L’université de Tizi-Ouzou abritera aujourd’hui et demain un colloque ayant pour thème « Greffe, don d’organes, don de vie : problématiques, réflexions éthiques et perspectives ». Cette activité scientifique verra la participation de nombreux spécialistes de la question.
« A travers l’approche socioculturelle des prélèvements, il faudra s’interroger sur le rapport de la société algérienne au don et à l’intégrité physique. Pour ce qui concerne le don entre vivants, il conviendra de se pencher sur son organisation et son encadrement, sur les représentations de la mort, sur la mort cérébrale dans la culture algérienne, sur l’intégration et les difficultés de la personne greffée, etc.
et se demander comment promouvoir le don : avec une information sans pression », précisent les organisateurs de ce colloque. Ces derniers s’interrogent : « Combien de malades meurent chaque jour en Algérie faute de greffes et combien de personnes allons-nous recenser sur la liste d’attente de la mort avant que la transplantation ne devienne une thérapie fiable et quotidienne proposée à ceux qui n’ont aucun autre espoir de guérison ? ».
La greffe devient, donc, urgente à la fois sur le plan humain et sur le plan financier (la dialyse étant beaucoup plus onéreuse que la transplantation), mais l’urgence ne doit pas pousser à agir vite, sans réfléchir, car la greffe est un terrain très sensible où les erreurs sont impardonnables, ajoute-t-on. La greffe est une thérapie hautement technicisée qui nécessite de faire abstraction de certaines croyances millénaires jugées inébranlables :
l’intégrité du corps, la sacralité du cadavre, la symbolique du cœur dans la religion musulmane, l’arrêt des battements du cœur, la croyance au destin, rappellent les initiateurs de cette rencontre scientifique qui aura à apporter des réponses à une multitude de questions comme : le don sera-t-il gratuit et anonyme ? Adopterons-nous le consentement présumé ? L’avis des parents sera-t-il sollicité ? Peut-on assurer la disponibilité des immunosuppresseurs dans un contexte de pénurie de médicaments ? La liste d’attente sera-t-elle nationale ou régionale ? Comment peut-on et selon quels critères la gérer ? etc.
Par : L. B.