La wilaya de Bechar renferme plusieurs stations de gravures rupestres réparties entre les localités de Taghit (90 km au sud-est du chef-lieu) et d’ Abadla (90 km au sud-ouest) mais non couvertes par une protection légale, ce qui les expose quotidiennement au vandalisme, à la dégradation et, en définitive, à la disparition.
Véritable livre d’histoire de l’art à ciel ouvert, ces amas de roche sont les témoins de l’évolution de la créativité de l’homme et de l’évolution de son environnement.
Toutes les périodes de l’art rupestre saharien du Bubalin au Camelin sont représentées dans un périmètre de près de 2000m?. Des représentations grossières de lions et de buffles (témoin d’une nature clémente et fertile) jusqu’au dessin plus affiné d’antilopes et de dromadaires, la station raconte l’évolution climatique et la désertification de la région.
A l’entrée de la station de gravures de Taghit un écriteau portant la mention "Protection de la station historique" laisse supposer la présence de personnel chargé de la gestion et de la protection du site. Néanmoins, au pied des grottes effondrées, aucun gardien et aucun guide touristique ne s’y trouve. Sur la roche, les visiteurs ont laissé des traces parfois indélébiles et plus nombreuses que les gravures elles-mêmes. On peut clairement lire les noms et lesvilles des visiteurs écrites à la peinture, à la craie et parfois même gravées.
Des guides de la région confient à l’APS "qu’en dehors de la station de "Zaouïa tahtania", Taghit contient deux autres stations de gravures (Hassi Laouedj et Hassi Bourouis), mais vu ce que les visiteurs ont fait de la première, les deux autres stations sont gardées au secret afin de les préserver en attendant d’avoir un réel dispositif de protection.
"Et que m’apportent ces gravures?" tel est la réponse de jeunes de la "Zaouïa el tahtania" aux guides touristiques qui comme Kada Essahli encouragent les jeunes de la région à établir leurs petits commerces à proximité de la station afin de garder un oeil sur les gravures et éviter au moins de nouveaux actes de vandalisme. Mais le plus difficile dans cette démarche reste la sensibilisation des Taghitis à la valeur et la fragilité de ce site.
L’établissement d’un périmètre de sauvegarde ou d’un parc culturel géré par de jeunes guides touristiques est le souhait émis par la population locale, la daïra de Taghit et même la direction de la culture de la wilaya de Béchar qui a déjà effectué les études de faisabilité d’un dispositif pourtant simple et déjà existant dans d’autres régions du pays.
Ayant survécu à l’érosion et aux écarts de températures, ce musée de plein air et de près de 7.000 ans d’histoire de l’art a subi plus de dégradation en cinquante ans de "tourisme" qu’en 7 siècles d’existence.