La région montagneuse de Béni Chougrane, dans la wilaya de Mascara, fait face à un persistant problème
d’érosion des terres, affectant plusieurs activités, notamment l’agriculture et l’irrigation.
Selon l’APS, ce constat est confirmé par le responsable du service d’extension du patrimoine forestier à la
Conservation de wilaya des forêts, Mohammed Tama, qui a rappelé que cette région montagneuse couvre une superficie de 166.000 ha, soit 32% de la superficie globale de la wilaya qui est de l’ordre de 513.500 ha. La région, englobant 17 communes, est habitée par 14.000 habitants qui vivent, dans leur majorité, de l’agriculture et de pacage.
Visibles à l’oeil nu, les effets de l’érosion résultent de la fragilité et la vulnérabilité de son sol. Formant des rainures profondes et larges, ce phénomène affecte de grandes superficies les rendant inutilisables pour l’exploitation agricole. Des facteurs naturels, climatiques et humains sont à l’origine du phénomène, a indiqué le responsable à l’APS, précisant que la nature du sol constitué d’argile et de calcaire est davantage fragilisée par les eaux pluviales et les vents, et à cela s’ajoute la forte dépression du relief qui favorise l’écoulement de l’eau qui laisse inexorablement des traces indélébiles.
Beni Chougrane subit également les effets du manque d’eaux souterraines, de la faiblesse de la pluviométrie variant entre 300 et 400 mm/an, ce qui a nettement conduit à une réduction du couvert végétal, d’arbres forestiers et fruitiers qui ne représente que 10% de la superficie de la région, a encore ajouté le spécialiste qui a rappelé l’importance des arbres dans le maintien du sol et de la lutte contre l’érosion. L’aggravation du phénomène est due, entre autres facteurs, au pacage illicite qui a contribué à une régression du couvert végétal, dans le système agricole non adapté à la nature de la région, le manque d’arbres fruitiers et des terres relevant du domaine privé et non exploitées du fait de litiges familiaux.
Ces facteurs ont entravé quelque peu les projets initiés par l’Etat pour lutter contre le phénomène de l’érosion et protéger les bassins versants. Entre 1995 et 2013, dans le cadre des initiatives prises pour contrer le problème, la conservation des forêts de la wilaya de Mascara a lancé trois importants programmes de développement qui sont le programme d’emploi rural (PER), le programme de grands travaux, celui de la relance économique ainsi que des programmes sectoriels.
Ces programmes ont permis la plantation de 2.471 ha d’arbres rustiques, 6.643 autres ha d’arbres fruitiers et de vignobles ainsi que la réalisation de 140.000 m3 de corrections torrentielles pour réduire l’écoulement des eaux. Il a été également procédé, durant la même période, à l’ouverture de 232 km de pistes boisées et rurales pour désenclaver les populations et assurer leur stabilité, à la mise en exploitation de 30 points de collecte d’eau en faveur de fellahs et éleveurs, à la distribution de 156 unités d’élevage en faveur de familles rurales. Grâce à ces actions, 2.555 ha de terres agricoles non exploitées ont été récupérés et 4.571 emplois destinés à 3.018 familles créés.
Une deuxième opération de réhabilitation des communes de Béni Chougrane et leur protection de l’érosion sont programmées par la même Conservation des forêts. Selon l’APS, ce programme, qui sera lancé en 2015, portera sur le traitement de 1.879 ha de terres montagneuses par le biais de plantations arboricoles, de plants forestiers, le traitement de 208 ha de terres destinées à la plantation d’oliviers, la réalisation de 241 km de pistes boisées et rurales et la réalisation de 39 points de collecte d’eaux pluviales.
Pour un volume de 178.000 m3, des travaux de correction torrentielle sont prévus également avec la récupération de 120 ha de terres agricoles inexploitées actuellement à travers des actions d’amélioration du sol, l’octroi de 307 unités d’élevages et de ruches en vue de reconstituer des troupeaux en zones montagneuses en faveur de 735 familles et en créant 3.513 emplois.