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Liste des ressortissants Algériens à expulser de France
Alger dit non à Paris
19 Mars 2025

La crise qui secoue les relations algéro-françaises est en train de monter de plusieurs crans. Face aux menaces et aux surenchères de la partie française, Alger reste ferme dans sa position. En atteste la réponse cinglante des autorités algériennes aux menaces proférées par le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retaillieau.

Ce dernier, se croyant sans doute au temps béni des colonies, a osé adresser un ultimatum aux autorités algériennes mises en demeure d’accepter les algériens expulsés de France. Cette réponse algérienne a été transmise avant-hier par le secrétaire général du Ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Lounès Magramane, lorsqu’il a reçu au siège du Ministère, le Chargé d’Affaires de l’ambassade de la République française en Algérie.

Et comme attendu ce fut un niet catégorique des autorités algériennes aux demandes de la France et de son ministre de l’Intérieur. D’ailleurs Alger a rejeté dans le fond comme dans la forme les doléances de Paris. «Cette audience fait suite à celle accordée au Chargé d’Affaires de l’ambassade d’Algérie en France le 14 mars courant. Le Chargé d’Affaires algérien s’est vu remettre, à cette occasion, une liste de ressortissants algériens faisant l’objet de décisions d’éloignement du territoire français», a indiqué le communiqué du MAE.

Quelques jours auparavant la France a remis à l’Algérie une liste d’Algériens qu’elle souhaite expulser de son territoire. Lounès Magramane a remis au Chargé d’Affaires français une note verbale contenant la réponse officielle des autorités algériennes. «Dans cette réponse, l’Algérie réaffirme son rejet catégorique des menaces et des velléités d’intimidation, ainsi que des injonctions, des ultimatums et de tout langage comminatoire. En outre, l’Algérie désapprouve l’approche sélective de la France vis-à-vis des accords bilatéraux et internationaux liant les deux pays.

Elle réaffirme qu’en ce qui la concerne, l’Algérie n’est animée que par le souci de s’acquitter de son devoir de protection consulaire à l’égard de ses ressortissants», affirme le texte du Ministère des Affaires étrangères. Il semble même que dans leur démarche arrogante les Français ont omis de respecter les procédures et les accords liant les deux parties .

«S’agissant de la démarche de la partie française, celle-ci a été rejetée par les autorités algériennes sur les plans de la forme et du fond. Sur la forme, l’Algérie a fait valoir que la France ne pouvait, unilatéralement et à sa seule discrétion, décider de remettre en cause le canal traditionnel de traitement des dossiers d’éloignement», souligne le communiqué.

La partie française a, par conséquent, «été invitée à respecter la procédure établie en la matière, en suivant le canal d’usage, celui entretenu entre les Préfectures françaises et les Consulats algériens compétents, et en préservant la manière de traitement habituelle, celle de procéder au cas par cas», at- on expliqué. Dans ce genre d’affaires la règle établie de longue date entre les deux parties veut que ce soient les préfectures françaises qui saisissent les consultas d’Algérie en France, ce qui n’a pas été le cas puisque la France a transmis une liste de dizaines de personnes par le canal diplomatique.

Cet impair français concerne la forme. «Sur le fond, la réponse algérienne a souligné que le Protocole d’Accord de 1994 ne peut être dissocié de la Convention de 1974 sur les relations consulaires qui demeure le cadre de référence principal en matière consulaire entre les deux pays.

De ce point de vue, la mise en œuvre de l’un ne doit pas se faire au détriment de l’autre, notamment lorsqu’il s’agit de la nécessité de veiller au respect des droits des personnes faisant l’objet de mesures d’éloignement », poursuit la même source. En somme la France est en porte à faux avec le Protocole d’Accord de 1994 la Convention de 1974. C’est dire combien la démarche française, mal pensée et mal coordonnée, est aisément réfutable.

C’est pour cette somme de maladresse que «les autorités algériennes ont décidé de ne pas donner suite à la liste soumise par les autorités françaises ». Ces dernières ont été d’ailleurs « invitées à suivre le canal d’usage, en l’occurrence celui établi entre les Préfectures et les Consulats», conclut le communiqué du Ministère des Affaires étrangères.

Poussé dans ses derniers retranchements par cette cinglante réponse de l’Algérie Bruno Retailleau, dont la démarche cavalière a quelque peu été désapprouvée par le Premier ministre, François Bayrou, poursuit sa fuite en avant puisque poursuivant sa surenchère, il a proposé hier la suppression de l’accord de 2007 qui exempt de visa les détenteurs des passeports diplomatiques algériens et français.

Il a trouvé un allié de poids en la personne du ministre de la Justice, Gérard Darmanin, lequel est allé encore plus loin en préconisant le rappel de l’ambassadeur de France en Algérie, la suspension des passeports diplomatiques et la révocation de l’accord de 1968. Une démarche que ne partage pas François Bayrou qui s’est montré plus pondéré en jouant la carte de l’apaisement. Quand la France souffle le chaud et le froid.

Par : KAMAL HAMED

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