Une crèche est un lieu d’accueil collectif destiné aux enfants pré-scolaires, dès l’âge de 3 mois. La crèche a pour rôle de pallier au mieux l’absence des parents, mais sans s’y substituer. Il s’agit également d’un lieu permettant à l’enfant de découvrir la vie en collectivité et dont l’équipe d’encadrement et d’animation s’appuie sur un projet éducatif. Fatiha Ben mouffok nous apporte quelques conseils dans cet entretien qu’elle nous a accordé.
Midi Libre : Quel est l’âge idéal pour le placement des enfants en crèches ?
Fatiha Ben Mouffok : Dans beaucoup de cas, les parents placent leurs enfants dans une crèche ou garderie par cause de disponibilité. Nous pensons qu’il n’y a pas d’âge idéal fixe pour l’enfant ; le plus important est de pouvoir préparer convenablement la séparation avec l’enfant.
Beaucoup de parents restent trop près de leurs enfants, et il arrive que la rentrée en crèche, qui peut être la première séparation avec le milieu familial, soit vécue sur une tonalité traumatique par l’enfant.
Comment peut-on savoir que tel ou tel milieu est adapté à nos enfants ?
L’enfant en intégrant la crèche doit y trouver un milieu non seulement confortable, rassurant et contenant, à l’image du milieu familial (surtout quand l’insertion se fait à un âge précoce), mais il doit aussi y avoir un réel équilibre entre autorité et bienveillance, "un environnement suffisamment bon" qui lui permettrait de vivre de nouvelles expériences et de les affronter pour pouvoir renforcer ses capacités personnelles.
Quel est le nombre idéal de puéricultrices par enfants ?
En ce qui concerne le nombre d’éducatrices, nous pensons que l’essentiel est que la personne responsable puisse gérer et accorder un peu de temps à chaque enfant, qu’il s’agisse des apprentissages ou de discipline.
Une attention particulière est intéressante pour les enfants, surtout lorsque ceux-ci présentent des troubles du comportement, des retards de langage ou des difficultés relationnelles, car les aspects d’autorité et le cadre qui peuvent se retrouver dans des crèches ou des classes préscolaires peuvent aider à contenir l’enfant et réguler ses difficultés. Cependant, il arrive que les crèches reçoivent des enfants avec certaines difficultés du comportement ou déficiences intellectuelles qui demandent un peu plus d’investissement de la part du personnel. A ce moment, on pourrait penser à renforcer le personnel pour mieux aider l’enfant et gérer la classe.
Quels sont les enjeux de ces placements ou de ces défaillances dans nos crèches sur l’avenir de l’enfant ?
Très souvent, psychologues et orthophonistes conseillent une intégration précoce de certains enfants avec des difficultés relationnelles et intellectuelles dans des crèches, lieux favorables pour la stimulation et l’adaptation sociales et relationnelles, en rencontrant les groupes de pairs, en devant se plier à l’autorité, respecter le cadre... et ceci afin de permettre un meilleur développement psycho-affectif. Mais malheureusement, il est très rare que les crèches reçoivent ces enfants ou les acceptent, c’est pour cela que nous pensons qu’il serait possible de réfléchir à des aménagements afin de permettre l’intégration de ces enfants dans ce genre d’institution, premier pas et premier lieu qui leur permettra une "meilleure" insertion sociale par la suite et une préparation pour la scolarisation, même si cette scolarisation va se faire en milieu spécialisé. L’objectif ici n’étant pas tellement le nombre et la quantité des apprentissages mais leur qualité et leur efficacité à réguler le comportement et l’adaptation de l’enfant.
Le châtiment corporel et les punitions existent, malheureusement, encore dans nos crèches ; qu’en pensez-vous ?
Lorsqu’on parle de cadre et d’autorité, il ne faut pas penser aux punitions extrêmes, tels les châtiments corporels excessifs, mais il est important d’instaurer les limites et d’imposer l’autorité.
Croyez-vous qu’il devrait y avoir un pédiatre attaché à ces crèches ou un suivi psychologique des enfants ?
Oui, il serait intéressant d’avoir des spécialistes de différentes disciplines dans les crèches, ne serait-ce que pour repérer d’éventuelles difficultés. Par exemple, avoir un psychologue permet de repérer les enfants à difficultés précocement et de ce fait les aider et mieux les orienter et les prendre en charge.