Le Premier ministre français Michel Barnier a considéré dans un entretien télévisé que « la France compte des pays proches comme l’Algérie avec qui le dialogue est possible ». C’est un désaveu pour le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui avait prôné à la remise en cause de l’accord d’Alger de 1968.
Le chef de l’exécutif français a tenu des propos conciliants sur un dossier brûlant que celui du contrôle migratoire en France. Il a considéré que « nous pourrons en effet examiner toutes les dimensions et si nécessaire la délivrance de visas à l’aide au développement ».
La France tente de désamorcer la bombe de son ministre de l’Intérieur qui voulait s’attaquer sur un accord classé et entériné depuis plus d’un demi-siècle. Les algériens qui avaient contribué à l’économie française n’ont pas lésiné à fournir leurs bras dans les métiers les plus difficiles et dégradants au moment même où les français de souche répugnaient à la besogne. Aujourd’hui, le pouvoir de Macron veut revenir à de meilleurs sentiments sur le dossier émigration algérienne.
Pour preuve, le Premier ministre français est revenu sur les algériens frappés par la mesure de l’obligation de quitter le territoire français ou OQTF. Barnier a indiqué qu’il faut « prôner le dialogue, prolonger les discussions avec les pays d’origine des migrants illégaux ».
S’exprimant également sur le fait de transposer les migrants illégaux dans leur pays d’origine, le Premier ministre précise «qu’en France, cette mesure est impossible ». A Rappeler que la reconduction des immigrés clandestins a été initiée par l’Italie mais n’a pas été suivie par d’autres pays de l’Union européenne. Il est à noter que selon un rapport du ministère de l’Intérieur français, il y a entre 600 à 700.000 clandestins en France alors que la reconduction au territoire d’origine dans le cadre de l’OQTF concerne 50 à 120.000 cas par an. Et encore que contrairement à une idée répandue, les clandestins de l’Afrique sub saharienne sont plus nombreux que les maghrébins. Il faut ajouter que selon la même source seuls 25% de ces OQTF sont respectés alors que la plupart des autres cas sont libérés par décision de justice.
Rien n’empêche que la France qui va durcir encore la loi sur l’émigration est dans un dilemme. D’un côté, les migrants clandestins dont il sera difficile d’extirper du sol français même avec des décisions de surveillance de ces flux intra-muros. De l’autre côté, les contradictions de la loi veulent consacrer uniquement la normalisation des sans-papiers uniquement exerçant dans les métiers pénibles. Une loi qui ne fait pas l’unanimité même si le bloc gouvernement s’est associé à l’extrême-droite pour valider le ticket de cette législation décriée. En ce qui concerne les algériens qui séjournent irrégulièrement en France, il n’y pas de chiffres précis qui aient été annoncés officiellement en Hexagone.