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Docteur Nadir Azirou Djamila* au Midi Libre :
«L’OMS recommande d’agir sur les facteurs de risques pour prévenir les cancers»
22 Fevrier 2012

Selon les toutes dernières recherches réalisées par les sociétés savantes et l’Organisation mondiale de la santé, les maladies chroniques non transmissibles, dont le cancer, sont dues à notre mode de vie (alimentation, manque d’exercice physique, consommation de tabac…). La seule manière d’endiguer ce fléau est de corriger notre hygiène de vie par des gestes quotidiens très peu coûteux et qui peuvent préserver notre santé à l’avenir. Plus d’explications avec le docteur Djamila Nadir Azirou.

Midi libre : Comment peut-on expliquer l’augmentation des cas de cancer ces dernières années ?
Docteur Nadir Azirou : Plusieurs études ont été réalisées à l’international, c’est-à-dire dans les sociétés savantes et par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces études ont fait ressortir que c’est finalement le mode de vie que nous avons suivi depuis la naissance jusqu’à l’âge adulte qui est la cause de tous ces cancers foudroyants et les maladies qu’on appelle non transmissibles telles que les maladies cardiovasculaires, cancer, affections respiratoires chroniques, diabète...

Quels sont les résultats de cette étude ?
Au mois de septembre 2011, il y a eu le sommet de l’OMS qui a tenu une réunion de haut niveau pour comprendre les maladies non transmissibles et les facteurs de risques. Des études ont mis en exergue effectivement une relation entre notre mode de vie actuel et l’apparition des cancers. Il y a d’abord la faiblesse de la période d’allaitement maternel, protecteur exclusif contre diverses maladies par rapport au lait industriel trop riche en graisses qui ont une implication dans la modification de la réaction de l’organisme du nouveau-né déjà. Ainsi, les dernières recherches ont prouvé une différence de défense contre la maladie entre les bébés nourris au sein et ceux consommant du lait industriel. Ce sont les toutes dernières recherches qui ont été menées dans le cadre de la relation de ce mode de vie et le cancer.

Ces études réalisées par l’OMS ont-elles indiqué comment lutter contre cette maladie ?
Il y a une dynamique internationale dans le cadre de la lutte contre ces maladies. Parce que si on se base sur des données factuelles, on pourrait agir contre ces maladies par une alimentation équilibrée et une activité physique. Cette hygiène de vie évitera l’obésité. Toutes les études ont fait ressortir que l’obésité est le lit de toutes les maladies chroniques, y compris le cancer. Donc, l’objectif est de veiller à respecter les recommandations de l’OMS pour éviter autant que faire se peut ces pathologies.

Par activité physique, faut-il entendre par là le sport et quel type de sport voulez-vous dire ?
Non, je ne parle pas de sport en particulier mais de tous les exercices physiques que l’individu doit faire pour brûler quelques calories et maintenir ainsi un équilibre. Cette année justement, l’OMS a choisi le terme «L’activité physique réduit les risque de cancer». Depuis toujours, les études se sont penchées sur la thérapeutique. Mais lorsqu’on a un malade cancéreux, c’est toute la société qui souffre avec le malade. Aussi, il y a lieu d’avoir des réflexes de prévention. Donc, l’alimentation et l’activité physique sont des facteurs sur lesquels il faut agir pour réduire l’incidence des cancers. Dans le cadre de cette prévention lorsqu’on agit sur ces facteurs de risques, on ne réduit pas seulement le cancer mais plusieurs maladies non transmissibles : les maladies cardio-vasculaires, le diabète, les maladies respiratoires… Par conséquent, agir sur un ensemble de facteurs de risques peut réduire un ensemble de maladies. C’est ce qu’on appelle une approche intégrée

