La dernière décision des autorités monétaires en fixant le montant des transferts de devises à 7500 Euros l’année pour les voyageurs a bousculé les mœurs. Les marchés de l’informel se trouvent directement impactés par cette mesure qui ne va pas arranger leurs affaires.
Il faut rappeler que le règlement n°24-35 du 13 octobre 2024 fixe pour les résidents et non résidents algériens « au transfert d’un montant maximal en espèces de 7500 euros pour l’année civile » au titre de leur voyage à l’étranger et au-delà de cette somme un avis bancaire est exigé. Cette décision qui a fait baisser pas pour longtemps les cours des devises dans le marché parallèle, a ensuite légèrement observé une petite hausse dans les transactions où la moyenne de 100 Euros s’échange à plus de 25.400 DA.
Les autres monnaies telles que le dollar et la livre sterling observent également une hausse étant donné que la plupart des voyageurs ont des liens ou des intérêts dans les pays d’Europe occidentale. Mais le souci de la Banque d’Algérie est d’appliquer ces prérogatives de régulation des marchés de la devise en instituant un contrôle systématique sur les montants à transférer. Des experts financiers affirment que la sphère de l’informel en termes de transactions en devises à près de 55,18 milliards de dollars qui circulent dans les places publiques. D’autant que cette masse monétaire représente 5 à 10% de la devise en Algérie par rapport au cours réel des banques qui détient la majorité des transactions.
Le recours au contrôle strict de la devise détenue par les particuliers n’est pas perçu par les autorités comme un tour de vis mais un axe qui fait partie de la stratégie de lutte contre l’évasion des devises à l’étranger. Selon un expertise du ministère des Finances, le marché informel peut brasser jusqu’à 90 milliards de dollars de transactions. Cela s’explique par une forte demande d’achat sur l’importation des véhicules pour les particuliers, les soins médicaux à l’extérieur et le pèlerinage aux lieux saints. Ceci dit, l’Etat compte resserrer le marché des échanges surtout pour les importateurs qui disposent d’un accès d’achat ferme de la devise effectuée dans les banques.
A ce niveau, il a été indiqué selon le gouvernement que « le montant de la surfacturation des produits importés se situe entre 30 à 35% de la valeur réelle des marchandises ». Pour mettre terme à cette situation qui fait la saignée de l’économie nationale, l’Etat a obligé les opérateurs à procéder à la déclaration de la domiciliation bancaire de chaque opération d’importation avant 30 jours de la date fixée pour la transaction. D’autre part, l’objectif de la régulation du marché de la devise est de créer plus tard un marché où les outils de paiement numérique doivent primer au détriment du cash. Rappelons que l’institution des bureaux de change pour les transactions en devise est encadrée par la loi 23-09 du 21 juin 2023. Il faudra encore attendre les décisions des autorités pour voir apparaître les premiers bureaux de change en Algérie.