Le doute n’est plus permis : en matière de criminalité, les femmes, chez nous, ont fait de sérieux progrès et n’ont plus rien à envier aux hommes. Et nous allons vous en donner la preuve à travers une affaire qui a défrayé la chronique ces derniers jours dans la wilaya de Tizi-Ouzou.
Il était 12h45. L’estomac de Mokrane (*) criait famine et c’était normal parce que d’habitude, il déjeunait au plus tard à midi et quart. Ce jour-là, il avait été retenu dans un de ses chantiers où il avait dû solutionner un problème entre les ouvriers et deux de ses maçons.
Il s’arrêta devant un restaurant où il avait l’habitude de déjeuner lorsque le temps le prenait au dépourvu comme ce jour du mois de janvier 2012.
Un rapide regard circulaire lui permit de repérer trois tables vides. Il jeta son dévolu sur celle du fond de la salle. Une table à deux couverts. A peine installé, un serveur s’approcha de lui.
- Bienvenu, M. Mokrane…
- Bonjour… Si vous vous êtes souvenu de moi, vous vous êtes souvenu de ce que je mange d’habitude, non ?
- Bien sûr, M. Mokrane.
- Alors, servez-moi la même chose que d’habitude.
- A votre service.
Le jeune homme s’en alla et presqu’aussitôt, une jeune fille s’installa à la même table que l’entrepreneur. Celui-ci la regarda avec étonnement et il eut droit à un sourire désarmant puis à une explication d’une inégalable limpidité :
- Je sais qu’il y a des tables libres, mais c’est celle-ci qui m’a plu. Ne me demandez pas d’explications parce que j’estime que vous êtes suffisamment intelligent pour que je n’aie pas besoin d’expliquer l’inexplicable et l’évident.
- Euh… je … euh… je… ne vous demande pas d’explications… installez-vous…
Le garçon arriva avec l’entrée. En voyant la jeune fille, il hésita un moment puis s’adressa à Mokrane :
- Vous ne m’avez pas dit que vous attendiez une dame, M.Mokrane ; sinon je vous aurais conseillé une table plus discrète que celle que vous avez choisie.
- Merci… celle-ci fera l’affaire ; apportez un second couvert…
- D’accord…
La jeune fille, qui donnait l’air d’avoir entre 25 et 28 ans mais qui en réalité n’en avait que 19, leva la tête vers le serveur et lui dit :
- Ramenez-moi exactement la même chose que monsieur.
- D’accord madame.
La politesse dont le serveur avait fait montre envers la jeune fille fit dire à Mokrane que celle-ci n’était pas une de ces filles de joie qui écument certains établissements de la région. Cela l’intrigua. Dès que le serveur se fut éloigné, il lui demanda :
- Que voulez-vous ?
La jeune fille sourit.
- Je suis certaine que vous êtes en train de vous poser une foule de questions au sujet de mes intentions alors que celles-ci sont des plus banales.
- Peut-on les connaître ?
- Vous êtes passé à côté de moi ; vous m’avez plu et j’ai décidé de déjeuner avec vous. Oh ! mais ne vous inquiétez pas, j’ai de quoi payer mon repas…
- Hum… Ce sont des intentions banales, en effet, mais surprenantes tout de même.
- Peut-être… Moi, je fais partie de celles qui sont convaincues que la vie est courte et que, par conséquent, il faut en profiter au maximum. Je vois un homme qui me plaît et je dois attendre qu’il me remarque et qu’il fasse le premier pas ? Non, merci ! je l’ai remarqué la première, c’est donc à moi de faire le premier pas…
- Et s’il repousse cette initiative ?
- Oh ! Je ne pense pas qu’un homme puisse repousser une femme chez nous. Surtout si cette femme cherche seulement à passer du bon temps… Maintenant s’il est débile… Vous n’êtes pas débile, vous ?
- Je ne sais pas, répondit Mokrane en rougissant.
