Le Midi Libre - entretien - Quand on n’a pas de chance… (1re partie)
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Edition du 18 Septembre 2012



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Homicide involontaire
Quand on n’a pas de chance… (1re partie)
18 Septembre 2012

Smaïl, 32 ans, timidement, entra dans l’entreprise avec hésitation. Il était convaincu de perdre son temps. Sa demande d’emploi se solderait par un échec… Comme toutes celles qu’il avait formulées depuis bientôt dix ans.
On avait refusé de lui donner du travail quand il était jeune et plein de bonne volonté et maintenant qu’il avait perdu une bonne partie de ses dents et ses cheveux il espérait que cela changerait ? Il devait être en train de perdre la raison aussi. Il décida de s’en aller. Il tourna les talons et prit la direction du portail. Il était sur le point de l’atteindre lorsqu’il entendit quelqu’un l’appeler. Il regarda dans la direction d’où l’appel était venu et il vit un homme d’une quarantaine d’années en train de téléphoner et de lui faire un signe de la main.
- C’est moi que tu appelles ?
- Oui, oui, approche… j’ai à te parler.
Une fois que Smaïl fut arrivé au niveau du quadragénaire, celui-ci lui dit :
- Je t’ai vu entrer, tu avais l’air pensif puis tout d’un coup je t’ai vu te retourner pour t’en aller.
- Oui… c’est vrai.
- Quelque chose ne va pas ? Je peux faire quelque chose pour toi ?
- Euh… je… suis venu chercher un emploi puis arrivé ici, je me suis rendu compte que j’étais un bon à rien alors j’ai décidé de m’en aller.
- Toi, un bon à rien ? Qui te l’a dit ?
- Personne ne me l’a dit mais je sais que tout le monde le pense et je sais que c’est vrai.
- Ce n’est pas vrai… Qu’est- ce que tu peux faire comme travail ?
- Je ne sais pas, je ne sais plus… Autrefois, j’ai suivi un stage de comptabilité. Comme je n’ai jamais eu l’occasion d’exercer ce métier… j’ai tout oublié.
- C’est normal… Quand on ne pratique pas ce que nous avons appris, on l’oublie.
- Tu as le permis de conduire ?
- Oui, depuis dix ans…
- Ne me dis pas encore que parce que tu n’as pas conduit pendant dix ans, tu as oublié comment allumer un moteur.
- Non… Il m’est arrivé de conduire la vieille voiture de mon oncle.
- Donc, tu sais conduire une voiture ? La démarrer, l’arrêter, la garer ?
- Oui…
- Bien…Tu as ton permis de conduire sur toi ?
- Non, il est la maison.
- Tu habites Tizi ?
- Oui… à la Nouvelle Ville.
- Alors, voici ce qu’on va faire ; tu rentres chez toi, tu ramènes ton permis, on sort toi et moi pour faire un tour en ville. Et si je vois que tu te débrouilles bien, je te recrute immédiatement comme chauffeur.
- Tu es le patron de cette entreprise ?
- Oui, après le Bon Dieu, bien sûr… Je m’appelle Fodil…
- Maârifat khir, répondit avec mélancolie et tristesse Smaïl.
Le patron le regarda, intrigué :
- Je m’attendais à ce que tu sautes de joie et là tu es triste comme si on t’avait annoncé la fin du monde pour demain à l’aube.
- Je ne saute pas de joie parce que je sais que je conduis mal. Et quand tu t’en rendras compte tu changeras d’avis.
- Oh là ! là ! mais tu es impossible, toi ! Comment t’appelles-tu ?
- Smaïl.
- Smail, quand j’étais jeune, je n’étais jamais sûr de moi… J’étais comme toi… Il y avait en moi un blocage incroyable… Je me disais que je ne ferais rien de bon… Mais avec le temps, cela s’est réglé. Mais auparavant, il a fallu que je me batte contre moi-même. Et ce n’est pas facile, je le reconnais… Si tu conduis mal, comme tu dis, c’est simple : je te payerai quelques cours de conduite et le tour et joué. Tu seras mon chauffeur personnel parce que moi quand je conduis, j’ai très souvent l’esprit ailleurs… Et c’est toi que le Bon Dieu m’a envoyé. Surtout que tous les deux nous habitons la Nouvelle Ville.
( à suivre…)

Par : K. A

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