Le Midi Libre - entretien - De la médecine arabe à la médecine moderne
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Edition du 8 Fevrier 2012



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Note de lecture autour de l’ouvrage de Mahmoud Aroua
De la médecine arabe à la médecine moderne
8 Fevrier 2012

Le livre du Docteur Aroua vaut le détour de par les riches enseignements que ce spécialiste en anesthésie donne. C’est une agréable rétrospective bien que le sujet en soit la douleur. Il est préfacé par le Professeur Saïd Chibane*, qui a mis en exergue le travail accompli de l’auteur à travers ses recherches et qui a permis un ouvrage bien documenté.

L’auteur retrace le souci qu’a toujours eu l’homme de soulager sa douleur et celle de son prochain, de l’Antiquité jusqu’à nos jours. Pour ce faire, Mahmoud Aroua s’appesantira sur la civilisation musulmane en tant que lien des origines gréco-romaines voire chinoises avec la civilisation actuelle dans la pratique médicale, en l’occurrence le traitement de la douleur. Ce passage de témoin est étudié avec maestria, permettant aux lecteurs une compréhension aisée d’un thème ardu.
Le praticien introduit son ouvrage par une approche chronologique des médecins de l’islam.
La première période, qui s’étend du VIIe siècle au Xe siècle, c’est l’apprentissage et le recueil des œuvres antérieures.
La 2e période du XIe au XIIe siècle c’est l’apogée de la médecine arabo-musulmane avec les grands noms que sont Ibn Sina (Avicenne) et Ibn Rochde (Averroès) ; c’est-à-dire de la Perse à l’Andalousie.
Le 3e temps qui va jusqu’au XVIIIe siècle, c’est l’époque à laquelle appartient, notamment, le célèbre médecin berbère Ibn Hamadouche El-Jazairi.
A cette chronologie correspondent les recherches et les pratiques médicales de lutte contre la douleur, notamment.
Ainsi, dans le chapitre 1er du livre de Mahmoud Aroua, la douleur est présentée sous un angle anatomo-physiologique et ce, à travers les écrits d’El Ghazi, Ibn Sina et Ibn Rochd par lesquels on essaye de comprendre le phénomène de la douleur. Le chapitre 2 est consacré au traitement de la douleur. Ainsi, par exemple, El Ghazi donne les conduites à suivre pour soulager les céphalées ; Ibn Sina propose des remèdes pour des accouchements dystociques et notre compatriote Ibn Hamadouche au XVIIIe siècle décrit, entre autres, les remèdes importés du Nouveau Monde tels que les bienfaits du quinquina pour calmer les fièvres provoquées par le paludisme. La conclusion de l’ouvrage est un pro-domo pour la relance de la recherche en pays musulmans par une mise à jour d’abord pour retrouver un âge d’or ensuite.
Enfin, l’ouvrage vaut également par ses annexes bibliographiques fort passionnantes ainsi que son lexique arabe- français des termes médicaux. Merveilleux ouvrage à découvrir et à lire absolument.
Nous ne pouvons résister à l’envie, quant à nous, de terminer ces quelques commentaires par les célèbres vers d’Alfred de Musset :
«L’homme est un apprenti la douleur est son maître,
Et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert
C’est une dure loi mais une loi Suprême
Vieille comme le monde et la fatalité,
Qu’il nous faut du malheur recevoir le baptême
Et qu’à ce triste prix tout être acheté….»
La nuit d’octobre
Et cet autre poème de Baudelaire tout aussi magnifique :
«Soit sage ô ma douleur, et
Tient toi plus tranquille
Tu réclamais le soir, il descend le voici
Une atmosphère obscure enveloppe la ville
Aux uns portant la paix aux autres le souci…»
Les Fleurs du Mal. ( 1857)


Professeur *Said Chibane,
Professeur d’ophtalmologie, ancien chef de service au CHU Mustapha Pacha d’Alger. Membre fondateur et premier Président de la Société algérienne d’histoire de la médecine.

Par : Ourida Ait Ali

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