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Un cessez-le-feu en temps de génocide
29 Novembre 2023

La population de Gaza ne se satisfera de rien d’autre que de la fin du siège, de l’occupation et de l’apartheid.

L’amère réalité pour nous, Palestiniens de Gaza, est que nous sommes seuls, assiégés et considérés comme des indésirables, même par certains de ceux qui sont censés être nos frères. 45 jours de massacres barbares ont coûté la vie à plus de 15.000 personnes, dont plus de 6.000 enfants et 4.000 femmes. Parmi les milliers de personnes tuées, on compte des étudiants, des médecins, des infirmières, des commerçants et des jeunes que leurs familles avaient envoyés chercher de la nourriture ou de l’eau. Plus de 7.000 personnes sont toujours portées disparues, dont 4.000 enfants – la plupart d’entre eux sont morts, ensevelis sous les décombres de leur maison.

D’autres meurent dans les hôpitaux détruits par les bombardements, qui ne sont plus opérationnels, et dans les quelques hôpitaux qui fonctionnent encore, mais qui ne peuvent pas faire face aux dizaines de milliers de blessés en raison du manque de personnel et de matériel médical. Bientôt, ils seront encore plus nombreux à mourir de maladie, de faim et du froid hivernal. En prenant délibérément pour cible des habitations civiles, Israël a complètement rayé des milliers de familles du registre de la population. Quelque 1,7 million de personnes ont été déplacées. Depuis 45 jours, les Palestiniens sont laissés seuls face aux assauts de la quatrième armée du monde, qui possède 200 armes nucléaires, des centaines de jets F- 16, des hélicoptères d’attaque, des canonnières, des chars de combat et des véhicules blindés, ainsi que des centaines de milliers de soldats et de réservistes. Alors que la tragédie humanitaire à Ghaza a atteint des niveaux inimaginables, certains régimes arabes n’ont rien fait d’autre que de publier de timides déclarations, dénonçant et condamnant. Et rien de plus. En fait, les régimes arabes ont abandonné à leur sort les Palestiniens depuis 1948 et, à ce jour, les positions officielles arabes sont un mélange de lâcheté et d’hypocrisie. Ils n’ont pas réussi à mettre fin au siège israélien sur Ghaza depuis 17 ans et sont incapables d’arrêter le génocide israélien. À Ghaza, nous nous demandons maintenant comment les timides expressions de soutien émanant des rueset des capitales des nations arabes peuvent être transformées en actions concrètes en l’absence de démocratie.

Nous nous demandons si les Arabes qui vivent sous la férule de régimes autoritaires et oligarchiques peuvent les renverser par des moyens non violents. Nous nous épuisons à essayer de comprendre les moyens possibles pour parvenir à un changement politique démocratique, parce qu’avec le génocide à Ghaza et le régime d’apartheid dans le reste de la Palestine, nous n’avons vu aucune traduction pratique de la solidarité manifestée par certains peuples arabes avec la Palestine. Desmond Tutu, militant anti-apartheid sud-africain et évêque anglican, a dit un jour : « Si vous restez neutre dans les situations d’injustice, c’est que vous avez choisi le camp de l’oppresseur ». Comme je l’ai affirmé lors des attaques brutales d’Israël contre Ghaza en 2009, 2012 et 2014, les Nations unies, l’Union européenne et les États arabes n’ont pas été neutres ; ils sont restés largement silencieux face aux atrocités commises par leforces israéliennes. Comme les milliers de cadavres de femmes et d’enfants n’ont pas réussi à les convaincre de la nécessité d’agir, ils ont pris le parti d’Israël. Cette situation place les Palestiniens de Ghaza devant deux choix : mourir de manière déshonorante en remerciant nos assassins pour un filet de nourriture et d’eau, ou lutter pour notre dignité, pour nous-mêmes et les générations à venir.

Il est désormais clair qu’après des années d’auto-illusion qui ont présenté l’esclavage imposé par l’occupant comme un fait accompli, nous avons choisi la seconde option. Mais au lieu de reconnaître notre résistance en tant que telle et de la replacer dans le contexte de la lutte que mènent les Palestiniens depuis des décennies pour se libérer de l’occupation et de l’apartheid, la communauté internationale la réduit à un « conflit » entre deux parties « égales ». Latrêve en cours et l’initiative de cessez-le-feu à plus long terme reflètent cette attitude. Elles ne tiennent aucunement compte du fait qu’Israël a deux objectifs clairs dans sa guerre contre Gaza : le massacre du plus grand nombre possible de Palestiniens en ciblant les civils palestiniens etl’élimination de toute possibilité de résistance afin demaintenir la stabilité dans ce camp de concentration à ciel

Par : HAIDAR EID

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