Depuis une semaine, la toile révolutionnaire égyptienne s’émeut du sort réservé au mur d’enceinte du vieux campus de l’université américaine
Au croisement de la place Tahrir et de la rue Mohamed- Mahmoud, ce mur est l’un des derniers symboles visibles de la période révolutionnaire. Seulement voilà, l’université américaine a prévu de détruire ce mur. Un coup dur pour les graffeurs du Caire. Il a suffi d’une entaille dans un mur pour que la toile s’enflamme.
Les célèbres graffitis de la rue Mohamed- Mahmoud, au Caire, vont disparaître. Une nouvelle plaie dans la mémoire des révolutionnaires. Le vice-président de l’université américaine, propriétaire du mur d’enceinte, le confirme : « Le mur doit être détruit, car nous avons prévu de démolir le bâtiment qui se trouve juste à côté. Et on a l’intention de le remplacer par une grille qui fera le tour du vieux campus et qui correspondra davantage à l’esprit général de l’université ». Face à la polémique, l’université américaine a annoncé son intention d’organiser, malgré tout, une exposition photo.
De leur côté, les jeunes révolutionnaires ne décolèrent pas. Depuis quatre ans, ce mur est investi par de nombreux artistes et les oeuvres qui le recouvrent ont dénoncé tour à tour le pouvoir militaire ou celui des Frères musulmans.
« Ce sont les dernières oeuvres de la révolution »
Mohamed Khaled, artiste graffeur, s’est mis à peindre lorsque son frère a reçu une balle dans le visage au mois d’octobre 2011. Pour lui, l’institution n’a pas résisté à la pression des autorités qui souhaitent effacer toute trace de la révolution qui a débuté le 25 janvier 2011 en Égypte. « C’est un vrai problème, parce que ce sont les dernières oeuvres que nous avons de la révolution et c’est très précieux pour beaucoup de monde. Je ne sais vraiment pas quoi faire…
Mais nous devons continuer à aller dans la rue pour peindre et certains iront en prison ». Depuis décembre 2013, un graffiti anti-militaire peut valoir jusqu’à quatre ans de prison. En janvier 2015, le livre Walls of Freedom qui documente l’histoire des graffitis de la révolution a été interdit en Egypte pour « incitation à la révolte ».