Le Midi Libre - entretien - Quand des ivrognes veillent sur la moralité…
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Edition du 26 Avril 2012



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Violation de domicile
Quand des ivrognes veillent sur la moralité…
26 Avril 2012

Il était près d’une heure du matin lorsque Naïma, une divorcée d’une trentaine d’années, habitant seule dans un bidonville à Douaouda, entendit quelqu’un frapper à la porte de sa baraque avec force, comme s’il voulait la défoncer. Tremblant comme un feuille morte, elle s’avança vers la porte, demanda à savoir qui était là et elle entendit quelqu’un lui dire : «Nous sommes venus te punir, fille du Diable ! Fille du pêché ! Cela fait des mois que tu salis la réputation de ces lieux ! Tu nous as apporté la honte et la poisse ! Cela n’a que trop duré. Nous allons nettoyer tout cela !»
Naima eut peur et se mit à crier de toutes ses forces. Au même moment, un coup plus violent et plus fort que tous les autres s’abattit contre la porte qui tomba. Elle vit alors deux hommes entrer chez elle. L’un tenait un sabre et l’autre un couteau de boucher. La pauvre Naima se voyait déjà morte et baignant dans son sang. Elle hurla de plus belle et toujours de plus en plus fort. Les voisins arrivèrent en courant et se jetèrent sur les deux intrus qu’ils maîtrisèrent et mirent hors d’état de nuire avant qu’ils n’aient eu le temps de faire du mal à leur voisine. Et puis vint la grosse surprise. Les deux pseudo moralisateurs étaient complètement ivres !
Ils furent conduits au poste de police le plus proche. Il y a quelques jours, ils étaient au tribunal de Koléa où ils donnèrent libre cours à leur philosophie et leur vision des choses. L’un d’eux dira notamment pour se défendre : «Tout le monde sait que les femmes divorcées sont habitées par le Diable. Elles ne pensent qu’à ça ! Et nous, nous ne pouvions pas les laisser semer la honte et le vice.» Et son acolyte d’ajouter : «Ce genre de femmes est dangereux pour les foyers des honnêtes gens. Il faut les surveiller de près et les empêcher de faire du mal. C’est ce que nous voulions faire lorsque nous avons frappé à sa porte. Pas plus.»
Tous les voisins de Naïma, hommes et femmes, ont été unanimes à affirmer qu’elle était d’une moralité exemplaire et qu’elle était loin, vraiment loin, de correspondre à la bête immonde à laquelle les deux agresseurs faisaient allusion. Quelque chose ne va pas dans notre société. Ce sont les voyous qui veulent faire respecter la morale maintenant ?
Trois ans de prison ferme ont été requis contre ces deux individus.

Par : K. A

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