La volonté de la France de vouloir cacher ses crimes coloniaux n’ont pas résisté au temps. Durant de nombreuses décennies la France, dont les crimes commis en Algérie sont autant atroces qu’innombrables, a tout fait pour dissimuler à l ‘opinion publique française les méfaits du colonialisme et surtout les atrocités commis contre le peule algérien.
Mais comme les vérités finissent toujours par éclater au grand jour, la France est désormais rattrapée par son lourd passé colonial. Il en est ainsi de l’usage massif des armes chimiques contre les populations ainsi que le recours systématique à la torture contre les résistants algériens lors de la Guerre de libération nationale. Des pratiques à grande échelle qui sont loin d’être des cas isolés puisque c’est sur ordre du pouvoir politique qu’elles ont été commises.
En somme l’Etat français est pleinement responsable de ces crimes. A ce titre les révélations se sont multipliées ces derniers jours sur ces atrocités. La presse française s’est en effet saisie de ce dossier sensible et c’est ainsi que le journal Libération et le site Media part se sont distingués en évoquant le recours aux armes chimiques et à la torture pour réduire au silence la résistance algérienne.
A ce titre le journal électronique français Mediapart a révélé, avant-hier dimanche, que la torture infligée au peuple algérien durant la Guerre de libération nationale avait été généralisée sur la base d’une instruction classée «très secrète» émanant du général criminel Raoul Salan, adressée à tous les officiers supérieurs de l’armée française d’extermination. L’enquête intitulée «Guerre d’Algérie : ordres militaires pour généraliser la torture» s’appuie sur un document d’archive daté du 11 mars 1957, et indique que «la torture a été ordonnée par le commandement militaire français en Algérie avec l’accord de l’autorité politique».
Le média a ajouté qu’après avoir « expérimenté la torture à Alger en 1957, les généraux ont recommandé sa généralisation». L’auteur de l’enquête, Fabrice Riceputi, a clairement et explicitement mentionné le nom du général Raoul Salan, en tant qu’auteur de l’instruction dont le sujet était «l’interrogatoire des suspects».
Le journaliste a ajouté que cette note justifiait le recours à la torture par «les expériences récentes menées dans certaines régions, qui ont mis en évidence les bénéfices pouvant être tirés, notamment dans les villes, grâce à des interrogatoires poussés et immédiatement exploités». Le document indique que les militaires qui recouraient à cette pratique recevaient des ordres oraux pour «ne pas diffuser cet ordre personnel par écrit sous quelque forme que ce soit».
L’auteur de l’enquête a affirmé que «c’est le cas pour de nombreuses instructions du général Salan, mais cette instruction en particulier était difficile à dévoiler ». L’enquête a également mentionné que les mots «avaient été choisis avec soin pour éviter des accusations infamantes et des poursuites judiciaires si le cadre politique venait à changer».
L’enquête a révélé que le 10 mars 1957, à la veille de la publication de cette instruction par Salan, le général Massu avait émis une autre note sur le même sujet, adressée à la 10e division de parachutistes qu’il commandait en Algérie. Quelques jours plus tard (23 mars 1957-ndlr), ce fut au tour du général Allard, commandant du corps militaire à Alger, de suivre les ordres de Massu et Salan concernant la généralisation des méthodes utilisées à Alger.
IL faut dire que durant cette période la soldatesque française voulait réduire au silence les combattants algériens dans ce que les Français appellent « la Bataille d’Alger ». Une épreuve de force ou des centaines, voire de milliers d’algérien sont été torturés et certains ont été froidement assassinés comme ce fut le cas pour Larbi Benmhidi, dont la France n’a reconnu les faits que des décennies plus tard. Il n’y a pas que la torture qui a été utilisé contre le peuple algériens puisque le recours massif aux armes chimiques est désormais acté et prouvé.
C’est ainsi que le journal français Libération vient de donner la parole à Claire Billet, la réalisatrice d’un documentaire sur l’usage des armes chimiques, et Christophe Lafaye, historien dont les recherches ont alimenté l’essentiel d’un documentaire qui a fait un grand bruit en France.
Il a notamment été déprogrammé par une chaine de télévision dans le but évident de cacher les crimes de la France coloniale. Un fait qui a provoqué une grande controverse en France. Les auteurs du documentaire ont notamment consultés les archives et recueils des témoignages de victimes et d’anciens combattants pour mettre en lumière l’ampleur de ce qu’ils qualifient de «guerre chimique décidée en haut lieu et généralisée sur l’ensemble du territoire algérien».Toutes ces révélations vont sans doute mettre à mal la France coloniale qui n’a eu de cesse de s’enorgueillir de sa «mission civilisatrice» en Algérie et des «bienfaits de la colonisation».