L’historien Benjamin Stora reste, sans aucun doute, le chercheur et l’écrivain le plus prolixe de tous ceux qui se passionnent pour la Guerre d’Algérie, sur son histoire et les événements l’ayant marqué. Avec la parution, le 1er mars prochain, aux éditions le Seuil de «la Guerre d’Algérie expliqué à tous».
La Guerre d’Algérie (1954-1962) fut le grand épisode traumatique de l’histoire de la France des Trente Glorieuses.
Et les blessures ouvertes alors ne sont pas encore refermées, comme en témoignent les polémiques mémorielles récurrentes qu’elle continue de soulever. L’historien Benjamin Stora raconte ici cette guerre longtemps restée « sans nom », ses épisodes majeurs (des massacres de Sétif à la politique de terreur de l’OAS, en passant par le putsch des généraux et la répression en métropole) et ses acteurs principaux, français comme algériens.
Il restitue cette histoire dans toute sa complexité en rendant compte des acquis et débats de la recherche historique la plus récente, par exemple en racontant comment la guerre fut vécue du côté algérien. Enfin, il revient sur les séquelles politiques et mémorielles de cette guerre de huit ans des deux côtés de la Méditerranée.
Né le 2 décembre 1950 à Constantine en Algérie, Benjamin Stora est professeur des universités. Il enseigne l’histoire du Maghreb contemporain (XIXe et XXe siècles), les guerres de décolonisations, et l’histoire de l’immigration maghrébine en Europe, à l’Université Paris 13 et à l’Inalco (Langues orientales, Paris). Docteur en sociologie (1978), et docteur d’Etat en histoire (1991), il a été le fondateur et le responsable scientifique de l’Institut Maghreb-Europe. Membre de l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO), il poursuit en 1995 et 1996 des recherches au Vietnam. Il vit alors à Hanoi, pour une étude portant sur Les imaginaires de guerres Algérie-Vietnam. Puis, il a été professeur invité à l’université de New York (NYU, 1998), et chercheur trois années à Rabat, au Maroc (1998-2001) pour une recherche sur les nationalismes marocain et algérien (publié sous le titre : Maroc, Algérie, histoires parallèles, destins croisés, Ed Maison neuve et Larose, 2002). Il a été professeur invité à l’université de Berlin, Freï universität, en 2011. Il a publié une trentaine d’ouvrages, dont les plus connus sont une biographie de Messali Hadj (réédition Hachette Littérature-poche, 2004) ; La gangrène et l’oubli, la mémoire de la Guerre d’Algérie (La Découverte, 1991) ; Appelés en guerre d’Algérie (Gallimard, 1997) ; Algérie, la guerre invisible, Ed Presses de Sciences Po (2000). Il a dirigé avec Mohammed Harbi l’ouvrage collectif, La guerre d’Algérie, aux éditions Robert Laffont (en poche, Hachette Littérature, 2006).
Dans le domaine des images, Benjamin Stora a été le conseiller historique du film Indochine, Oscar du meilleur film étranger (1993), le commissaire des expositions La France en guerre d’Algérie (Musée des Invalides, 1992), puis à l’hôtel de Sully en 2004. Il est l’auteur du documentaire Les années algériennes (quatre fois une heure) diffusé en 1991 sur France 2. Puis, avec Jean-Michel Meurice, il a réalisé le documentaire Eté 62 en Algérie, l’indépendance aux deux visages diffusé le 7 juillet 2002 sur France 5. Il est le conseiller historique, en 2010, du film Le Premier homme, adaptation au cinéma du roman d’Albert Camus, par le cinéaste italien Gianni Amelio. Il est également le conseiller historique du film Les hommes libres du réalisateur Ismaël Ferroukhi (2010).
Il a été producteur et animateur à France culture. En 2006, Benjamin Stora publie Les Trois exils. Juifs d’Algérie, nommé pour le Prix Renaudot Essais. En 2007, il co-dirige avec Emile Temime un ouvrage sur l’histoire des immigrations en France, Immigrances, et publie un essai sur son parcours intellectuel, Les guerres sans fin. Un historien, la France et l’Algérie, Ed Stock, 2008. En 2009, son livre Le Mystère de Gaulle, son projet pour l’Algérie (Ed Robert Laffont) rencontre un grand écho dans la critique française et algérienne. Son ouvrage, Lettres et carnets de Français et d’Algériens a obtenu le grand Prix des lectrices de ELLE en 2011.
Benjamin Stora est membre du Jury du Prix livre d’Histoire décerné par le Sénat. Il est président du Conseil scientifique du pôle Maghreb des Centres français de recherches à l’étranger (CNRS, ministère des Affaires étrangères). Ses ouvrages et articles sont traduits en plusieurs langues étrangères (anglais, arabe, espagnol, allemand, russe, vietnamien).