En réalité, la situation n’était pas pour lui déplaire. Il était même flatté d’entendre la jeune femme avouer qu’en l’abordant, elle ne cherchait qu’à passer du bon temps. Cela signifiait qu’il plaisait encore aux femmes ! Et dire que sa femme n’arrêtait pas de lui reprocher d’avoir vieilli prématurément en raison de toute la charge de travail qui pesait sur lui. Il avait donc toujours une allure de jeune homme ! Quelle bonne nouvelle !
Après le déjeuner, la jeune femme demanda à Mokrane :
- Cela ne vous dérangerait pas que je monte un moment dans votre voiture ?
- Vous voulez que je vous emmène quelque part ?
- Non… Je ne vais pas vous déranger… je veux juste être vraiment seule un tout petit moment avec vous… Parce ce que dans le restaurant nous n’étions pas seuls. Vous avez vu le nombre de paires d’yeux qui nous fixaient ?
- Non… j’avoue que je ne voyais que vous.
- Merci pour votre franchise, Mokrane… c’est ainsi que vous vous appelez, n’est-ce pas, d’après le serveur que j’ai entendu ?
- Oui…
- Moi, c’est Sabrina…
- Ma voiture est tout près d’ici… Sabrina.
- J’ai vu où vous l’avez garée ; sous un grand arbre.
- Vous ne voulez vraiment pas que je vous raccompagne quelque part ?
- Non… Je veux juste que vous me preniez dans vos bras quelques instants…
- Mais vous êtes folle ? Dans la voiture ? Des gens pourraient nous voir…
- Pas si l’on fait attention… J’ai vu où vous avez garé votre voiture… c’est un endroit discret… comme la table que vous avez choisie au restaurant…
Quelques instants plus tard, la jeune fille redescendit de la voiture de Mokrane avec la certitude que celui-ci était désormais à sa merci. Elle lui avait donné un «aperçu» des sensations fortes qu’elle était capable de lui offrir la prochaine fois. Avant de redescendre, elle lui dit :
- Généralement au moment où deux personnes qui viennent de se connaître se séparent, ils se donnent leurs coordonnées… pour vous prouver que je ne vous veux aucun mal, je ne prends pas votre numéro de téléphone. En revanche, moi je vous donne le mien. Ainsi, vous pourrez m’appeler mais moi je ne le pourrai pas. Je vous demanderai une seule chose : c’est de m’appeler le plus vite possible et de trouver un endroit tranquille où nous pourrions passer d’agréables moments.
- Demain…demain … en début d’après midi, je vous appellerai…Tiens ! Et si on se retrouvait ici ? Nous déjeunerons ensemble puis nous irons quelque part où nous serons vraiment tranquilles. Je ne vous en dirai pas plus.
- D’accord… j’aime les surprises.
Le lendemain et le surlendemain, Mokrane et la jeune et belle inconnue passèrent ensemble d’agréables moments.
Puis, les jours suivants la jeune fille éteignit son téléphone portable au grand désespoir du brave entrepreneur qui n’arrivait plus à la joindre. Au bout de quinze jours, ce fut elle qui lui téléphona :
- Je ne vous dérange pas Mokrane ?
- Mais pas du tout… j’étais très inquiet… mais pourquoi avez-vous éteint votre téléphone ?
- J’avais besoin de réfléchir… j’ai quelques petits problèmes….
- Sabrina… je vous ai déjà dit que désormais vos problèmes étaient les miens… quels types de problèmes avez-vous ?
- Des problèmes d’argent.
- Oh ! mais ça se règle, ça !
- Il s’agit d’une grosse somme !
- Considérez que votre problème d’argent est réglé, Sabrina !
- Oh ! merci ! merci !
- alors on se voit demain, Sabrina ?
- Avec plaisir, Mokrane.
- J’ai une surprise pour vous, Sabrina.
- Ça tombe bien parce que moi aussi j’en ai une pour vous.
Mokrane avait acheté une belle chaîne en or pour sa jeune maîtresse pour lui faire part de sa reconnaissance pour tous les moments forts qu’elle lui avait fait vivre. Mais il était loin de se douter de la nature de la surprise qu’elle avait décidé de lui réserver.
(*) Nous avons volontairement modifié les prénoms des protagonistes de cette affaire.
( à suivre…)