La première édition du Festival culturel maghrébin du cinéma a été inaugurée, dimanche dernier, à la salle El-Mougar, par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, en présence du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, invité à l’inauguration de cette première édition, ainsi que nombre de professionnels du septième art en Algérie et au Maghreb.
Cet événement culturel maghrébin du cinéma d’Alger se fixe pour objectif de faire connaître au grand public les productions récentes des jeunes auteurs et cinéastes maghrébins en particulier et de promouvoir et développer les échanges dans le domaine de la production cinématographique entre les pays du Maghreb.
C’est le long métrage de Selma Bargach La cinquième corde qui a ouvert le bal, avec un mélodrame dans lequel la musique offre des alternatives de changement à une jeunesse en quête d’ouverture vers un nouveau monde, approprié à ses aspirations. Premier long métrage de la cinéaste marocaine, qui en a également écrit le scénario, La cinquième corde, une fiction de 98 minutes, répercute sur le grand écran un nouveau regard en quête de tolérance, traduisant la nécessité d’une nouvelle vision sur une culture enracinée depuis des siècles.
Réalisé en 2011, le long métrage, qui a obtenu plusieurs distinctions et participé à des rencontres internationales, relate le parcours créatif de Malek, un passionné de luth, qui, voulant encore progresser, arrive chez son oncle Amir, maître de musique et détenteur du secret de la 5e corde, symbole de renouveau que Ziryab a ajouté à son "oud" au VIIIe siècle.
Rencontrant Laura, Malek affiche clairement son obstination à vouloir percer le mystère de la 5e corde, signe d’une volonté prononcée à se libérer du conservatisme de son oncle qui devient furieux lorsqu’il entend son neveu jouer sa première composition où le luth n’est plus dans la tradition mais dans un mélange de sonorités jazz, aux allures modernistes.
"Le parcours de Malek jalonné d’épreuves est aussi celui de centaines de jeunes incompris et sans soutien, vivant en marge de la société", explique Selma Bargach, avant d’ajouter : "C’est aussi celui de ceux qui ont gardé l’espoir et qui ont su s’inscrire dans une énergie fertile". "La présence dans une fiction marocaine du comédien tunisien Ali Esmili, dans le rôle de Malek et celle de Safy Boutella qui a signé la musique du film, met en valeur cette synergie dans le fait culturel qui permit, entre autres, la réussite de ce projet", a noté un observateur. Née à Casablanca, Selma Bargach étudie l’art et le cinéma expérimental à la Sorbonne à Paris.
Elle a réalisé des courts-métrages avant de se lancer dans le long-métrage et a soutenu un doctorat sur le thème "Le statut et le rôle de la femme dans le cinéma marocain". Le premier Festival culturel maghrébin du cinéma d’Alger verra la projection de 15 courts-métrages, 11 longs métrages et 9 films documentaires représentant, outre l’Algérie avec 11 productions, la Tunisie et le Maroc avec 10 productions chacun et la Mauritanie avec 4 productions.
Le déroulement du festival, réparti entre deux salles, connaîtra quotidiennement la projection de quatre courts- métrages et deux à trois longs métrages à la salle El-Mouggar et une moyenne de deux documentaires par jour à la Cinémathèque d’Alger où il est également prévu d’organiser tous les débats qui concernent l’ensemble des projections. Les jurys des trois sections, composés d’universitaires et professionnels du cinéma au Maghreb, seront présidés par Lamine Merbah pour le long métrage, Rabah Laradji pour le court-métrage et Fadéla Mehal pour le film documentaire.
Dans la section longs-métrages, l’Amayas d’or, plus haute distinction du festival, sera décerné à la meilleure fiction, ainsi que quatre autres prix qui récompenseront les meilleurs rôles masculin et féminin, le meilleur scénario et le prix spécial jury. Les sections courts métrages et films documentaires seront quant à elles couronnées d’une seule distinction chacune, respectivement, l’Amayas d’or et le Grand prix du documentaire. Par ailleurs, une conférence sur le thème de la post-production et la numérisation des films est programmée en marge du festival.