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Edition du 14 Août 2012



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Grave pénurie d’eau à Tizi-Ouzou
La Kabylie a soif !
8 Août 2012

C’est une pénurie d’eau sans précédent à laquelle ont droit les habitants de la wilaya de Tizi-Ouzou en cet été 2012, et plus particulièrement durant ces dernières semaines. Aucune daïra n’échappe pratiquement à cette crise d’eau qui surgit au moment où la wilaya est en train d’être connectée au réseau de gaz de ville.

Avant-hier, lundi, la population de la commune de Makouda, 25 km au nord du chef-lieu de la wilaya, a décidé d’observer des actions de protestation afin de dénoncer ce problème épineux qui rend le quotidien des citoyens pénible. Ainsi, la population de cette région, qui n’a pas été desservie en eau potable depuis plusieurs semaines, a décidé de fermer simultanément les sièges de la daïra, celui de l’Assemblée populaire communale ainsi que celui de l’Algérienne des eaux. Selon les habitants de cette localité, il s’agit de la dernière action qui leur restait car ils ont épuisé toutes les autres voies consistant à demander que ce problème d’absence d’eau soit pris en charge et résolu une fois pour toute. «Nous avons saisi le maire, le chef de daïra, la direction locale et régionale de l’Algérienne des eaux mais rien n’a été fait. A chaque fois, nous avons eu droit à des promesses qui restent sans suite», souligne l’un des représentants de la population de la commune de Makouda. Non loin de là et dans la même daïra, le calvaire des citoyens résidant dans la commune de Boudjima, 22 km au nord du chef-lieu wilayal, est des plus cruels. Dans cette région de Kabylie, l’eau ne coule pas des robinets pendant de longues périodes. Parfois, ce délai dépasse les deux mois, comme c’est le cas en cette saison où la chaleur torride rend l’utilisation de l’eau plus qu’indispensable. «Nous vivons un vrai calvaire. Nous restons pendant un à deux mois sans avoir droit à notre part en eau potable. Nous sommes obligés de nous démener autant que faire se peut. Personnellement, j’utilise ma voiture pour remplir chaque jour huit jerricans de 20 litres au niveau de la Pompe à essence sise au village Yaskrène. Cela me fait au total douze kilomètres de navettes en aller-retour. En plus, cette eau ne suffit pas car à la maison, nous l’utilisons pour tout, pour la lessive, la vaisselle, le ménage, les douches et aussi pour la boisson. Vous ne pouvez pas imaginer combien c’est difficile de vivre sans eau en l’an 2012, au moment où ailleurs, on revendique des choses en phase avec notre époque, nous à Boudjima, nous en sommes encore à quémander une goûtte d’eau», déplore un père de famille de cinquante ans.
D’autres localités n’échappent pas à cette situation. A Bouzeguène, 60 km à l’est de Tizi-Ouzou, le calvaire des citoyens est identique. «Ce n’est qu’aujourd’hui (lundi, Ndlr) que l’eau est revenue. Nous sommes restés toute une semaine sans ce liquide précieux», nous informe une dame qui vit et travaille dans cette commune, autrefois dépendant de la daïra d’Azazga. A Aït Yahia Moussa, dans la daïra de Drâa El-Mizan, la population a soif. Les habitants du village Tafoughalt, dépendant administrativement de la commune d’Aït Yahia Moussa ont été obligés de fermer le siège de la municipalité pour crier leur détresse. La population de cette région a eu également droit à des promesses suite aux différentes réunions les ayant réuni avec les autorités locales à la veille du début de l’été. Le problème de la pénurie d’eau était d’ailleurs prévisible, selon les habitants qui rappellent que ce dernier surgit à chaque fois que l’été est là. Les habitants de cette région sont restés privés d’eau depuis presqu’un mois et les autorités ne semblent faire rien pour parer à ce grave problème, déplorent encore les citoyens qui sont désemparés et las d’attendre éternellement le bout du tunnel. Suite à cette action de protestation, une réunion a été initiée. Elle devait se tenir au siège de la daïra pour tenter de trouver une issue à cette situation.
Les citoyens du village Aï Bouyahia, dans la commune d’Ath Douala, ont eu recours à l’obstruction du chemin de wilaya 100 afin de dénoncer le problème de la pénurie d’eau. Cette action de protestation a eu lieu dimanche dernier suite au silence des autorités devant la persistance du problème cruel d’absence d’eau potable dans un village situé à deux pas du barrage de Taksebt. Des pneus et des troncs d’arbres ont été brûlés par les protestataires tout au long de la journée. Depuis le début de l’été, les habitants de cette localité, via le comité de village, n’ont pas cessé d’interpeller les autorités, particulièrement le maire, le chef de daïra et la direction de l’Algérienne des eaux, en vain. C’est suite donc au long silence ayant succédé aux différentes interpellations effectuées dans les règles de l’art que la décision de barrer le chemin de wilaya 100, reliant Ath Douala à Tizi-Ouzou, a finalement été prise. Les habitants d’Ath Douala précisent que ce problème perdure depuis le début du mois de juin et, à ce jour, il ne cesse de s’exacerber. Les automobilistes, suite à cette action de protestation, ont été contraints de faire des détours soit par la commune d’Ath Zmenzer, soit par les Ouadhias pour rallier la ville de Tizi-Ouzou et les autres destinations. Last but not least, la commune de M’kira (dans la daïra de Tizi Ghennif) n’échappe pas à cette crise d’eau sans précédent. C’est durant la journée de dimanche dernier, malgré la chaleur et le Ramadhan, que les habitants des différents villages de cette commune ont fait le déplacement au chef-lieu communal pour observer une action de protestation. Ils sont venus de différents villages de cette commune sise à 50 km au sud de la ville de Tizi-Ouzou, entre autres : Tamarast, Iamourène, Imlikchène… Leur objectif consiste à crier leur ras-le-bol et dire aux autorités à tous les niveaux : «Donnez-nous de l’eau !».
Ce problème d’eau qui touche plusieurs autres localités s’ajoute à celui des coupures très fréquentes du courant électrique et à la hausse des prix de tous les produits alimentaires. Avec la chaleur et le mois de Ramadhan, on devine aisément de quoi est fait le quotidien du citoyen de la wilaya de Tizi-Ouzou.

Par : Lounes Bougaci

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