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Edition du 30 Mai 2015



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10e festival national du théâtre professionnel
Tifi, ou la femme courage !
30 Mai 2015

Les amoureux du 4e art, très nombreux, dans la grande salle des spectacles du théâtre national Mahiedine- Bachtazi, ont été subjugués par l’interprétation de la pièce théâtrale intitulée Tifi, du théâtre régional de Tizi Ouzou et avec Ouzid N’Zidlek (Je t’en rajoute, si tu le souhaites) du théâtre régional de Batna, jouées en compétition dans le cadre du Festival national du théâtre professionnel (FNTP).

Tifi est le récit d’une femme courageuse qui s’est sacrifiée pour perpétuer l’identité et la mémoire d’un peuple éprouvé par l’oubli. Une impeccable interprétation des treize comédiens et comédiennes, tous des professionnels, qui avec un décor, superbement réalisé par Ferhat Messaoui, une chorégraphie, à la synchronisation indiscutable de Mohamed Namane, un décor plus vrai que nature, de Ferhat Messaoui et, enfin, une musique de Djamel Kaloun à donner la chair de poule, ont fait une grande sensation auprès du public parmi lequel se trouvaient d’authentiques connaisseurs et adeptes de l’art théâtral. Ecrite et mise en scène par Mokrab Lyès et produite par le Théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi-Ouzou, la pièce relate la mythologie d’Anzar (dieu de la pluie), personnage incarné par Aouadia Makhlouf, épris follement d’une jolie femme, Tifi, campé par Abed Mezhoura.

La scène se déroulait dans une fontaine où Anzar a rencontré Tifi (diminutif de Tifinagh qui signifie alphabet amazigh). Insolente et effrontée, Tifi croyait rebuter un dieu qui faisait abattre sa vengeance et sa colère contre son peuple, éprouvé par la sécheresse dévastant champs et bêtes. Tiraillée entre le mythe d’Anzar et la réalité de son peuple, Tifi assiste à ces événements dans toute leur rigueur et exaltation. En échange de l’eau, elle obtient du dieu de la pluie la vie éternelle à condition qu’elle perpétue à travers les temps le récit dont elle est témoin.

Perdue dans une grotte, Tifi est réduite, avec le temps, au dénuement et à l’oubli d’un peuple disloqué et amnésique de son passé. Tifi, se retrouve rejetée par un peuple qui malmène celle qui était témoin de sa mémoire. Le spectacle est délivré dans un langage (kabyle) loquace et métaphorique mais inaccessible pour certains spectateurs qui ont dû quitter la salle. "Le choix du kabyle comme langage théâtral était réfléchi. J’ai voulu justement perpétuer à travers cette pièce une langue ancestrale, témoin d’une mémoire et d’identité qui ont survécu grâce à l’oralité", a expliqué le metteur en scène.

Le décor, conçu par le scénographe Moussaoui Ferhat, était unique, statique et classique d’autant que l’histoire se déroulait en un seul lieu. D’autre part, la pièce traite d’une seule intrigue (unité d’action), laquelle est nouée autour de la sécheresse et le sacrifice de Tifi. L’habillage musical signé Kaloun Djamel, était constitué d’un arrière-plan sonore fait de chants traditionnels orchestrés par des danses folkloriques. Le Théâtre régional de Batna a donné la réplique avec Ouzid N’Zidlek (Je t’en rajoute, si tu le souhaites), dans une satire au genre grotesque et caricatural, traitant des travers de la société algérienne.

Mise en scène par Faouzi Benbraham sur le texte "Louâbet Es’Soltane Oual’Wazir" (Le jeu du roi et du ministre) de l’écrivain libyen Abdellah El Bassiri, réécrit par Benaïcha Leïla, le spectacle a ravi, 85 mn durant, le public du Théâtre national Mahieddine Bchtarzi. Dans une vision microcosmique de la société algérienne, trois petites histoires évoluent parallèlement dans un cirque, servies par des transitions intelligentes dans des dialogues directes à la rhétorique satirique.

Le détournement des deniers publics est dénoncé et ses auteurs, organisés en réseau de malfaiteurs, jusque-là intouchables, arrêtés. En parfaite adéquation, la scénographie, oeuvre de Hamza Djaballah ainsi que les bruitages et la musique de Hassen Lamamra, ont rendu de manière fidèle et authentique l’univers du cirque avec son chapiteau, ses couleurs, sa musique burlesque et ses sonorités grotesques. L’espace scénique a été bien exploité par les dix comédiens, dont la talentueuse Nesrine Belhadj, dans un jeu concluant aux échanges ascendant entretenant ainsi un rythme progressif et soutenu. Le vol et le détournement des deniers publics, un des maux qui rongent toute société de l’intérieur, a été mis à nu, faisant passer le message par la satire, le grotesque et la caricature.

Pour ce faire, Faouzi Benbraham, usant de son génie de jeune metteur en scène, a fait le choix de faire évoluer ses personnages dans l’espace d’un cirque, ce qui a donné au spectacle une intensité dans le rythme et un jeu plaisant. Le public nombreux, savourant tous les moments du spectacle dans l’allégresse et la volupté, a eu du répondant, manifestant sa satisfaction par des applaudissements nourris et des rappels au salut. Seize pièces de théâtre sont en compétition du 10e FNTP qui se poursuit jusqu’au 2 juin prochain, avec au programme de la journée de jeudi Et’Tahaddi du TR Oum El-Bouaghi et Tahawwoulat du TR de Souk-Ahras.

Par : IDIR AMMOUR

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