Au sommet extraordinaire de la Ligue arabe tenue au Caire mardi dernier, l’Algérie a , une nouvelle fois, fait entendre sa voix s’agissant du conflit du Moyen-Orient en général et de la défense des intérêts du peuple palestinien en particulier.
Une position que d’aucuns ont interprété comme étant pratiquement en porte à faux avec la tendance actuelle que prône nombre de pays arabes. Certains pays arabes, qui se comptent sur les doigts d’une seule main, se sont en effet pratiquement accaparés la décision au sein de la Ligue des Etats arabes en marginalisant les autres pays. L’Algérie ne considère pas cette orientation comme positive et Alger l’a fait clairement savoir ces derniers jours.
Même durant le sommet, le chef de la délégation algérienne, Ahmed Attaf, ministre des Affaires étrangères, a clairement fait cas de cette « remontrance » algérienne. L’absence du président de la République à ce sommet, dont les travaux se sont essentiellement focalisés sur la question palestinienne et principalement le lourd dossier de la bande de Ghaza, est en soi significative, à plus d’un titre, des reproches de l’Agerie cette tendance qui fait que la décision arabe est principalement animée et orientée par un nombre très réduit de pays membres de la Ligue des Etats arabes.
En vérité, cette position de l’Algérie est déjà connue et n’a eu de cesse d’être exprimée par le passé, mais d’une manière un peu subtile et discrète. Mais, cette fois-ci, il semble que les choses sont allées beaucoup plus loin amenant, du coup, l’Algérie a manifesté son opposition d’une autre manière sur un ton beaucoup plus direct. En effet l’absence du président Tebboune a été justifiée et c’est pratiquaient une première dans les us et coutumes de la diplomate algérienne.
« Cette décision intervient dans le contexte des déséquilibres et des lacunes qui ont entaché le processus de préparation de ce sommet, dans la mesure où ce processus a été monopolisé par un groupe limité et étroit de pays arabes qui ont accaparé la préparation des dossiers du prochain sommet du Caire sans aucune coordination avec le reste des pays arabes, qui sont tous concernés par la question palestinienne ».
C’est ce qu’a rapporté l’APS citant une source bien informée sur les raisons de l’absence du président Tebboune au sommet. La source de l’APS a souligné «que le Président de la République éprouve un sentiment d’insatisfaction par rapport à cette façon de faire, basée sur l’inclusion de pays et l’exclusion d’autres, comme si le soutien de la cause palestinienne était devenu aujourd’hui le monopole de certains et pas d’autres».
Selon de nombreux analystes, ce grief de l’Algérie s’adresse essentiellement à quatre pays que sont l’Egypte, l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Emirats arabes unis. Un « quarteron » de pays qui semble avoir pris en otage la décision arabe pour en faire un « fonds de commerce » ou une « monnaie d’échange » en vue de tirer des dividendes sur le dos des palestiniens et de leurs droits. Cela est désormais inadmissible pour l’Algérie.
Lors du sommet Ahmed Attaf n’a pas manqué d’adresser des reproches sur la marginalisation des palestiniens alors qu’il s’agit avant tout d’une question qui les concerne en premier lieu. Il a affirmé l’Algérie «insiste sur la nécessité de préserver et de respecter l’indépendance de la décision palestinienne, notamment face aux velléités récentes visant à marginaliser la voix palestinienne et à l’exclure des démarches post-agression contre Ghaza», ajoutant que ces démarches
«doivent renforcer et non affaiblir les fondements de notre cause, et clarifier et non brouiller ses contours, sur la voie de l’établissement d’un Etat palestinien indépendant et souverain». Des propos qui ne manquent pas d’équivoque e qui attestent , en filigrane, de la déception et de la colère d’Alger à l’égard de cette administration de la cause palestinienne.