Certaines personnes sont égoïstes. Quand elles voient quelqu’un se débattre dans la misère, elles haussent les épaules et vous disent qu’il est inutile de lui venir en aide, parce que, certainement, il n’a que ce qu’il mérite. Chacune de ces personnes a une bonne raison de ne pas se préoccuper des drames des autres. Abdelkader (55 ans environ) est devenu égoïste tout récemment. Auparavant, c’était quelqu’un de généreux. Qu’est-ce qui a provoqué sa métamorphose ? C’est ce que nous découvrirons dans l’affaire qui va suivre.
Abdelkader est propriétaire d’une grande salle de fêtes à Koléa qui ne désemplit pas. Comme il venait d’acquérir du matériel de sonorisation neuf et très couteux, il a éprouvé le besoin de s’attacher les services d’un veilleur de nuit.
Se fiant à son instinct d’ancien commerçant, il se rendit en ville, à la recherche de quelque chômeur présentable qui puisse faire l’affaire. Il proposa cet emploi à un jeune homme d’une trentaine d’années qu’il croisait souvent errant en ville, s’arrêtant tantôt chez un buraliste pour acheter le journal ou quelques cigarettes et tantôt il le voyait entrer dans un café d’où il ressortait au bout de quelques secondes avec un gobelet.
Abdelkader l’aborda et après les salutations en usage chez nous lui dit :
- Voilà, je suis à la recherche de quelqu’un d’honnête pour un emploi pas très compliqué.
- Quel type d’emploi ?
- Veilleur de nuit.
- Hum… C’est un travail qui n’est pas difficile.
- C’est un travail enfantin… Vous commencerez à minuit, une fois partie la famille qui a loué la salle, et le matin dès qu’arrivent les premiers employés vous vous en irez.
- C’est intéressant. Et ce travail est payé à combien ?
- Dans un premier temps, vous percevrez un salaire de 18.000 DA. Ensuite, nous verrons… Si je suis satisfait de votre travail, je vous augmenterai.
- Et j’aurai une couverture sociale ?
- Bien sûr. Pas de travail au noir chez moi. Dès que vous m’aurez ramené les documents administratifs que je vais vous demander, je vous assure à la CNASAT.
- C’est fantastique ! Et dire que j’ai attendu d’avoir 34 ans pour avoir un emploi digne d’un être humain. Merci si Abdelkader ! merci !
- Vous oubliez un détail important. Cet emploi se trouve à Koléa et vous habitez à Koléa. Vous imaginez un peu les dépenses que vous seriez obligé de consentir si cet emploi se trouvait à Alger ?
- Ah ! oui… merci… merci… Si Abdelkader !
(à suivre…)