Que voulez-vous dire exactement par «une approche intégrée» ?
Cela veut dire qu’on intègre un ensemble d’actions sur les facteurs de risques et à cela il faut aussi intégrer l’individu dans la responsabilité comportemental vis-à-vis de sa santé.
En tout état de cause, faire participer le plus grand nombre de gens possible au sein de la société dans un souci préventif. Ainsi, sensibiliser d’autres secteurs d’activités que la santé car celle-ci n’est là que pour soigner les malades. Le secteur du commerce, de la jeunesse et des sports, de l’agriculture ont d’ailleurs organisé un séminaire sur la sécurité alimentaire. Cependant, il y a lieu d’ajouter à l’approche quantitative une dimension qualitative., C’est-à-dire adjoindre des considérations de pratiques nutritionnelles. Donc, on voit bien que l’approche est globale et ce sont tous les pouvoirs publics qui doivent s’impliquer et faire en sorte de préserver la santé de l’individu. C’est ce message-là qu’on doit faire passer et c’est pour ça que dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le cancer on a voulu que toute la société soit représentée.
Donc, agissons ensemble pour réduire le cancer, c’est cela l’objectif que nous voulons atteindre. Il y a aussi un autre facteur qu’il ne faut pas oublier, c’est la consommation de tabac. Ainsi, la lutte anti-tabac est indispensable. Je pense que si on arrive à mettre en avant tous les textes réglementaires et des textes d’applications pour agir contre ce fléau ce sera une bonne chose de réalisé.
En conséquence, si on arrive à maîtriser l’ensemble de ces facteurs je pense que la partie est gagnée quelque part.

Et que pensez-vous du dépistage précoce du cancer, comme par exemple celui du sein et du col utérin ?
Le dépistage se situe à un deuxième niveau, pourquoi ? Car là on va chercher la maladie mais nous notre objectif est de faire en sorte qu’il n’y ait pas la maladie. Certes, le dépistage a sa place dans la prise en charge. Mais dans le cadre du plan de la lutte contre le cancer, il faut d’abord qu’il y ait ces priorités. Et puis quel cancer faut-il dépister ?
Cela demande beaucoup de moyens humains et matériels. Lorsqu’ on fait cette politique de dépistage cela veut dire qu’on induit un besoin de soins qui doit être accompagné de l’existence de toutes les structures qui doivent répondre à tous ces besoins. Donc, allons-y d’abord dans cette politique de prévention primaire.

Faut-il introduire ces recommandations de l’OMS dans les écoles ?
Justement, il y a tout un programme conçu et qui rentre dans l’éducation des enfants et cela va s’inscrire dans le plan de la lutte contre le cancer. Y aura tout un plan de communication, de sensibilisation contre ces facteurs de risque qui font partie de notre quotidien.

Pour cela, avez-vous un message à transmettre ?
Je voudrai dire aux mamans que le plat que vous préparez à vos enfants peut avoir un impact sur sa santé. Habituez vos enfants à manger des fruits et des légumes bio. N’achetez pas des jus avec des additifs qui ne sont pas des jus naturelles mais préparez-les à la maison. Prenez le temps d’aller vers ce naturel qui est protecteur de notre santé. Je voudrai aussi dire que la santé de l’enfant commence dès sa conception, donc les mamans doivent prendre tous les moyens pour que cette grossesse se déroule dans de bonnes conditions.
Faire en sorte aussi que la maman se prépare à allaiter exclusivement son enfant jusqu’à l’âge de 6 mois. C’est là le démarrage du capital santé de la nouvelle génération. Préservons le mode naturel d’alimentation ; cette culture culinaire doit éviter l’achat de plats préparés. Lorsque l’OMS recommande 5 fruits et légumes par jour ce n’est pas dans la quantité mais il faut que ça soit varié et que ça soit riche en fibres.
A cet égard, il y a une instruction qui a déjà été émise à l’ensemble des 48 wilayas pour sensibiliser la population. Eviter le cancer, c’est mieux que de le traiter ; c’est moins cher, et c’est à la portée de tout le monde.


*Docteur Nadir Azirou Djamila Chargé du Programme national de lutte intégrée contre les maladies chroniques non transmissibles

Par : Ourida Ait Ali

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