Le géant de l’internet a importé dans l’Hexagone un mode de management atypique, ainsi qu’une impitoyable culture du secret.
Google sait recevoir ses invités, surtout lorsqu’il s’agit de journalistes venus se frotter à l’une des communications d’entreprise les plus balisées au monde. Installé depuis décembre 2011 dans le IXe arrondissement de la capitale, le géant de l’internet, qui emploie au total 34.000 personnes dans 40 pays, a tenu à faire le bilan de son installation et à mettre en avant ses méthodes de management, ce jeudi 29 novembre. La rencontre a eu lieu dans la salle Brasserie, un restaurant-cantine qui "respecte les codes haussmanniens" du siège parisien, souligne Google.
Là, tous les jours les salariés, - "les ingénieurs surtout" - viennent prendre un petit déjeuner gratuit et à volonté. "L’espace se devait d’être un lieu d’échange gai et aéré", expliquent en chœur les trois représentants de la société. Car chez Google, tout est fait pour que la créativité du salarié soit stimulée.
Pour accéder à ces privilèges de "Googler", il faut d’abord réussir à se faire embaucher. Un processus bien rôdé. Et une sélection draconienne. 2 millions de CV sont envoyés chaque année par Google au niveau mondial. "Nous organisons des comités de sélection qui doivent approuver l’embauche de manière unanime", explique Dorothée Burkel, DRH pour l’Europe du Sud et de l’Est, l’Afrique et le Moyen Orient.
20 méthodes managériales
Une fois embauché, le salarié Google a la possibilité de prendre part à la vie de l’entreprise en testant les produits prêts à être commercialisés. C’est le "Dogfooding", selon le vocabulaire interne. "Quand vous entrez chez Google, vous participez à une aventure", soutient Dorothée Burkel. Et ajoute : "Le salarié doit être autonome et capable de travailler efficacement en équipe."
Côté rémunération, Google reste évasif : "Nous sommes dans les prix du marché. Nous avons une telle demande, nous n’aurions aucun intérêt à casser les prix", indique la responsable du personnel.
"Chacun décide de son recrutement"
Ici, les managers sont notés une fois par an par leurs collaborateurs pour voir quels aspects de leurs méthodes peuvent être améliorés. Les vingt commandements du bon manager Google sont même inscrits en lettres d’or dans un manuel interne.
De même, on ne s’interdit pas de discuter ouvertement des bonus des cadres dirigeants. 500 personnes travaillent au siège parisien de Google. Un chiffre amené à croître ? La filiale française ne donne aucune prévision d’embauches pour 2013. "Chacun décide de son recrutement en fonction des projets. Et l’environnement change tous les trimestres, on ne peut pas savoir un an à l’avance", argue la responsable du personnel.
Les règles du jeu du "Googler"
Travailler chez Google c’est aussi accepter des règles du jeu. Il y a d’abord une certaine culture du secret que Google ne dément pas : "Avec notre connaissance des réseaux sociaux, les gens font attention. Ils sont attachés à ce qu’ils trouvent ici et ne veulent pas forcément le répéter..." Surtout, ces règles sont énoncées dès l’entretien d’embauche : "Si vous divulguez des informations, nous serons obligés d’arrêter", doit parfois informer Dorothée Burkel.
Autre spécificité maison : la jeunesse des équipes. Chez Google, les plus de 45 ans sont rares. Le groupe ne donne aucune moyenne d’âge : "On ne peut pas avoir une énorme ancienneté. De plus, ce sont des technologies récentes", se contente de préciser le groupe internet qui au niveau mondial a recruté 8.000 personnes l’an passé.
Installé en France depuis 2002, l’Américain s’est aussi adapté au management à la française et réciproquement. "En France, le management est très centré et localisé sur une personne. Ici, le chef n’est jamais responsable de tout mais il doit intervenir. Ce n’est pas simple", remarque la DRH.