Le 8 mai 1945 n’est pas seulement une date tragique dans l’histoire de l’Algérie, marquée par les massacres sanglants perpétrés par l’armée coloniale française à Sétif, Guelma et Kherrata. Il constitue aussi, selon plusieurs responsables et analystes algériens, un moment clé dans l’éveil de la conscience nationale et politique du peuple algérien.
Lors de son intervention dans l’émission "Forum de la Chaîne I", le général à la retraite Abdelaziz Mujahid a souligné l’importance de cette date qui, au-delà du drame, a ravivé l’esprit de résistance chez les Algériens. Elle a surtout permis aux élites de comprendre que la lutte contre le colonialisme ne pouvait se poursuivre sans organisation.
C’est dans cette optique qu’est née l’Organisation spéciale en 1947, étape stratégique qui mènera, quelques années plus tard, au déclenchement de la Guerre de libération en 1954. Mujahid a insisté sur la nécessité de préserver la mémoire nationale et les acquis de l’indépendance.
Il appelle à la vigilance collective face aux tentatives de déformation de l’histoire, en affirmant que la réponse la plus forte au colonialisme reste la consolidation de l’unité nationale et du tissu social algérien. Ce point de vue est partagé par Mohamed Amroun, président de la Commission des affaires étrangères au Conseil de la Nation, qui voit dans la mémoire un devoir de fidélité envers les martyrs de la Révolution. Il considère que la reconnaissance historique des crimes coloniaux est une exigence morale. D’ailleurs, le choix du 8 mai comme Journée nationale de la mémoire en Algérie en est l’illustration. Ce jour est devenu un symbole de la résilience nationale et du tournant révolutionnaire.
Dr Amroun a également réitéré l’importance de criminaliser le colonialisme, appel soutenu par l’Algérie au sein de l’Union africaine. Ce projet vise à reconnaître la responsabilité du colonialisme dans le sous-développement des pays du Sud et à combattre les discours nostalgiques qui le glorifient encore aujourd’hui. Enfin, les deux intervenants ont souligné la valeur unificatrice de la Déclaration du 1er novembre 1954, désormais consacrée par la Constitution de 2020 comme socle de l’identité nationale et base de la construction de l’État algérien moderne.