Le Midi Libre - Supplément Magazine - « Les lois ne sont pas toujours appliquées »
Logo midi libre
Edition du 18 Novembre 2024



Le Mi-Dit

Caricature Sidou


Archives Archives

Contactez-nous Contacts




Professeur Lamara Mahamed Amer, médecin de travail, Au Midi Libre
« Les lois ne sont pas toujours appliquées »
26 Septembre 2012

Le médecin de travail a pour rôle de veiller sur la santé du salarié pour déterminer l’aptitude médicale de ce dernier. Il peut également permettre de dépister une maladie professionnelle (ou à caractère professionnel résultant de son activité) et des maladies dangereuses pour l’entourage. Le Professeur Lamara Mahamad Amer, specialiste dans le domaine, nous explique les perspectives et les contraintes relatives à cette spécialité.

Midi Libre : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la santé en milieu professionnel ?
Pr Lamara M. A. : La santé en milieu professionnel est une spécialité qui va s’occuper de la santé du travailleur et va veiller à la sauvegarde de celle-ci. Pourquoi ? Parce qu’en milieu du travail, on peut rencontrer beaucoup de nuisances qui peuvent altérer la santé des travailleurs si on ne prend pas les précautions adéquates.
Quelles sont ces
mesures et précautions à prendre ?
Ces précautions vont agir sur deux volets, à savoir :
Premier volet : sur les conditions de travail, comme les améliorer afin de permettre aux employés de travailler dans un milieu favorable.
Deuxième volet : veiller sur le suivi médical du travailleur. Dès qu’un symptôme en relation directe avec son travail apparaît, prendre le patient en charge convenablement ; ce que le médecin généraliste peut ne pas détecter.
Ainsi, une personne qui travaille avec de la silicose risque de tomber malade. En effet, la silicose est une maladie pulmonaire provoquée par l’inhalation de ces particules. La personne qui travaille avec l’amiante ou des produits de l’amiante court un grand risque de développer un mésothéliome. En milieu hospitalier, les prestataires de la santé risquent d’être contaminés par les maladies infectieuses.
Quelles sont les
spécialités dans la santé du travail ?
Vous avez les hygiénistes industriels qui interviennent avec les ingénieurs de sécurité, les ergonomes, les psychologues du travail, les sociologues ... donc c’est tout un monde et chacun analyse une facette du travail.
Dispose-t-on vraiment en Algérie de suffisamment de médecins de travail ?
Au jour d’aujourd’hui, il y a plus de 1.600 médecins de travail, et cela fait plus de 30 ans qu’on forme des médecins de travail .
Y a-t-il une loi pour encadrer la médecine du travail ?
Bien entendu, la loi existe mais malheureusement, comme toutes les lois en Algérie, elle n’est pas appliquée à 100%. Il y a beaucoup d’entreprises qui viennent et signernt avec nous des conventions, mais après on constate un manque de suivi par rapport à l’objet.
Quelles sont
les raisons de
ce manque de suivi ?
Parce que, d’abord, il y a une contrainte pour l’employeur. En effet, ce dernier, quand il vient vous voir, il doit prendre une journée et surtout il ne veut pas que le médecin découvre qu’il souffre d’une maladie qui est en relation directe avec son travail, car il risque de perdre ce poste. En plus, l’autre obstacle à la médecine du travail c’est la convention qui date depuis plus de 30 ans. Cette convention est tarifée à 100 DA la consultation et cela c’est un véritable scandale, parce que cette somme symbolique ne représente absolument rien. Lorsqu’on prend en charge une entreprise publique, nous sommes perdant sur le plan pécuniaire et l’argent doit revenir à l’Etat, et lorsqu’on prend en charge une unité privée, alors là on est doublement perdant parce qu’il s’agit d’une entreprise privée et parfois étrangère qui se fait de l’argent en Algérie et qui ne paye pas au tarif réel la médecine du travail. Dans la médecine du travail, il y a le coût des consultations et il y a aussi le coût des évaluations des nuisances.
Comment arrive-t-on à évaluer les nuisances ?
Si on veut évaluer les nuisances en milieu du travail, il faut un sonomètre qui coûte 60 million de centimes et ce n’est pas avec 100 DA de consultation par personne qu’on peut s’offrir cet instrument, et je rappelle que dans le temps, l’Organisation nationale de médecine du travail, qui a existé en Algérie jusqu’n 1974, prenait 0,5% de la masse salariale et avec cette somme, elle pouvait acheter des équipements et matériels médicaux parce que la médecine du travail c’est aussi un matériel surtout pour l’évaluation de ces nuisances. Il faut évaluer la température, le bruit, l’intensité de la lumière et chacune de ces nuisances a un appareil qui lui correspond et qui coûte très cher, car généralement acheté à l’étranger.
Un dernier mot…
Pour terminer, il faut qu’il y ait une sensibilisation de tous nos confrères pour faire comprendre aux travailleurs ce qu’est le bien-fondé de la médecine du travail. Ce qu’il faut rappeler est que même les médecins sont concernés puisque leur santé peut s’altérer. Ils ont donc un rôle à jouer puisque la prise en charge de la santé d’un citoyen c’est une chaîne médicale et de solidarité et aussi bien les corps médical que paramédical sont concernés par la prise en charge de la santé du citoyen en général et du travailleur en particulier.

Par : Ourida Ait Ali

L'édition du jour
en PDF
Le Journal en PDF
Archives PDF

El Djadel en PDF
El-Djadel en PDF

Copyright © 2007 Midilibre. All rights reserved.Archives
Conception et réalisation Alstel