Des voix au sein du Parti socialiste de Sánchez réclament un changement de position sur le Sahara occidental.
Le Parti socialiste ouvrier espagnol, actuellement au pouvoir, fait face à un mécontentement interne concernant sa position sur la question du Sahara occidental, jugée, selon de nombreux militants, incohérente avec la décision rendue par la Cour de justice de l’Union européenne le 4 octobre dernier, qui a statué, comme il est bien connu, qu’il n’y a pas de souveraineté du régime marocain sur les territoires sahraouis. Des responsables et des jeunes du parti demandent au président du Gouvernement espagnol,
Pedro Sánchez, de rectifier la position de l’Espagne sur la question sahraouie, après le changement de cap opéré par le Gouvernement de Madrid en 2022, qui a soutenu le plan d’autonomie proposé par le régime marocain pour le Sahara occidental, en dehors des résolutions des Nations unies et du droit international. En réponse au mécontentement des membres du parti concernant la position du Gouvernement de Sánchez sur la question sahraouie, le Parti socialiste ouvrier espagnol a décidé de supprimer toute mention du Royaume du Maroc et du Sahara occidental lors de son 41e congrès, prévu fin novembre à Séville, comme l’a rapporté le quotidien espagnol El Independiente, contrairement aux demandes de nombreuses fédérations et groupes régionaux et locaux, poussés par les bases militantes.
Le changement de position du Gouvernement espagnol sur le Sahara occidental a provoqué une crise au sein du parti et du Gouvernement local, ainsi qu’une tempête diplomatique avec l’Algérie, qui a rappelé son ambassadeur à Madrid et imposé des sanctions économiques contre les entreprises espagnoles exportant vers l’Algérie, provoquant la faillite de nombreuses d’entre elles, selon des rapports médiatiques espagnols.
Les responsables du Parti socialiste soulignent la nécessité de corriger l’écart pris par Pedro Sánchez en mars 2022, en rétablissant la position historique du parti en faveur de l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour l’ancienne colonie espagnole, considérée comme la dernière colonie en Afrique, indique la source. En effet, les jeunes vont même plus loin en demandant la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique, à l’instar de la décision de reconnaître l’État de Palestine en mai dernier. Les partisans de cette position justifient la nécessité de rectifier la position espagnole par les « décisions des Nations unies et de la Cour de justice de l’Union européenne, qui reconnaissent le droit à l’autodétermination du Sahara occidental et appellent à la tenue d’un référendum ».
Pour ceux qui défendent ce point de vue, la Cour nationale, présidée par le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a reconnu que l’Espagne demeure la puissance administrante du Sahara occidental, soutenant le juge qui a défendu en septembre dernier le renvoi collectif des migrants sahraouis ayant demandé l’asile politique en Espagne. Le changement de position de Madrid sur la question sahraouie a entraîné de nombreuses mises en cause légales au sein du parlement, et la majorité a échappé à une motion de censure à chaque fois, ce qui a poussé son président à abandonner tout soutien direct au plan d’autonomie marocain dans les forums internationaux (Nations unies) et lors d’occasions officielles telles que les visites réciproques.
Le moment actuel est décrit comme « idéal » pour réfléchir à la question sahraouie, notamment après les trois jugements rendus par la Cour de justice de l’Union européenne le 4 octobre 2024, qui ont statué contre le pillage des ressources du peuple sahraoui, réaffirmant que la Cour distingue clairement le Maroc du Sahara occidental et prononce l’annulation des accords entre l’Union européenne et le régime marocain, selon la même source citée par des responsables du parti.
Dès lors, étant donné qu’elle est la puissance administrante historique du Sahara occidental, l’Espagne porte une « responsabilité morale et politique incontournable », ajoutent les mêmes responsables. Ils proposent que Madrid reprenne un rôle actif dans le processus de décolonisation, reconnaisse officiellement la République arabe sahraouie démocratique, renforce sa coopération avec le Front Polisario et exerce des pressions diplomatiques efficaces sur le régime marocain pour respecter une solution pacifique fondée sur le droit à l’autodétermination, en ligne avec la reconnaissance de l’État palestinien par le gouvernement de Sánchez en mai dernier.