilli la première édition du Festival de la jeunesse d’Alger, un événement culturel, social et économique sans précédent, marqué par la présence de milliers de jeunes venus de tout le territoire national, ainsi que par des représentants de la diaspora.
Organisé sous le patronage du ministère de la Jeunesse, avec la participation de la wilaya d’Alger et des différentes institutions éducatives et associatives, ce Festival se veut bien plus qu’un rassemblement festif : c’est une vitrine des talents, une plateforme d’échange, un espace de réflexion et un accélérateur de projets. Présidé par Mustapha Hidaoui, ministre chargé du Haut Conseil de la jeunesse, accompagné de Yacine Mehdi Oualid, ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, cet événement a mis en lumière l’un des chantiers les plus stratégiques du pays : investir dans sa jeunesse.

Dès les premiers instants, le ton est donné : « Jeunesse – Idée », « 72 heures d’entrepreneuriat » et « Jeunesse de la diaspora et post-événement » sont les trois axes majeurs qui structurent la programmation. Ces thématiques traduisent une volonté claire : valoriser la pensée, encourager l’action, fédérer les énergies ici et ailleurs. Dans son discours inaugural, Hidaoui a salué « la transformation qualitative » des rapports entre les jeunes et les institutions, soulignant les « échanges fructueux » avec la diaspora. Ces propos résonnent avec l’ambition d’une Algérie tournée vers l’avenir, bâtie sur les fondations solides du patriotisme, du savoir et de l’innovation.

Un tournant dans la politique jeunesse

Ce Festival s’inscrit dans une dynamique nationale plus large. Depuis quelques années, l’Algérie a multiplié les dispositifs en faveur de la jeunesse : création de start-up, plateformes de financement participatif, lois sur l’innovation, orientation vers l’économie verte et numérique, etc. Mais ce festival agit comme un miroir vivant, où les politiques deviennent tangibles, expérimentables, vivantes. Les jeunes ne sont plus de simples bénéficiaires, mais des acteurs, des décideurs et des créateurs.

La tenue du Festival sur cinq sites stratégiques de la capitale (Maqam Echahid, El-Qadous, parc urbain de Bab Ezzouar, parc Sablette et la nouvelle aire verte de la baie d’Alger) a permis de décentraliser les activités et de toucher un public large. Chaque site accueille un village de la jeunesse équipé de tentes thématiques : arts visuels, robotique, éducation à la santé, développement durable, sport urbain, gaming éducatif, etc. Les stands d’associations, de clubs scientifiques, d’incubateurs et d’artisans locaux forment une mosaïque vivante de ce que la jeunesse algérienne peut offrir de meilleur.

Des retombées réelles : témoignages et opportunités

Rencontrée au stand ÉcoJeunes, Salma, 22 ans, étudiante en biologie environnementale, raconte : « J’ai pu présenter mon projet de recyclage des huiles usées en savon artisanal. J’ai reçu les conseils de deux ingénieurs et je repars avec une promesse de mentorat. C’est la première fois que je me sens écoutée comme porteuse de solutions. »
D’autres témoignages, comme celui de Fouad, développeur freelance de Constantine, confirment l’impact : « En 72 heures, mon équipe a prototypé une application de soutien psychologique pour adolescents. Le festival nous a donné accès à des outils, des connexions et un espace de travail inespéré. »
Des ateliers sur l’inclusion, la citoyenneté numérique, la cybersécurité, ou encore les métiers du futur ont été animés par des experts nationaux et internationaux. Ces moments d’échange permettent à des milliers de jeunes d’identifier des parcours possibles, d’ouvrir leurs perspectives professionnelles et de prendre conscience de leur rôle dans la société.

Une diaspora présente et engagée

L’un des volets les plus novateurs du Festival est sans doute l’inclusion de la diaspora. Des jeunes Algériens venus de France, d’Allemagne, du Canada, ou encore des Émirats ont pris part à des panels et des ateliers hybrides. Ils ont partagé leur parcours, leurs réussites, mais aussi leur attachement à l’Algérie et leur volonté d’y contribuer activement.
À travers des connexions vidéo et des échanges directs, ces jeunes de l’étranger ont pu se reconnecter à leurs racines, à leur langue et à des projets concrets. Le Festival a ainsi agi comme un pont entre deux mondes souvent perçus comme éloignés, mais désormais liés par une même énergie constructive.

Une Algérie nouvelle à construire ensemble

La date du Festival, choisie pour coïncider avec la célébration du 63e anniversaire de l’Indépendance, n’est pas anodine. C’est un rappel historique fort : les jeunes d’hier ont libéré le pays, ceux d’aujourd’hui doivent le faire rayonner. Cette filiation symbolique crée une continuité générationnelle et donne au mot « engagement » une résonance toute particulière.
Les organisateurs ont aussi prévu un prolongement du programme après le 5 juillet, avec des journées de conférences, de concours scientifiques, de projections de films sur la mémoire nationale et de forums citoyens. Ces événements ambitionnent de maintenir la flamme allumée pendant le Festival et de structurer une politique jeunesse durable, inclusive et ancrée dans le réel.

Vers un modèle réplicable

Ce Festival pourrait devenir un modèle exportable vers d’autres wilayas. Sa réussite repose sur trois éléments clés : l’implication des jeunes dès la conception, l’hybridation des disciplines (culture, économie, technologie, écologie) et le soutien logistique des autorités. Une dynamique semblable est envisageable à Oran, Constantine, Tamanrasset ou Tizi-Ouzou, avec des adaptations locales.
Le Haut Conseil de la Jeunesse envisage d’ailleurs une feuille de route nationale, avec une série de festivals régionaux et un grand rassemblement annuel. L’objectif : créer un réseau national des talents jeunes, connecter les porteurs de projets aux investisseurs publics et privés et impulser une diplomatie juvénile entre les pays du Sud.

Une jeunesse moteur d’avenir

Le Festival de la jeunesse d’Alger n’est pas un simple événement culturel. C’est un manifeste. Il affirme, avec force et beauté, que la jeunesse n’est pas un défi à gérer, mais une chance à saisir. Dans une Algérie qui aspire à se transformer, à se numériser, à s’industrialiser intelligemment et à rayonner culturellement, la jeunesse est la clef.
Et comme l’a résumé un jeune intervenant dans un slam vibrant au pied du Maqam : « Nous ne sommes pas l’espoir de demain, nous sommes la réalité d’aujourd’hui.


L'édition du jour
en PDF
Le Journal en PDF
Archives PDF

El Djadel en PDF
El-Djadel en PDF

Copyright © 2007 Midilibre. All rights reserved.Archives
Conception et réalisation Alstel