Jusque-là, l’Algérie, c’est naturellement l’image d’un pays jeune. Vantant cette richesse que même les grands pays nous envient ! Cette réalité masque cependant autre chose dont on parle trop rarement :

L’Algérie, sans se rendre compte, a pris le train du vieillissement. Souvent considéré comme un non-sujet, parfois comme un sujet qui concerne surtout les sociétés occidentales, et même peut-être comme l’un des tabous de notre société, le vieillissement est pourtant un sujet dont nous devons nous emparer ! En effet, la population algérienne, comme celle des pays du monde, vieillit et d’une manière plus rapide ! La part des 60 ans et plus passe de 7,4% de la population totale en 1998 à 9,5% en 2022. Démographiquement, nous sommes une population qui va vers le vieillissement.

Les choses ne devraient donc pas s’arranger dans les années à venir. Cette situation, même si elle est encore à ses débuts, est rapide, selon les données chiffrées de l’ONS (lire l’entretien avec Saliha Ouadah, chercheur en démographie). La tendance s’est enclenchée il y a 26 ans, lors du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 1998, où il était mentionné «un net rétrécissement à la base et un élargissement au sommet». Aujourd’hui, le contexte démographique de l’Algérie se caractérise par une transition démographique très rapide au vu des indicateurs démographiques.

Une baisse importante de la natalité, de la fécondité et aussi de la mortalité avec une augmentation de l’espérance de vie. On vit plus et dans de meilleures conditions. Ces indicateurs sont certes bons en matière de développement, mais cela pourrait être problématique s’ils viennent à se prolonger dans le temps. En 2050, l’âge moyen atteindra 42 ans et le nombre de personnes âgées explosera à 12,2 millions d’habitants, soit 26,2 % de la population totale de l’Algérie, selon les spécialistes.

Soit un Algérien sur cinq, aura plus de 60 ans, en 2040. La tendance au vieillissement de la population est une réalité qui saute aux yeux si l’on sait que les plus de 65 ans augmentent de manière beaucoup plus rapide qu’elle ne l’a été en Europe et où elle devrait doubler d’ici à 2050. La prise en charge des aînés devient donc un impératif sociétal pour permettre de faire face à cette autre transition démographique. Notre pays n’échappe finalement pas à la réalité mondiale : le rythme de croissance de la population de 60 ans et plus est en augmentation, avec aussi une baisse de la part de la population jeune.

Ce qui donnera toujours plus de retraités pour toujours moins de cotisants, mettant ainsi en péril tout type de système de retraite. Et c’est particulièrement le vieillissement démographique qui inquiète les statisticiens et les démographes. Pour l’instant, on n’en est pas encore à un stade alarmant, mais le passage est extrêmement rapide, au point d’inquiéter les spécialistes qui veulent attirer l’attention des pouvoirs publics.