Ce jour-là, il faisait tellement chaud que Smaïl, un jeune homme de 30 ans, avait décidé de rentrer chez lui en taxi. Il s’immobilisa au bord d’un trottoir, à l’abri du soleil de juillet et entreprit d’attendre un taxi. Il n’eut pas à attendre longtemps. Un taxi apparut au bout d’une trentaine de secondes. Comme il y avait déjà quelqu’un à l’avant, il ouvrit la portière arrière. Mais avant de la refermer, un autre passager arriva. Tous les deux s’installèrent et la voiture redémarra.
Au bout de quelques instants, Smaïl répondit à un appel téléphonique de sa mère. Il était si absorbé par la conversation qu’il avait eue avec elle qu’il n’avait pas vu le regard plein de cupidité que le jeune assis à côté de lui avait longuement posé sur son téléphone tactile valant plus de 20.000 DA. A un moment donné, il vit le jeune sortir de sa poche un petit téléphone bas de gamme et le plaquer contre son oreille droite.
- Allo ! win raki ? c’est vrai ? Alors ça tombe très bien ! Ecoute-moi, je suis dans un taxi. Dans un petit moment, ce taxi passera devant toi… Tiens-toi prête, je te donnerai un petit colis.
Smaïl détailla le jeune homme et la place dans laquelle il était assis. Il n’avait pas de colis ! mais qu’est-ce qu’il racontait à son interlocutrice ?
Le jeune homme se tourna vers Smaïl et lui dit :
- Tu as entendu ce que j’ai dit au téléphone, n’est-ce pas ?
- Euh…non…non ! Quelle idée.
- Et tu te demandes où est le colis dont j’ai parlé ?
- Euh… je… non…
- Ne t’inquiète pas. Le colis, c’est toi qui vas me le donner.
Ce disant, il sortit un couteau et en posa la pointe contre les omoplates de Smaïl
- Allez, donne-moi ton téléphone portable et tout se passera bien.
Comme Smaïl hésitait, l’autre appuya un peu plus la pointe du couteau et il dut abdiquer. Le jeune voleur prit le téléphone, le lança à travers la portière et une jeune fille l’attrapa en plein vol avant de disparaître en courant.
Le jeune voleur se tourna ensuite vers sa victime :
- Voilà, je vais descendre, sois sage ; ne me suis pas… sinon tu risques, en plus de ton téléphone portable, de perdre autre chose d’autre de beaucoup plus précieux. Quelque chose d’irremplaçable.
Le chauffeur de taxi intervint :
- Laisse-le partir ! Laisse-le partir… ces gens qui se promènent avec des couteaux ne reculent devant rien. Il est capable de t’arracher ta «douarra». Dans certains cas, la lâcheté est un acte de sagesse. Laisse-le partir.
Le chauffeur de taxi s’arrêta et le jeune voleur descendit en courant.
Smaïl déposa plainte en brossant le portrait du voleur.
Quelques jours plus tard, ce dernier est arrêté.
Le jeune voleur a été jugé tout récemment au tribunal d’El-Harrach. Il a été condamné à un an de prison ferme et à une amende de 20.000 DA.