Aujourd’hui, le secteur informel représenterait, selon les estimations les plus basses, entre 37 % et 40 % de l’économie algérienne, et s’il concerne plus de 15 secteurs d’activité, notamment le textile, la chaussure, les logiciels informatiques et les cosmétiques, les plus affectés sont le bâtiment (34 % de l’emploi informel), le commerce (20 %) et les transports (6 %).
Véritable plaie dans l’économie nationale, le marché informel représente selon un rapport du ministère des Finances, il y a près de 6500 milliards de dinars qui circule hors réseau bancaire et le pire des chiffres fait que presque 90 milliards de dollars sont brassés par les transactions souterraines.
Des experts se sont penchés sur la question lors d’un débat à la Radio nationale. Brahim Guendouzi, professeur en économie aborde la question en affirmant que «le chiffre cité par le Président dans ces différentes déclarations est ahurissant car cela dénote d’une économie informelle qui sous-tend l’économie réelle». Selon lui «ce phénomène tire sa force des dysfonctionnements des politiques publiques et des pénuries de certains produits ». Les différents constats établis ne suffisent plus selon ce spécialiste qui considère que « la digitalisation de l’économie et l’utilisation des nouvelles technologies peuvent contribuer à la conversion des activités de l’informel et rendre transparente la traçabilité des transactions de paiement ».
Pour une autre spécialiste, Djamila Benssadi qui est membre du club de l’économie du centre algérien de la diplomatie économique « il y a plusieurs obstacles qui font résister à la lutte de l’économie informelle dont certaines réglementations lourdes, un niveau d’imposition élevé et un excès de formalités administratives ». Il faut relever selon le dernier bilan fourni par le gouvernement que « les pertes fiscales de l’Etat se situent à 1 milliard de dollars et 155 milliards de dinars en 3 ans. Cette perte que subit le Trésor public s’ajoute au déficit commercial et ne fait que prospérer les tentacules de ce commerce lucratif et illicite».
La spécialiste suggère de nouvelles pistes afin d’absorber l’argent informel. Parmi lesquelles, il est fait mention « de simplifier les procédures administratives et instaurer un impôt en adéquation avec l’activité économique, proscrire la culture du cash en bancarisant l’argent circulant hors réseau bancaire ». Il est à noter que dans ce cadre, la loi de finances 2025 a pris une série de mesures à travers l’interdiction formelle du cash dans les transactions d’achat et de vente des véhicules et l’immobilier.
La deuxième mesure consiste à garantir des dépôts des montants de l’informel en instituant une animiste fiscal et l’abandon des poursuites judiciaires pour les détenteurs de ces sommes avec des propositions pour la conversion de cet argent pour l’investissement. La généralisation du commerce digital qui ne fait que progresser qui va atteindre les 24% des transactions commerciales est un premier pas invitant le recyclage de l’économie informelle en économie réelle.