Le géant automobile Volkswagen a annoncé, mardi, qu’environ 11 millions de ses voitures dans le monde étaient équipées du logiciel de trucage découvert il y a peu aux Etats-Unis, une affaire qui va très lourdement peser sur ses comptes annuels.
"Des enquêtes internes ont montré que le logiciel en question était aussi présent dans d’autres véhicules diesel du groupe", selon un communiqué de Volkswagen, maison-mère des marques VW mais aussi Audi, Skoda, Seat et Porsche. Jusqu’à présent, son existence n’avait été confirmée que pour quelque 500.000 voitures de marque Volkswagen et Audi vendues outre-Atlantique.
Le trucage, qui visait à contourner les tests antipollution, concerne tous les moteurs diesel de type EA189, soit "un volume total d’environ 11 millions de véhicules dans le monde". Pour les modèles - dont les marques ne sont pas précisées - équipés de ce type de moteur, "une différence frappante entre les valeurs lors du contrôle et lors du fonctionnement réel du véhicule a été constatée", poursuit le groupe. Volkswagen assure travailler "avec acharnement à éliminer ces anomalies" au moyen de "mesures techniques".
Le mastodonte, fleuron de l’industrie allemande, a, par ailleurs, décidé de passer une provision d’environ 6,5 milliards d’euros dans ses comptes du troisième trimestre pour faire face au scandale provoqué par sa tricherie. "Les objectifs de résultats du groupe pour l’année 2015 vont être ajustés en conséquence", a souligné, mardi, l’entreprise, numéro un mondial des ventes, sans donner de précisions.
En 2014, elle a dégagé un bénéfice net part du groupe de 10,8 milliards d’euros. Jusqu’ici, le groupe prévoyait pour l’exercice en cours une hausse jusqu’à 4% de son chiffre d’affaires et une marge d’exploitation, mesure de sa rentabilité, comprise entre 5,5% et 6,5%. Ces annonces ont fait replonger le titre Volkswagen, coté à la Bourse de Francfort, après une séance déjà cauchemardesque la veille. A 10h18 GMT, l’action s’effondrait de 23,18% à 101,35 euros dans un marché en repli de plus de 3%.
Volkswagen, discrédité par ses moteurs truqués, se choisit un nouveau patron
Le colosse automobile Volkswagen s’est choisi vendredi un nouveau patron, le chef de Porsche Matthias Müller, qui a promis que toute la lumière serait faite sur l’affaire des moteurs truqués et que le groupe, profondément ébranlé, allait s’en remettre. Comme cela était pressenti, les vingt membres du conseil de surveillance réunis au siège de Volkswagen à Wolfsburg, dans le nord de l’Allemagne, ont désigné M. Müller, 62 ans et à la tête de Porsche depuis 2010, pour succéder à Martin Winterkorn.
A l’issue de plusieurs heures de réunion, le chef de l’organe de contrôle Berthold Huber a évoqué à propos de l’affaire "un désastre moral et politique" pour l’entreprise, numéro un mondial de l’automobile fort de 590.000 salariés. Mais "nous pouvons et nous allons surmonter cette crise" et faire de Volkswagen un groupe plus fort, a promis M. Müller, grand amateur de football et de sports automobiles et pur produit de l’empire Volkswagen.
M. Winterkorn, aux commandes depuis 2007, avait démissionné mercredi, assumant la pleine responsabilité du scandale qui a éclaté il y a une semaine aux Etats- Unis, et qui a depuis ébranlé le secteur automobile. M. Winterkorn est parti en affirmant n’avoir rien su du logiciel implanté sur les moteurs diesel de quelque 11 millions de voitures dans le monde, et destiné à fausser les résultats des tests antipollution.
Sur ce nombre, 2,8 millions sont en circulation en Allemagne, a annoncé vendredi le ministre allemand des Transports. Le groupe a indiqué vendredi soir que 5 millions de véhicules de la marque Volkswagen (Golf de 6e génération, Passat de 7e génération, Tiguan) étaient concernés dans le monde, tous équipés de moteurs diesel EA 189. Scandale des moteurs truqués :
Volkswagen poursuit sa descente aux enfers Empêtré dans le scandale des moteurs truqués, le groupe Volkswagen, avec à sa tête un nouveau patron, poursuivait samedi sa descente aux enfers avec des mesures d’interdiction de vente de modèles diesel dans plusieurs pays. Désigné vendredi pour succéder
à Martin Winterkorn, Matthias Müller, 62 ans, était à la tête du constructeur de luxe Porsche depuis 2010. Il a promis de faire toute la lumière sur l’affaire qui a fait perdre plusieurs dizaines de milliards d’euros en Bourse au groupe, menace la réputation de l’industrie allemande et pourrait avoir des conséquences sur l’économie du pays toute entière. Aux Etats-Unis, Volkswagen s’est vu refuser dans l’immédiat le feu vert des autorités pour vendre ses modèles diesel 2016. Les autorités américaines vont renforcer les contrôles de toutes les voitures diesel, toutes marques confondues.
La Suisse a aussi annoncé qu’elle suspendait la vente de nouveaux modèles diesel, tandis que la France va procéder à des tests aléatoires. L’UE a appelé à des contrôles dans tous les pays européens.
L’Inde et le Mexique ont annoncé, vendredi, vouloir également enquêter sur les véhicules Volkswagen vendus sur leur territoire. Des sources européennes ont, par ailleurs, dû réagir, après des affirmations du Financial Times selon lesquelles Bruxelles n’avait pas tenu compte d’un rapport qui mettait en garde dès 2013 sur les risques de trucage des résultats des tests antipollution.
"La leçon que nous en avons tirée très vite était que nous devions mettre sur pied de nouveaux tests (...) qui écarteraient aussi la possibilité qu’un système d’évitement puisse être installé", a indiqué une de ces sources. La Commission européenne a indiqué vendredi que de nouveaux tests entreraient en vigueur en janvier 2016. Des changements sont en cours au sein de l’actionnariat de Volkswagen. La holding Porsche SE, actionnaire majoritaire, a annoncé samedi l’acquisition de 1,5% du capital de VW à Suzuki.
La sortie du japonais du capital était certes attendue, les relations entre les deux groupes n’étant pas au beau fixe. Mais elle sonne comme un nouveau signe de défiance des détenteurs de titres Volkswagen, dont l’action a perdu 34% cette semaine, faisant s’évaporer plus de 20 milliards d’euros de capitalisation boursière.
Volkswagen pas autorisé à vendre ses nouvelles voitures diesel
Le constructeur automobile Volkswagen, au coeur d’un vaste scandale de moteurs truqués, n’a pas reçu le feu vert des autorités américaines pour vendre ses modèles 2016 de voitures diesel aux Etats-Unis, a indiqué vendredi l’agence environnementale fédérale EPA. "Volkswagen n’a pas reçu de certificat de conformité de l’EPA (...) pour les modèles 2016 de ses véhicules diesel quatre cylindres", a déclaré Christopher Grundler, un des responsables de cette agence gouvernementale qui délivre les autorisations de commercialisation aux Etats-Unis. Les régulateurs ne "sont pas encore convaincus que les données et éléments fournis par Volkswagen établissent que leurs véhicules respecteront les normes requises", at- il ajouté lors d’une conférence de presse téléphonique. Cette décision affecte notamment la nouvelle berline Passat, présentée en fanfare à New York lundi par le groupe allemand. "Nous sommes en pleine discussion avec l’EPA et prévoyons toujours de commercialiser la Passat 2016 aux Etats-Unis d’ici la fin de l’année", a réagi auprès de l’AFP une porte-parole de Volkswagen aux Etats-Unis.