Neuf ans après sa première arrivée à Chelsea, ponctuée de trois saisons réussies, José Mourinho, accueilli en héros par les supporteurs et les joueurs, est de retour à Stamford Bridge en se disant plus assagi, mais le Portugais n’a aucune raison de changer.Neuf ans ont passé entre l’arrivée du "Special One", l’élu comme il s’était lui-même auto-proclamé, en Premier League et son retour.
En 2004, sa signature chez les Blues, au sortir d’un exceptionnel triplé Ligue des champions - Coupe - Championnat à Porto, avait entraîné une Mourinho-mania assez incroyable outre-Manche, autant jubilatoire pour les admirateurs du club qu’exaspérante pour ses détracteurs.
Pendant ses trois saisons et deux mois à la tête des Blues, le Portugais avait toujours été dans le succès (deux titres de champion) et dans la controverse (ses altercations par médias interposés avec Rafael Benitez mais surtout Arsène Wenger qu’il avait un jour qualifié de "voyeur"), en versant dans l’arrogance tout en suscitant aussi une forme d’admiration et de respect (notamment de la part des médias anglais qui l’adorent).
Beaucoup de choses se sont passées depuis son divorce d’avec Roman Abramovitch, le milliardaire russe propriétaire du club. Chelsea a continué à gagner et a même gagné plus que sous son technicien lusitanien : un doublé Coupe-Championnat avec Ancelotti, mais surtout une Ligue des champions avec Di Matteo, ainsi qu’une Europa League avec Benitez. Autant de succès qui avaient échappé à Mourinho...
Autant dire que l’ancien entraîneur du Real Madrid ne revient pas en sauveur de la patrie. Mais il reste le héros de tout un club. Si les supporteurs ont forcément aimé les titres, ils n’ont jamais oublié celui qui a fait de Chelsea une place forte sur l’échiquier du football européen. Depuis son départ en 2007, son nom n’a cessé d’être chanté à Stamford Bridge et pour tout le monde, dirigeants, fans, joueurs, et pour Mourinho lui-même, c’était le moment idéal pour revenir "à la maison", comme il le dit.
Son retour a été un secret de polichinelle toute la saison dernière, tandis que le divorce se consommait avec le Real Madrid. Et lors de sa présentation officielle en tant que nouvel entraîneur de Chelsea, il a tenu à présenter un visage plus mature. Cette fois, il n’est plus "l’élu" mais le "happy one", l’heureux. Il a promis avoir mûri, s’être assagi, être plus calme, plus réfléchi.Prendre acte de ces résolutions ne doit pas faire oublier que José Mourinho est un maître en communication.
Il l’a toujours été et le sera toujours. Quelques semaines après sa présentation, le naturel est revenu au galop. Il ne s’agissait plus d’être assagi quand il a publiquement flirté avec Wayne Rooney, l’attaquant de Manchester United qu’il veut chiper au rival. Il excelle dans ce type de manœuvre psychologique, visant précisément a forcer MU à être sur la défensive et à répondre sur un sujet épineux sur lequel le club mancunien ne voulait surtout pas être mis sous pression.
Pourquoi José Mourinho changerait-il ? Son caractère entier et sa personnalité l’ont amené au sommet, lui offrant tous les ingrédients, en plus de son génie tactique, pour gagner depuis le début de sa carrière, à Chelsea comme ailleurs.Même s’il a neuf ans de plus, il n’a aucune raison de n’être plus le même. Son retour à Chelsea et en Premier League est une excellente nouvelle pour le prestige du championnat d’Angleterre. Mais seul l’avenir nous dira si, comme il le dit, le Portugais a bel et bien changé.