Trente-cinq ans se sont écoulées depuis que nous a quittés à jamais Hadj M’hamed Hamed El Anka.
Son riche répertoire est toujours vivant chez les adeptes du chaâbi, puisqu’El Anka (Le Phénix) a su, durant toute sa génération, immortaliser ce genre de musique en retouchant la transcription des poèmes de la tradition du medh pour préserver aujourd’hui ce qui est l’héritage poétique maghrébin.
Cette année, la célébration de sa disparition est relativement passée inaperçue dans les programmations musicales..., et ce dans un contexte marqué par le petit nombre
d’initiatives hors des sentiers battus. Or, maintenir vivace le souvenir en rendant hommage à l’une des icones de la chanson algérienne, n’est qu’un geste de gratitude à cet artiste qui fut l’un des ambassadeurs de la chanson algérienne, en général, et chaabi, en particulier.
On le savait homme de culture, El Anka n’a de cesse de se frotter à des artistes d’autres cieux, pour porter la voix de l’Algérie très haut. Sa matière à lui est à la fois plus vaste et plus pointue, plus simple et plus complexe, plus abstraite et plus essentielle. Musicien d’un genre bien particulier, El Hadj consacrera son œuvre et pour tout dire sa vie à l’étude d’un phénomène spécifiquement social et humain : la conversation.
Etudier les ressorts cachés de la communication comme l’entomologiste examine le comportement d’un insecte inconnu: voilà sa raison d’écrire et de composer. Petit voyage au cœur de la conscience humaine. De son vrai nom, Aït Ouarab Mohamed Idir, il est issu d’une famille originaire d’Ath Djennad près d’Azzefoun. Il naquit et a grandi à la Casbah. Il a commencé à participer aux fêtes de mariage au sein de l’orchestre de Khioudji, mais sa véritable idole demeurait cheikh Nador dont il
s’inspirait sans cesse.
Son talent ne cessait de grandir et il devint quelques années plus tard professeur au Conservatoire municipal d’Alger où il eut, entre autres, comme élèves, Hssen Saïd et Amar Laâchab. Il inspira d’ailleurs pas mal d’artistes comme Boudjemaâ El Ankis, Amar Ezzahi... pour ne citer que ceux-là. Il aura, à son actif, plusieurs œuvres, toutes aussi belles et riches les unes que les autres. Son engagement pour l’identité nationale lui aura valu bien des péripéties. Il faut toujours rester dans la tradition et essayer, à chaque fois, de faire en sorte que chaque hommage rendu soit une considération et un repère important, pour entretenir le patrimoine légué par les aînés.
Ainsi, ces monuments de la chanson algérienne restent toujours présents dans les mémoires. Pour preuve, malgré sa disparition, le maître continue à conquérir les cœurs, aujourd’hui encore, il ne cesse pas de les gagner. Tel le phénix de la légende, El Anka renaît de ses cendres. La Casbah se souvient... aujourd’hui, des milliers de fans lui rendront hommage.