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France
Une députée du parti LFI accuse Retailleau d’être « un fauteur de troubles »
18 Mars 2025

Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire «La France insoumise» (LFI), a une nouvelle fois vivement critiqué Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, pour ses déclarations jugées haineuses et incendiaires à l’encontre de l’Algérie.

La députée a exprimé son mécontentement à l’égard de ce qu’elle considère comme un enchaînement de propos racistes et provocateurs de la part du ministre, accusé de nourrir une atmosphère de tension entre les deux pays, au détriment de la paix et de la coopération bilatérale.

Dans une intervention en direct sur une chaîne de télévision française, Mathilde Panot n’a pas hésité à qualifier Bruno Retailleau de «fauteur de troubles» et a dénoncé l’aggravation des relations entre la France et l’Algérie. En abordant les accusations portées par Retailleau contre l’Algérie, elle a exprimé son désaveu total, estimant que les propos du ministre ne servent qu’à nourrir des stéréotypes racistes et à exacerber des tensions inutiles entre deux peuples qui ont une longue histoire commune.

Des propos incendiaires : un ministre à la dérive

Les déclarations de Bruno Retailleau, accusant l’Algérie de jouer un rôle de «fauteur de troubles», ont été interprétées comme une forme de provocation gratuite. Mathilde Panot a exprimé son indignation face à ces accusations et a insisté sur le fait que de telles déclarations ne font que nuire à l’image de la France sur la scène internationale, notamment vis-à-vis de l’Algérie, un pays avec lequel la France entretient des relations historiques complexes, mais également fraternelles. «Notre relation avec le peuple frère algérien n’a pas à servir les intérêts personnels d’un petit fauteur de troubles comme monsieur Retailleau», a-t-elle affirmé lors de son intervention.

Loin de s’arrêter à des critiques politiques, Panot a pointé des propos qu’elle juge indignes et racistes, qu’il s’agisse de l’utilisation de termes comme «Français de papier» ou des références à «les belles heures de la colonisation», ou encore des phrases telles que «Régression vers les origines ethniques».
Ces termes sont perçus comme une insulte directe à la mémoire de millions de personnes, qu’elles soient d’origine algérienne ou issues de l’immigration post-coloniale. «Utiliser de telles expressions dans le discours politique français, c’est alimenter un climat de haine et de division», a ajouté Mathilde Panot.

Un ministre qui outrepasse ses fonctions

Mathilde Panot a également insisté sur un autre point crucial : celui des prérogatives de Bruno Retailleau. Selon elle, le ministre de l’Intérieur, en se mêlant des affaires diplomatiques, dépasse largement ses fonctions. «Ne pas censurer le gouvernement Bayrou, c’est laisser l’offensive raciste de Retailleau continuer», a-t-elle déclaré. Panot a rappelé que le ministre de l’Intérieur n’est ni ministre des Affaires étrangères ni président de la République, et que ce type de prise de position relève uniquement de la compétence des autorités habilitées à gérer la politique étrangère de la France.

La députée de la France insoumise a souligné que Bruno Retailleau n’avait ni l’autorité ni la légitimité pour jouer un rôle aussi influent dans la gestion des relations internationales, et encore moins dans un dossier aussi sensible que celui de la diplomatie franco-algérienne. Pour elle, l’interférence de Retailleau dans ce domaine est une violation des principes constitutionnels français qui délimitent les responsabilités des différents acteurs du gouvernement. «Quand un ministre de l’Intérieur dépasse ses fonctions et prend des positions aussi tranchées sur la politique étrangère, cela devient dangereux pour la stabilité de nos relations avec des pays partenaires, comme l’Algérie», a insisté Mathilde Panot.

Les risques d’une escalade des tensions

Panot a mis en garde contre l’escalade des tensions qui pourrait résulter de telles déclarations. Selon elle, ces dernières risquent de provoquer des blessures inutiles chez les millions de Français d’origine algérienne qui vivent en France et entretiennent des liens directs avec le peuple algérien.

«Jouer l’escalade à tout-va, bomber le torse, provoquer des blessures chez des millions de nos concitoyens qui sont liés au peuple algérien, au peuple de la Méditerranée, n’aidera en rien», a-telle déclaré. Elle considère qu’une telle attitude n’est pas seulement une erreur diplomatique, mais aussi une faute morale, dans la mesure où elle ravive des conflits et des blessures anciennes. Les relations francoalgériennes ont toujours été marquées par une histoire coloniale douloureuse, et des déclarations comme celles de Retailleau risquent de remettre en cause des décennies d’efforts de réconciliation.

La diplomatie, seule voie possible

Pour Mathilde Panot, la solution réside dans la diplomatie. Elle appelle à une gestion apaisée des relations entre les deux pays, fondée sur le respect mutuel et la coopération plutôt que sur la confrontation et les insultes. «Il ne sert à rien de jouer le rapport de force. Il faut une gestion par la diplomatie, un dialogue respectueux et sincère», a-t-elle affirmé.

Panot a d’ailleurs rappelé que la France et l’Algérie partagent de nombreux intérêts communs, notamment dans les domaines économique, culturel et sécuritaire, et qu’il est impératif de renforcer cette coopération plutôt que de la mettre en péril à cause de discours qui n’ont pour but que de semer la division. Elle a insisté sur le fait qu’il était essentiel d’aller audelà des tensions historiques et de se concentrer sur l’avenir. «Les Français et les Algériens, qui ont vécu des décennies de souffrances communes, doivent s’efforcer de bâtir un avenir de coopération, et non se laisser diviser par des provocations politiques», a-t-elle déclaré.

La montée d’une campagne de désinformation

Mathilde Panot n’est pas seule à critiquer les propos de Bruno Retailleau. En France, plusieurs voix se sont élevées contre une campagne de désinformation qui semble se renforcer, particulièrement au sein de certains ministères et parmi des personnalités de l’extrême droite. Selon de nombreux observateurs, cette offensive verbale contre l’Algérie prend des proportions inquiétantes et menace de remettre en cause les avancées diplomatiques des dernières années.

Ces attaques ne sont pas sans conséquences. Elles ravivent les tensions autour de la mémoire coloniale, un sujet qui reste hautement sensible pour de nombreuses personnes d’origine algérienne vivant en France. La qualification de «belles heures de la colonisation», prononcée par Retailleau, a notamment été perçue comme une tentative de minimiser les souffrances infligées aux peuples colonisés, et a fait réagir de nombreuses associations et personnalités politiques.

Un appel à la paix et à la réconciliation

En fin de compte, Mathilde Panot plaide pour un retour à la raison et à la diplomatie. Elle considère que les discours provocateurs n’ont pas leur place dans le cadre de la politique étrangère française et que des efforts doivent être faits pour réparer les relations franco-algériennes.

Loin des polémiques et des antagonismes, elle appelle à une gestion sereine des relations bilatérales et à une coopération renforcée, notamment dans les domaines de l’économie, de l’éducation et de la culture. Pour la députée LFI, il est fondamental de préserver l’amitié entre les peuples français et algérien, fondée sur le respect mutuel et l’histoire partagée, et de ne pas laisser la politique intérieure française déstabiliser cette relation historique.

Par : HAMROUCHE MOUNIR

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