La maison de la culture Mouloud-Mammeri abritera, vendredi et dimanche prochains, un hommage au chanteur El-Hensnaoui Amechtouh. C’est à l’initiative de la Direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou que ce chanteur sera honoré en présence de nombreux autres artistes. En plus des traditionnelles expositions de photos et d’articles de presse, El-Hesnaoui Amechtouh sera présent à Tizi-Ouzou afin de répondre aux questions de l’auteur Abdennour Abdesselam qui aura l’occasion de l’interviewer en présence du public. Quant à la deuxième journée, un gala sera animé à la même occasion par une pléiade d’artistes qui estiment El-Hesnaoui Amechtouh. Selon Abdennour Abdesselam, qui a recueilli des éléments sur la vie et le parcours d’El-Hesnaoui Amechtouh, le vrai nom de ce dernier est Aït Rahmoun Madjid. El-Hesnaoui Amechtouh est né le 17 mars 1953 à Zaknoun, dans le Arch des Ouacifs, où il fit ses études primaires, avant de rejoindre son grand-père à Draâ El Mizan. Il y côtoya l’école des Pères blancs. Il suivra son père à la Casbah d’Alger quelques années après. Le monde scolaire n’était pas son milieu naturel. Il suivra une formation de tailleur et devient un maître en la matière avant de se lancer dans l’art en général.
Dans les années 70, il fait partie de la troupe de la JFLN où il réussira à imposer l’activité théâtrale dans sa langue maternelle de Kabylie. Féru du maître incontesté Cheikh El-Hesnaoui ou Cheikh Ahesnaw, Madjid enregistrera en 1976 son premier 45 tours chez l’incontournable producteur et assistant feu Mahboub Bati. Il reprendra deux des chansons célèbres du maître Montparnasse et Zahiya. En 1979, il fit une rencontre exceptionnelle avec un tenancier d’une brasserie dans le 20e arrondissement de Paris en la personne de Dda Ferhat originaire de Aïn El-Hammam alors ami fidèle de Cheikh El-Hesnaoui. C’est lui qui l’introduira auprès du Cheikh en 1979. Madjid rencontrera pour la première fois de sa vie Cheikh El-Hesnaoui à Nice. De savoir qu’il a été repris par le jeune Madjid, Cheikh El Hesnaoui s’exclama en disant : «Ainsi donc, je ne suis pas oublié ni mort ?» Ce à quoi Madjid lui répondra qu’il est considéré au pays comme Le Cardinal de la chanson kabyle. Après un long moment de silence, le Cheikh écoute avec satisfaction la reprise que Madjid avait enregistrée. Le Cheikh se reconnut et encouragea son jeune fils spirituel à aller encore de l’avant. C’est ainsi qu’émergera El-Hesnaoui Amechtouh. Abdennour Abdesselam ajoute que Cheikh El-Hesnaoui n’avait pus enregistré en Algérie de disques dont le dernier remonte à 1936, date à laquelle il quittera à jamais son pays natal. Mais il bousculera les ègles établies de la notoriété artistique. En 2009, El-Hesnaoui Amechtouh s’est produit au Canada, précisément à Montréal, au collège Notre-Dame sous le thème «Exil et Musique» où il rendit un vibrant hommage à son maître à l’occasion du festival culturel Nord fricain organisé par la même ville. Madjid récidiva à l’Institut du Monde arabe, au cabaret sauvage et à bien d’autres représentations artistiques au pays comme à l’étranger. Madjid a composé également plusieurs chansons de sa propre création et qui traitent de l’actualité des événements dont il est l’un des rares à décrire avec un verbe ciselé, franc et sans aucun détour ni hésitation. Aït Rahmoun Madjid est considéré comme l’authentique héritier de son maître, ajoute Abdennour Abdesselam. Bien d’autres artistes également n’ont pas démérité en s’essayant au style particulier du Cheikh. «Son rêve c’est d’aller en pèlerinage à l’Ile de la Réunion où repose à jamais le grand Cheikh El-Hesnaoui que Madjid nous rend encore plus présent que jamais», conclut Abdennour Abdesselam.