Il nous arrive souvent de sourire lorsqu’on voit tout le tapage médiatique auquel ont recours les associations de protection d’animaux pour rendre compte de l’état « lamentable » dans lequel vivent ces créatures, alors que des populations entières vivant en différents points du globe vivent des conditions plus lamentables encore sans que cela n’émeuve qui que ce soit. L’histoire qui va suivre, et qui a eu lieu à Boufarik l’année dernière, montre que parfois, des quidams peuvent faire plus encore pour la protection des animaux.

Bachir (32 ans), ce jour-là, devait emmener sa mère et sa sœur cadette chez sa sœur aîné qui venait d’accoucher d’une petite fille. Aussi avait-il pris soin de nettoyer sa vieille Renault 4. Sa vieille voiture, il prenait tellement soin d’elle que lorsqu’il la nettoyait comme ce jour-là, elle avait l’air d’être sortie d’une usine de montage depuis quelques minutes à peine. Et pourtant, elle avait fait son temps… Elle en avait fait des kilomètres ! Celui qui la lui avait vendue lui avait dit : «C’est une voiture que j’aime comme ma femme et mes enfants. Avec elle, je suis allé jusqu’à Tamanrasset au moins dix fois ! Si je m’en sépare aujourd’hui, c’est j’ai parce que j’ai besoin d’un peu d’argent. Je te la vends, elle ne sera plus à moi mais s’il te plaît, prends-en bien soin». Et Bachir décida de prendre soin de sa voiture comme s’il s’agissait d’une personne dont on lui aurait confié la garde.
Ce jour-là, le 15 décembre de l’année dernière, alors qu’il devait se rendre en compagnie de son jeune frère chez un boulanger pour récupérer le gâteau qu’il avait commandé la veille, Khaled, un cousin l’aborda :
- Bachir tu m’emmènes au centre-ville ?
Le trentenaire regarda la chienne qu’il tenait en laisse.
- Je t’emmène, toi, mais pas ta chienne…
- Oh ! Pourquoi ? Elle est propre ma chienne…
- Je n’ai pas dit qu’elle n’était pas propre, Khaled. J’ai dit que je ne l’emmènerai pas c’est tout. Parce qu’aujourd’hui, je pars avec ma mère chez ma sœur et que j’ai nettoyé la voiture. Emmène ta chienne à la maison et je t’attends pour t’emmener au centre-ville avec plaisir, cousin !
- Oh ! Mais, tu en fais une histoire ! hurla Khaled qui ouvrit la portière de la malle pour y faire monter sa chienne. Bachir avec rage se saisit de la chienne et la fit descendre. Khaled prit cela pour de la maltraitance et se mit à gesticuler dans tous les sens et à vociférer :
- Tu sais que ce que tu viens de faire, Bachir, est très grave ? Tu sais ce que dit le dicton populaire ? Frapper un chien c’est comme si on avait frappé son maître.
- Allez Khaled, s’il te plaît, laisse-moi tranquille avec ta philosophie à quatre sous. Si tu veux offrir du bon temps à ta chienne, achète lui une voiture !
Ce disant, Bachir ouvrit la portière-avant de la voiture mais il n’eut pas le temps d’y monter : Khaled le saisit par l’épaule, l’obligea à se retourner et lui porta quatre coups de couteau à la poitrine. Le jeune frère de Bachir hurla, Khaled lâcha le couteau, regarda autour de lui aperçut une moto arrêtée, monta dessus et s’en alla. Pendant ce temps, des gens du quartier s’arrêtèrent et emmenèrent Bachir à l’hôpital le plus proche. Mais quand ils y arrivèrent, le malheureux blessé avait déjà rendu l’âme.
Oh ! L’horrible catastrophe ! Bachir était mort alors que sa sœur qui venait d’accoucher l’attendait pour l’après-midi.
Après s’être caché pendant deux jours, Khaled finit par accéder à la volonté de son père qui lui avait conseillé de se constituer prisonnier parce qu’en se cachant, il ne ferait que compliquer les choses.
Jugé, il y a quelques jours par la cour de Blida, la perpétuité a été requise contre Khaled.