Après des années d’une campagne difficile, menée par les familles des victimes et par des militants berlinois, le parlement allemand avait voté en novembre 2011 l’érection d’un monument dédié aux victimes handicapées des nazis.
D’ailleurs, il a été inauguré mardi dernier aux 300.000 personnes handicapées massacrées en secret par les nazis. L’édifice se compose d’un mur de verre aux reflets bleutés de 24 mètres de haut, posé sur un socle noir et flanqué de panneaux explicatifs.
Il se trouve au numéro 4 de la Tiergartenstrasse, sur les ruines de la villa cossue où fut élaboré en secret le programme "T4", début 1940, cyniquement baptisé "programme d’euthanasie" par ses concepteurs. Au son d’un poignant solo de violoncelle, plusieurs proches ont rendu hommage à leurs défunts.
Mémoire collective
Dans l’esprit de la soixantaine de bureaucrates et de médecins qui ont planifié ces massacres, en lisière du vaste parc de Tiergarten, il s’agissait d’éliminer les handicapés mentaux ou physiques considérés comme une charge pour la société. Avisés du décès de Benjamin Traub par une simple lettre, ses parents avaient été priés d’accueillir sa mort "comme un soulagement", au motif qu’il souffrait "d’une maladie mentale sérieuse et incurable". Entre janvier 1940 et août 1941, plus de 70.000 personnes ont été gazées dans six lieux dédiés.
Les protestations individuelles ont entraîné l’arrêt officiel du programme mais les meurtres ont continué sous d’autres formes - privation de nourriture, négligence, injections de doses létales d’antidouleurs par de prétendus soignants.
On évalue à plus de 300.000 personnes le nombre de victimes totales de ces massacres, jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945. Le mémorial berlinois sera le premier monument national à leur être dédié. Malgré les grands procès de Nuremberg menés dans l’après-guerre, la campagne "T4" a eu très peu de suites judiciaires et une grande partie des professionnels de santé impliqués avaient simplement poursuivi leurs carrières après la chute de la dictature nazie.