Depuis près d’un mois, il ne se passe pas un jour sans qu’une action de protestation, par laquelle un siège d’une assemblée populaire de wilaya fermée par les citoyens, ne soit signalée dans les quatre coins de la wilaya de Tizi-Ouzou. C’est la déception totale du côté des citoyens.
Les nouveaux élus installés aux mairies il y a moins de dix mois sont l’objet de toutes les critiques de la part des habitants des villages de Kabylie. Ces derniers dénoncent une multitude de problèmes inhérents au cadre de vie quotidienne et qui sont loin d’être pris en charge par les autorités locales.
Selon les citoyens contestataires, les élus en question auraient plutôt d’autres chats à fouetter. Les problèmes des citoyens s’accumulent au moment où l’Etat, au niveau central, ne cesse d’allouer des enveloppes financières importantes pour lesdites localités. En tout cas, depuis l’indépendance, la Kabylie dont la wilaya de Tizi Ouzou, n’a jamais bénéficié d’autant de budgets mais il n’en demeure pas moins que les problèmes restent posés dans plus d’une commune. Les citoyens s’interrogent à juste titre : où va tout cet argent ? Est-il mal
géré ?..
C’est pour dénoncer l’inertie qui caractérise leurs APC à chaque fois qu’un problème de prise en charge de leurs revendications n’est pas pris en charge, que des actions de protestation sont enregistrées ces derniers jours. Plusieurs localités n’ont pas échappé à cette colère citoyenne. Ainsi, de nombreux sièges d’APC ont été fermés par les citoyens à Ath Yahia Moussa, Ath Ziki, Makouda, Ath Douala…
Dans la commune de Makouda, située sur l’axe routier reliant Tizi-Ouzou à la ville balnéaire de Tigzirt, les citoyens observent une action de protestation devant le siège de leur mairie depuis plus d’une semaine, en procédant, en outre, au barrage de la route principale et la fermeture de la mairie. Le cadre de vie dans plusieurs villages de cette commune est loin de répondre au minimum vital qu’exige notre époque, à commencer par la pénurie d’alimentation en eau potable qui bat son plein durant tout cet été mais qui perdure également en hiver.
Les habitants de plusieurs villages de la commune de Makouda déplorent aussi l’absence de prise en charge des travaux de bitumage et d’amélioration de l’état des routes qui traversent leur localité et qui sont totalement hors d’usage.
D’autres problèmes de moindre importance sont également soulevés par les citoyens mécontents. Ceux-ci s’interrogent tous sur le sort réservé aux enveloppes financières accordées par l’Etat à la wilaya de Tizi- Ouzou et dont la presse ne cesse de faire l’écho mais sans que le citoyen ne reçoive aucune répercussion positive.
La situation est la même au niveau de la localité d’Ath Douala. Les habitants sont rongés par la colère et désemparés devant le mutisme des autorités locales quant à l’absence de prise en charge de leurs problèmes. Ils ont décidé de sceller l’entrée principale du siège de leur Assemblée populaire communale d’Ath Douala, situé à une vingtaine de kilomètres au sud-est du chef lieu de la wilaya de Tizi- Ouzou. C’est ainsi que les citoyens se rassemblent régulièrement depuis avant-hier devant leur mairie pour dire leur refus de rester indifférents devant la situation de mal vie dans laquelle ils pataugent depuis des décennies. Aucun responsable local ne se penche, pour l’instant, sur leurs préoccupations, disent-ils.
« En observant cette action de protestation, notre objectif n’est autre que d’exiger que notre village, Ath Mesbah, bénéficie de projets de développement local à l’instar des autres localités de la même daïra », souligne l’un des représentants de la population. A Ath Douala donc, l’action de protestation se poursuit toujours et le siège de la mairie est fermé par les citoyens. Les fonctionnaires et les responsables qui exercent à l’intérieur de cet édifice administratif ne peuvent de ce fait pas accéder à leurs bureaux.
« Garantir une alimentation régulière en eau potable, réaliser le réseau d’assainissement, le gaz naturel, l’hygiène… », sont autant de problèmes soulevé par ailleurs par les habitants du village Amezrez dépendant administrativement de la commune d’Ath Ziki et de la daïra de Bouzeguene. Las d’attendre une réponse de la part des élus locaux au sujet de leurs doléances, les concernés ont à leur tour procédé à la fermeture du siège de la mairie d’Ath Ziki « jusqu’à ce que leurs revendications soient étudiées et prises en charge ».
« Nous en avons assez des promesses sans lendemain. Nous voulons du concret », souligne l’un des habitants du village suscité, contacté par téléphone. Comme pour paraphraser l’écrivain Mouloud Mammeri, notre interlocuteur dit que sa localité est une « colline oubliée ». La situation est identique au chef-lieu de la commune d’Ath Yahia Moussa où le siège de l’APC a été fermé cette semaine par les citoyens.
Dans cette commune rattachée à la daïra de Drâa El-Mizan, les raisons de la colère, ce sont les aides à l’habitat rural accordées ces derniers jours à une partie des postulants. Les citoyens contestataires déplorent le fait que des citoyens qui mériteraient de figurer sur la liste des bénéficiaires auraient été exclus par les élus à l’APC d’Ath Yahia Moussa.