Le Midi Libre - Culture - La Révolution narrée sur les planches
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Edition du 26 Décembre 2012



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Générale d’El-kelma à Constantine
La Révolution narrée sur les planches
26 Décembre 2012

La générale d’El-kelma (La parole), dernière production du Théâtre régional de Constantine (TRC), a révélé samedi soir un spectacle racontant simplement, mais avec une forte charge émotionnelle, la Révolution, arrivant même, dans certaines scènes, à émouvoir jusqu’aux larmes le public.


Tirée du répertoire du TRC du début des années 80 et reprise pour l’occasion du 50e anniversaire de l’Indépendance, la pièce convoque à grands traits, et par un jeu de va-et-vient entre le passé et le présent, l’atmosphère de la Révolution dans ses multiples aspects, dans le style particulier du TRC il y a plus de 30 ans : simple mais tellement touchant.
Cette œuvre est d’ailleurs le fruit d’une écriture collective, comme le voulait la pratique de l’époque qui voyait les équipes du TRC se soucier davantage de transmettre un message de militantisme et de conscientisation de la société que de performances artistiques proprement dites, rapporte l’APS. La nouvelle version mise en scène par Allaoua Zermani, sur une scénographie d’Aïssa Redaf, n’a rien changé au texte original écrit en 1984 par Tayeb Dehimi, Djamel Dekkar et Abdelmadjid Boutouha. Les anciens amis du TRC, venus nombreux assister au spectacle de la générale, ont beaucoup apprécié cette fidélité à l’original qui leur a rappelé la "belle époque" du TRC. Le public qui emplissait la salle et les balcons semblait également de cet avis puisqu’il a suivi le spectacle avec une grande attention, de bout en bout.
Les anciens comédiens aguerris qui se retrouvent distribués en grand nombre dans ce spectacle et dans des rôles principaux, à l’instar de Tayeb Dehimi, l’un des coauteurs du texte qui tient ici un rôle de premier plan, a permis à la pièce de recréer cet esprit et cette capacité de transmettre simplement des émotions qui touchent et bouleversent.
Outre Dehimi et Antar Hellal, des anciens, comme Karim Boudechiche, Kamel Ferrad, Zoubir Izem, Khellil Bouzehzeh, et des moins anciens, comme Mohamed Delloum, ont su tirer vers le haut le jeu du spectacle où se retrouvent distribués un grand nombre de comédiens de la "nouvelle génération" à l’instar de Seïf, Nedjela Tarrelli, Chahinez, Naouel et d’autres. La scène s’ouvre sur un jeune historien collectant des témoignages et des souvenirs sur la Guerre de libération nationale auprès du vieux Mokhtar, un rescapé d’un village nommé El-Allia et dont la population a failli être entièrement exterminée durant la Guerre de libération nationale. A travers le récit de Mokhtar, admirablement campé par Tayeb Dehimi, débité sous forme de va-et-vient entre le passé et le présent, ce sont des scènes et des ambiances ayant marqué cette période de l’Histoire contemporaine du pays qui se retrouvent évoquées.
On y retrouve dépeints à grand traits des scènes de l’époque coloniale, avec ses injustices insoutenables, ses humiliations et ses vexations, la guerre, ses horreurs et ses folies meurtrières, la colère, le courage et la solidarité entre des hommes qui ont décidé de se soulever, mais aussi la traîtrise abjecte de ceux qui ont choisi le camp de l’ennemi et tant d’autres aspects de cette étape historique à la fois brûlante et dense.
El-kelma (La parole) fait néanmoins, surtout, référence à l’engagement des "frères" combattants du village d’El-Alia qui a porté la Révolution à bout de bras et payé pour cela le tribut du sang en consentant tous les sacrifices. Un village qui sera transformé en véritable paradis une fois l’indépendance reconquise. Le serment sera vite oublié à la grande déception de Mokhtar qui, dans sa naïve sincérité, n’arrivait pas à croire que le rutilant convoi des officiels qui avançait vers son village, aujourd’hui, n’était là que pour une partie de chasse et avait complètement oublié la promesse faite à ce haut lieu de la résistance qui a tout donné à la Révolution. Après avoir lancé, du fond de ses tripes, un cri de rappel plein de dépit et de colère à l’adresse des "frères" du convoi qui ne l’entendaient plus, Mokhtar se ressaisit et décide d’utiliser la capacité d’écrire du jeune homme venu récolter ses témoignages pour continuer le combat et faire entendre la voix du village d’El-Alia que les plus désespérés ont abandonné.

Par : Rosa chaoui

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