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Edition du 18 Octobre 2012



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Skikda, Cap Bougaroune à Collo
Une étoile polaire dans la carte des phares de la côte algérienne
18 Octobre 2012




Dans la constellation de phares jalonnant les 1.280 km de la côte algérienne, le phare du cap Bougaroune, situé à 28 km à l’ouest de Collo, aux confins occidentales de la wilaya de Skikda, est sans doute à l’image de l’étoile polaire qui guidait autrefois les caravaniers dans le désert, le premier signal lumineux annonçant la terre ferme aux navigateurs, à 7 km à l’intérieur de la mer.

Bougaroune est également l’un des phares de la région est du pays, les plus exotiques et probablement le plus enclavé, dans les zones les plus reculées de la commune montagneuse de Cheraïa. Avant la pose toute récente d’un tapis de bitume aussi confortable que du velours sur la route qui dévale en encorbellement le flanc de la montagne, se taillant ensuite des lacis audacieux sur une corniche extrêmement découpée, entre Cheraïa et Bougaroune, le phare était d’accès extrêmement risqué et harassant par voie terrestre. Longtemps, le ravitaillement des gardiens du phare était assuré par mer. Une embarcation accostait en contrebas de la construction et il fallait ensuite monter un escalier raide, long d’au moins 150 mètres, désormais inutilisé mais que l’on peut encore apercevoir, même s’il est partiellement enseveli sous les éboulements. Aujourd’hui encore, lorsqu’on arrive par route, il faut laisser le véhicule sur la route qui surplombe le phare, pour ensuite emprunter, à pied, un long chemin rocailleux, comme tailladé à coups de haches tranchantes, par le travail des ruissellements qui tombent en cascades vers la mer, quand les orages sévissent en amont.
Une version du phare
en "trompe l’œil"
Lorsque le visiteur arrive par la route dans la localité de Bougaroune, au détour d’un virage en épingle à cheveux, il croit d’abord se trouver en face du phare, car il y a là un édifice qui en a tous les aspects. En fait, l’on apprendra qu’il s’agit d’une version du phare mis en service en 1907, avant la reconstruction de l’ouvrage à son emplacement actuel, à l’autre bout de la route qui se perd derrière, sur un flanc invisible de la montagne. Le site de cet ancien phare abrite l’unique école de la localité, comme s’il ne voulait pas perdre en fin de compte cette vocation de générer de la lumière, la lumière du savoir.
Gardiens de phare de père en fils
A Bougaroune, on est gardiens de phare de père en fils, du moins pour une partie de l’effectif qui comprend 2 agents et trois gardiens. Ici, avec l’école primaire, se sont les seuls postes d’emploi salariés offrant un revenu régulier. Jusqu’en 1978, explique-t-on, le phare fonctionnait uniquement au gaz, avant de passer à l’électricité avec l’arrivée d’une ligne haute tension. En 2006, le phare a été réhabilité par des travaux de génie civil, pour un montant de 10 millions de dinars. La côte est connue par les marins, à Bougaroune, pour être des plus dangereuses, avec des courants redoutables et des vents violents soufflant de toutes les directions. L’histoire du cap Bougaroune, si monotone dans un esseulement sidéral, est jalonnée de quelques évènements mémorables qui font écho, sans doute, à d’autres faits plus anciens, dont le souvenir s’est perdu avec la disparition des pionniers du phare.
Berriah, le "père des vents"
Un autre naufrage a eu lieu dans la région en 1998, à Ras Attia. Il avait alors causé la mort d’un pompier lors du secours du navire, se rappelle-t-on à Bougaroune où l’on dit que ce cap est dénommé également "Berriah", ce qui signifie "père des vents". Des plongeurs pourraient mettre au jour, dans les fonds marins de ces côtes, un véritable "cimetière de navires".
En visitant l’intérieur du phare, l’on se rend effectivement compte que les lieux n’ont jamais été profanés. Dans le coin bureau du gardien, une petite bibliothèque datant au moins des années 1930 est soigneusement conservée.
On y trouve surtout des polars, parmi lesquels, au hasard, des titres comme
Le vieux Tom de Miles Surton, ou Le secret de Chimeney, d’Agatha Christie, ou encore un registre dans lequel ont lit, à la date du 11 mars 1960, un "aperçu météo : calme, mer haute, vent d’ouest 6 à 8 km, vent est 20 à 25 km/h".
Un gardien de phare a le temps de lire, en remontant, exactement chaque heure et demie, le lourd mécanisme en cuivre qui fait tourner l’ampoule du phare, dans sa guirlande en verre spécial.

Par : APS

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